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L’économie suisse espère une stabilisation en Côte d’Ivoire

A Abidjan, des partisans de Laurent Gbagbo crient victoire devant une affiche du leader socialiste. Keystone

Sous la pression de la rue, le général Gueï s'est enfuit mercredi de Côte d'Ivoire. Son adversaire Laurent Gbagbo s'est à nouveau proclamé vainqueur des élections de dimanche. La communauté internationale, dont la Suisse, espère un retour à la démocratie.

Comme à Belgrade il y a quelques semaines, la pression de la foule et la passivité des forces armées ont eu raison du général Gueï. En effet les sympathisants de l’opposant Laurent Gbagbo, qui affirmait avoir remporté les élections de dimanche, n’avaient peur de rien. Ils ont de nouveau affronté jeudi, rameaux à la main, des militaires armés jusqu’aux dents, avançant lentement mais sûrement vers les points stratégiques, la télévision ou la présidence.

Et si mercredi les échauffourées ont tourné à la violence, le lendemain nombre de soldats ont fraternisé avec les manifestants. Dans le même temps, des membres de la junte ont démissionné les uns après les autres.

Une armée divisée, une gendarmerie appelée à la rescousse qui a refusé de soutenir le régime, le coup de force électoral du chef de la junte n’avait en fait pas beaucoup de chance de succès. De plus, des négociations en coulisse ont aidé parallèlement à dénouer la crise. Les diplomates étrangers, notamment français, ont ainsi poussé le général Gueï à capituler.·

Cette issue pour l’heure pacifique a de quoi rassurer les Ivoiriens et les 50 000 ressortissants étrangers vivants dans le pays. Pour parer à toute éventualité, l’ambassade suisse à Abidjan avait ainsi activé au début du mois un dispositif de sécurité pour les quelque 300 Helvètes basés en Côte d’Ivoire.

Si la situation devait tout de même s’aggraver ces prochains jours, la France assurerait les opérations d’évacuation des citoyens suisses. Car le départ du général Gueï n’a pas définitivement résolu la crise qu’il avait déclenchée par un coup d’Etat le 24 décembre dernier.
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En premier lieu, Robert Gueï a fait savoir qu’il souhaitait la reprise du processus de proclamation des résultats du premier tour de l’élection présidentielle par la Commission nationale électorale. De son coté, Laurent Gbagbo s’est à nouveau proclamé vainqueur des élections de dimanche. Mais l’ancien Premier ministre ivoirien Alassane Ouattara, dont la candidature avait été invalidée par la Cour suprême, a qualifié mercredi d’illégitime ces élections. Il a donc réclamé un nouveau scrutin.·

La stabilité politique est pourtant attendue avec impatiente, entre autres par les entreprises suisses présentes sur place, comme Nestlé, ABB ou Novartis. Selon Rudolf Kummer, du secrétariat à l’économie, seul un gouvernement légitime promulguant des règles transparentes permettra une reprise des investissements et des échanges commerciaux.

Avec la crise économique et le coup d’Etat qui ont frappé la Côte d’Ivoire, les exportations suisses vers la plaque tournante de l’Afrique de l’Ouest ont brutalement chuté. Elles se montaient à 84 millions de francs en 1998, pour passer à 140 millions l’année suivante (grâce à une commande exceptionnelle de véhicules de 103 millions de francs), alors que pour les huit premiers mois de cette année, elles ne se montaient qu’à 16 millions de francs.

En outre, l’ambitieux programme de désendettement lancé par la coopération suisse en 1994 a été gelé depuis le coup d’Etat de Noël dernier. Ce programme permet d’alimenter le Fonds ivoiro-suisse de développement économique et social (FISDES). Ce fond géré par des Suisses et des Ivoiriens finance une série de projets, essentiellement dans le domaine agricole.·

Frédéric Burnand avec Caroline Dumay à Abidjan

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