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Kyoto déçoit les défenseurs de l’eau

1,4 milliard de personnes sont privées d'eau douce. Keystone Archive

Le 3e Forum mondial de l'eau s'est achevé dimanche sur bilan plutôt maigre. La Suisse regrette notamment l'absence d'objectifs concrets.

Les ministres réunis à Kyoto ont refusé d’accorder à l’eau le statut de «droit de l’Homme».

La déclaration adoptée dimanche par les ministres de 96 pays, affirme que tout doit être fait pour préserver et contrôler l’approvisionnement en eau de la planète. En revanche, elle annonce très peu de projets concrets pour y parvenir.

A titre d’exemple, le texte dit qu’il faut réduire de moitié le nombre de personnes sans eau potable d’ici 2015. Mais il n’indique pas les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir.

«Droit de l’homme»


En outre, les représentants de 96 pays présents à Kyoto, n’ont pas voulu qualifier l’eau de «droit de l’Homme», comme l’avaient demandé en particulier les ONG.

Philippe Roch, chef de la délégation suisse a Kyoto, a notamment qualifié d’«incompréhensibles» les blocages sur ce point.

Beaucoup de délégations ont également critiqué le texte, notamment parce qu’il ne met pas en cause la responsabilité des pays les plus riches dans les changements climatiques.

Sur ce point, la déclaration s’est en effet contentée d’encourager la recherche pour prévoir les effets du réchauffement de la planète.

Plusieurs délégations se sont certes réjouies que la déclaration appelle à mobiliser toutes les ressources publiques ou privées, nationales ou internationales, et à décentraliser au niveau local les pouvoirs sur les infrastructures de l’eau.

Beaucoup ont toutefois regretté le manque d’engagements financiers fermes en la matière.

Bilan suisse

La Suisse s’est pour sa part félicitée d’avoir réussi à intégrer dans le document final la nécessité de protéger les écosystèmes pour garantir un accès à l’eau à tous.

La délégation helvétique a insisté pour qu’une priorité soit données à la protection des forêts, des sols et des zones humides qui captent, filtrent, stockent et redistribuent une eau de qualité.

Autre proposition helvétique, le principe de la responsabilité civile des entreprises coupables d’avoir pollué des cours d’eau transfrontaliers, ne figure en revanche pas dans la déclaration.

ONG suisses déçues

La déception était en revanche perceptible chez les ONG suisses, qui ont regretté en particulier la trop grande place réservée à la question de la privatisation de l’eau, option qu’elles rejettent.

Madeleine Bolliger, de la Communauté de travail des oeuvres d’entraide suisses, s’est inquiétée du fait que même la DDC (Direction du développement et de la coopération) commence à intégrer cette notion de privatisation.

Pour Mme Bolliger, les multinationales n’investiront jamais dans les régions rurales des pays pauvres, où les problèmes d’approvisionnement en eau sont les plus aigus.

Sur ce point, M. Roch a estimé que des partenariats privé/public sont incontournables car les Etats n’ont le plus souvent pas les moyens financiers de gérer des réseaux d’eau performants.

Les pouvoirs publics doivent toutefois s’assurer, au moment d’accorder des concessions, que les investisseurs privés assurent un accès à l’eau à des prix abordables partout, en ville comme à la campagne.

swissinfo et les agences

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