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L’écriture sur l’Internet au centre des Journées de Soleure

Beat Christen, l’écrivain romand récompensé. Journées littéraires de Soleure

Pour la 23e édition des Journées littéraires de Soleure, l'accent est mis, ce week-end, sur les nouveaux supports technologiques propres à l'écriture.

«Ce n’est pas encore la majorité des écrivains, explique d’entrée Arnold Lüthi, membre du Comité directeur des Journées littéraires de Soleure, mais une minorité grandissante qui oeuvre dorénavant sur le réseau de l’Internet».

En Allemagne, depuis 1995 déjà, beaucoup de surfeurs s’adonnent à l’interactivité de l’écriture sur l’Internet. Une première personne compose un paragraphe, une deuxième le réceptionne et emboîte le pas en poursuivant le texte. Et ainsi de suite.

Mais les problèmes à l’ordre du jour que soulève l’écriture ayant pour supports les nouvelles technologies sont manifestement la gestion des droits d’auteurs (copyright) et les moyens d’identifier et donc de rémunérer la part qui revient à chaque écrivain sur le web.

N’empêche, l’écriture sur la toile est en train de raccourcir considérablement le chemin qui sépare l’auteur de son lecteur. Au travers des nouvelles technologies, plus besoin pour l’auteur de faire appel à un éditeur et à un distributeur.

Reste que, pour l’heure, il n’y a pas encore de véritable réglementation juridique. Raison pour laquelle, la question est vivement débattue à Soleure. Avec notamment le spécialiste pour la Suisse: Werner Stauffacher, membre du Comité de direction de Pro-Litteris (société qui s’occupe des droits de publication en Suisse, en matière de nouvelles technologies).

Dans ce domaine, les Allemands sont en avance sur les Suisses. C’est pourquoi, beaucoup de lettrés d’outre-Rhin sont présents à Soleure, afin d’éclairer et de faire avancer le débat de l’écriture sur l’Internet en Suisse.

«Ce ne signifie pas pour autant que le livre va disparaître», contrebalance Arnold Lüthi. «La preuve: l’écrivain en herbe qui a réussi à se distinguer sur la toile se fait ensuite éditer, dans la majeure partie des cas, de la manière la plus traditionnelle».

A ce propos, Arnold Lüthi a remarqué que les écrivains qui avaient recours à la toile pouvaient avoir 18 ou 96 ans. Mais il relève aussitôt que les jeunes éprouvent beaucoup plus de facilité que les «plumitifs» de plus de 35 ans. Pour preuve, le nombre de demandes explicatives de ces derniers, au cours de ces derniers mois.

En effet, pas moins de 180 textes sont parvenus pour la 23e édition des Journées littéraires de Soleure, à l’enseigne de «l’Offener Block», cet espace offert sur la toile aux écrivains débutants, auteurs d’un texte inédit.

Parmi les quatre participants romands, un seul a été primé par le jury des Journées littéraires de Soleure: Beat Christen, 35 ans, de Pully, professeur au lycée de Renens. L’heureux élu est invité à présenter son texte devant un parterre littéraire de 800 personnes.

Samedi est, en effet, la journée littéraire réservée aux auteurs de langue française. Principaux invités: Marie-Claire Dewarrat, Marie Gaulis, Monique Tornay, Charles Juliet, Sylviane Châtelain et Luc Benoziglio, de loin le plus intéressant aux yeux d’Arnold Lüthi.

«Etonnamment, le public romand ne se rend pas facilement aux Journées littéraires de Soleure, relève Arnold Lüthi. Mais les Romands qui y participent ne le regrettent pas».

Reste que, pour l’ensemble des aspirants à l’écriture professionnelle, le drame demeure le même: «Sur mille manuscrits envoyés chez les éditeurs allemands ou suisses allemands, seuls deux d’entre eux seront publiés, souligne Arnold Lüthi. Et, de surcroît, sans gage de succès. Même avec une promotion assurée par l’éditeur».

Toujours est-il «qu’une personne qui veut vraiment réussir à vivre de ses œuvres littéraires est obligée de taper aux portes des grands éditeurs allemands, à Munich, Berlin, Hambourg ou Francfort», convient M. Lüthi. Ne serait-ce qu’à cause de l’étroitesse du marché helvétique.

A fortiori, plus aigu est le problème des écrivains romands. La Suisse francophone ne compte qu’un million et demi d’habitants. Leur problème pour trouver un éditeur est donc doublement accentué par une France des arts et belles lettres exclusivement centralisée sur Paris.

Emmanuel Manzi

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