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Kosovo: La Suisse réitère ses bons offices

Micheline Calmy-Rey lors de sa rencontre en août avec le président du Kosovo Ibrahim Rugowa. Keystone

Alors que l'émissaire de l'ONU arrive au Kosovo pour discuter de l'avenir de la province, la Suisse se déclare prête à poursuivre son rôle d'intermédiaire.

Les autorités helvétiques rappellent que le processus risque d’être très complexe. Tout en soulignant que la recherche d’un compromis est essentiel pour toutes les parties concernées.

L’émissaire des Nations unies Martti Ahtisaari entame lundi une mission visant à négocier une solution durable pour le futur de la province du Kosovo.

Depuis les bombardements de l’OTAN en 1999, le Kosovo est administré par l’ONU. Aujourd’hui, la question est de savoir si la province doit devenir indépendante ou si elle doit rester liée à la Serbie-Monténégro, entité qui a remplacé l’ex-République fédérale de Yougoslavie.

Pristina souhaite l’indépendance, alors que Belgrade y est bien entendu catégoriquement opposée. Jusqu’ici, les négociations autour du statut du Kosovo ont été reportées à plusieurs reprises.

Une indépendance formelle

En mai dernier, le gouvernement suisse avait fait connaître officiellement sa position lors d’un débat au Conseil de sécurité de l’ONU, à New York. Berne s’était alors prononcée pour une indépendance formelle du Kosovo.

L’intervention de l’ambassadeur helvétique auprès de l’ONU, Peter Maurer, avait suscité la controverse dans les cercles diplomatiques. Et le mois suivant, la ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey avait reçu un accueil mitigé lors de sa visite officielle en Serbie.

Ne se laissant pas perturber par la crise diplomatique opposant Berne et Belgrade, Micheline Calmy-Rey avait profité, peu après, d’un voyage au Kosovo pour réaffirmer la position de la Suisse et tenter de rallier la communauté internationale à l’idée d’une indépendance formelle.

La solution la plus réaliste

Depuis, la position du gouvernement helvétique n’a pas changé, précise à swissinfo le diplomate Jean-Jacques de Dardel.

«A nos yeux, maintenir le statu quo plus longtemps mettrait en péril la paix et la stabilité non seulement de la province, mais aussi des pays voisins».

«Dans ces circonstances, la solution la plus réaliste serait d’envisager, à long terme, une indépendance formelle du Kosovo», ajoute le chef de la Division politique I du ministère suisse des Affaires étrangères (DFAE).

Un compromis indispensable

Le diplomate précise toutefois que toute décision sur le statut du Kosovo devra obligatoirement être «négociée et acceptée par toutes les parties concernées» et qu’un «compromis est essentiel».

Il rejette également les critiques selon lesquelles la Suisse jouerait avec le feu en prenant position pour une indépendance formelle avant même le début des négociations sur l’avenir de la province.

«Notre rôle dans la région, où nous avons investi des centaines de millions de dollars pour la paix et la stabilité, ainsi que les relations étroites qui lient la Suisse et le Kosovo justifient que nous adoptions notre propre prise de position.»

Jean-Jacques de Dardel rappelle encore que la Suisse a joué un rôle important en tant qu’intermédiaire entre Pristina et Belgrade. Et qu’elle est prête à continuer, d’entente avec les parties concernées.

De longues négociations

Les négociations pourraient durer un an et les observateurs s’accordent à dire, à l’instar d’André Liebich, professeur à l’Institut des Hautes études internationales de Genève, «qu’elles vont mener à une forme d’indépendance du Kosovo».

Officiellement, aucune date limite n’a été impartie à l’émissaire des Nations unies Martti Ahtisaari. Mais depuis l’été, une intensification des fusillades et des attentats mineurs contre l’ONU et la minorité serbe a introduit un élément d’urgence dans les préparatifs diplomatiques.

Peu avant l’arrivée de Martti Ahtisaari sur place, un groupe militant extrémiste d’Albanais du Kosovo a d’ailleurs menacé d’attaquer la capitale de la province, où se tiennent les négociations.

swissinfo, Ramsey Zarifeh
(Traduction et adaptation de l’anglais: Alexandra Richard)

Docteur en sciences politiques, Jean-Jacques de Dardel travaille pour le ministère suisse des affaires étrangères (DFAE) depuis 1981.
Depuis 2004, il est chef de la Division politique I du DFAE.

– En 1999, l’OTAN a mené des frappes aériennes (78 jours) pour mettre fin à la répression serbe contre la population de souche albanaise de la province du Kosovo, dans le sud de la Serbie.

– Depuis, le Kosovo est administré par l’Organisation des Nations unies, qui applique sur place les standards démocratiques.

– Jusqu’ici, les négociations autour du statut de cette province intégrée à la Serbie-Monténégro ont sans cesse été reportées.

– Pristina souhaite l’indépendance du Kosovo, Belgrade y est catégoriquement opposée.

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