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L’économie ne veut pas d’une adhésion à l’UE

L'économie suisse est favorable à la signature d'autres accords bilatéraux avec l'UE. Keystone

Pour la Fédération des entreprises suisses, la voie bilatérale suivie jusqu'ici par Berne satisfait en grande partie les besoins de l'économie.

economiesuisse estime qu’une adhésion à l’Union européenne (UE) serait globalement problématique, notamment du point de vue fiscal, financier et monétaire.

«Notre économie dépend d’un accès optimal à ses principaux marchés», rappelle Ueli Forster. Le président d’economiesuisse s’est exprimé, mardi à Berne, lors de la présentation du rapport sur la politique européenne de la Suisse.

L’occasion pour lui d’exprimer l’analyse d’economiesuisse. Et cela dans la perspective de l’état des lieux de la politique européenne que doit présenter le Conseil fédéral (gouvernement) d’ici l’été prochain.

Pour lui, il est important «d’éviter les discriminations et de disposer de règles commerciales fiables.

«La politique économique extérieure suisse a le devoir de s’engager pour ces conditions-cadre. Il s’agit toujours de garantir la compétitivité de la place économique suisse et donc de garantir le bien-être et les emplois», ajoute Ueli Forster.

Gregor Kündig, porte-parole d’economiesuisse, a précisé à swissinfo que les entreprises helvétiques ont une vision plus globale que celles des pays voisins.

«Lorsque je travaillais pour une société suisse avec une filiale en Allemagne, j’ai remarqué que les Suisses regardaient vers le monde entier tandis que les Allemands se concentraient sur l’Europe», a-t-il expliqué.

Besoins satisfaits

Dans sa prise de position, economiesuisse précise que la voie bilatérale suivie jusqu’ici par la Suisse a satisfait les besoins de l’économie, et que nombre des accords passés avec l’UE sont bons.

La Fédération des entreprises suisses se félicite des votes positifs de l’année dernière, qui ont vu les citoyens suisses accepter les accords de Schengen et de Dublin ainsi que l’extension de la libre circulation des personnes aux nouveaux membres de l’UE.

Pour Ueli Forster, ces votes «garantisent à l’économie suisse un accès largement sans discrimination au marché intérieur européen».

Le président d’economiesuisse rappelle que 60% des exportations de la Suisse vont vers l’UE et que près de 80% de ses importations en proviennent.

L’adhésion n’est pas une option

Le document d’economie suisse passe en revue les différents scénarios d’avenir concernant les relations Suisse-UE.

Ainsi, pour l’organisation, l’adhésion «n’est pas une option». Qu’il s’agisse d’une adhésion «pleine et entière» ou «light», d’une adhésion à l’Espace économique européen (EEE) ou d’une union douanière, aucune de ces options ne satisfait les intérêts de l’économie, a encore souligné Ueli Forster.

Car ce que la Suisse gagnerait en efficience serait perdu en raison de nombreux problèmes institutionnels et de politique économique.

Non seulement l’adhésion déboucherait sur des problèmes politiques quasi insolubles. Mais en plus, elle aurait des effets négatifs sur la politique monétaire nationale, juge l’organisme faîtier des entreprises.

Sur une base pragmatique

Ainsi, l’adhésion obligerait à un profond remaniement de la politique financière et fiscale, à l’issue trop incertaine aux yeux des milieux économiques.

Enfin, le marché suisse du travail – qui fonctionne bien – se verrait imposer des contraintes susceptibles de nuire à l’emploi. La même remarque s’applique à la politique sociale.

En définitive, les milieux économiques plaident fortement en faveur de la voie bilatérale. Même si elle n’est pas facile et, parfois, semée d’embûches, elle a fait ses preuves. Elle offre toute la souplesse nécessaire pour coopérer avec l’UE sur une base pragmatique.

Sur la voie des réformes

En outre, l’économie suisse est de plus en plus globalisée. C’est pourquoi le pays doit mener une politique économique extérieure active avec tous ses partenaires importants.

L’organisation souhaite enfin que la Confédération mise en priorité sur le multilatéralisme dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et sur les accords bilatéraux avec les partenaires d’un certain poids en-dehors de l’UE.

Au plan intérieur enfin, la Suisse doit poursuivre sur la voie des réformes. Car un marché intérieur ouvert accroît la compétitivité, engendre des impulsions de croissance et crée une marge de manoeuvre pour des accords internationaux.

swissinfo et les agences

Exportations suisses vers l’UE plus de 80 milliards de francs par an (60% du volume total).
Importations de l’UE: près de 110 milliards (80% du volume total).
Les entreprises suisses implantées dans l’UE occupent 850’000 personnes.
Près de 60% de la population étrangère en Suisse est originaire de l’UE, soit plus de 900’000 personnes.
60% des expatriés vivent dans les pays de l’UE, soit plus de 380’000 Suisses.

– Les Accords bilatéraux II ont été conclus en 2004 après les Accords bilatéraux I de 1999. Ils continuent la voie bilatérale suivie par la Suisse après le rejet d’une adhésion à l’Espace économique européen en 1992.

– Les accord bilatéraux II concernent: produits agricoles transformés, statistique, retraites, environnement, MEDIA, Schengen/Dublin, lutte contre la fraude, fiscalité de l’épargne, formation.

– À ce jour sont entrés en vigueur les accords sur les produits agricoles transformés, la double imposition des fonctionnaires de l’UE et la fiscalité de l’épargne.

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