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L’état du monde selon Magnum

La chute du mur de Berlin, 1989. James Nachtwey / Magnum

Après Londres, Paris, Berlin et Rome, avant le Japon et les Etats-Unis, c'est le Kunsthaus de Zurich qui accueille une superbe exposition intitulée «Magnum - Essais sur le monde».

Le soldat républicain espagnol, fauché dans son élan par une balle: signé Robert Capa, de Magnum. Che Guevara, le cigare aux lèvres: signé René Burri, de Magnum. Le jeune manifestant narguant les chars gouvernementaux à Pékin: signé Stuart Franklin, de Magnum. Les photos de la célèbre agence balisent le siècle, et ont forgé la perception, sinon la compréhension que nous en avons.

Pourtant, à l’occasion de cet accrochage, réalisé pour commémorer ses 50 ans, Magnum n’a pas joué la carte des photos «de légende». «Nous avons choisi de montrer la production récente des photographes de Magnum, notamment dans la perspective du changement de siècle. L’idée était de montrer l’état du monde un peu à la manière d’une mosaïque, partielle et partiale… c’est-à-dire à la Magnum!», explique Diane Auberger, directrice de Magnum-Europe.

L’exposition «Essais sur le monde», constituée de travaux réalisés par 56 photographes, est divisée en trois sections. La première, «Persistance des rituels» évoque la pérennité de certaines traditions, aussi bien dans la société occidentale que dans des régions plus reculées. La deuxième, «Chronique du chaos», évidemment la plus dramatique, la plus sombre, montre les dysfonctionnements du monde, guerres, émeutes, maladies. Alors que la troisième, «Esthétique du quotidien», colorée souvent, drôle parfois, s’intéresse au décor de notre vie, ou plutôt aux décors de nos vies, du nord au sud, de l’ouest à l’est.

Les trois axes de cette exposition recouvrent donc un très vaste territoire: «L’idée est vraiment de refléter toutes les tendances de la photo documentaire, qui sont toutes présentes à Magnum, certains se considérant comme photo-journalistes, d’autres comme auteurs, d’autres comme artistes. Mais toujours dans le soucis et dans le respect de cette vision humaine qui les différencie de photographes plus conceptuels», explique Diane Auberger.

«Les photographes de Magnum ont une conscience aiguë du monde, et la volonté de le montrer avec leur sensibilité. Une photo n’est pas un document neutre. C’est avant tout la conscience de chaque photographe qui fait l’importance de ses photographies, avant même les faits qu’elle représentent».

Grâce à la somme de ces consciences individuelles, de ces regards subjectifs et partiaux, c’est pourtant bel et bien notre planète qui s’offre à nous dans son ensemble, avec sa richesse immense qui voit se côtoyer le beau, l’atroce et surtout l’absurde.

«Magnum – Essais sur le monde», est à voir au Kunsthaus de Zurich jusqu’au 29 octobre. Un livre, magnifique et volumineux, a été publié à l’occasion de cette exposition. Il regroupe environ 600 images.

Bernard Léchot

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