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L’aérospatiale suisse partage le rêve européen

Le nouveau cargo spatial Jules Verne.

L'Agence spatiale européenne (ESA) a lancé dimanche avec succès le premier vaisseau européen de ravitaillement de la station spatiale internationale (ISS).

Le savoir-faire suisse a joué un rôle important dans cette nouvelle étape de l’Europe de l’espace qui permettra au module ATV Jules Verne d’acheminer des vivres et du matériel scientifique.

L’entreprise suisse Oerlikon Space a développé divers composants de ce véhicule de transfert automatisé (ATV), soit la structure de portage en alliage d’aluminium ultra-résistant, les conteneurs de fret et le système de séparation entre l’ATV et le lanceur, selon son porte-parole Hendrik Thielemann.

Une vingtaine d’ingénieurs et spécialistes de l’entreprise zurichoise ont participé au projet. Jules Verne pèse 20 tonnes et pourrait loger «un bus à impériale» dans ses 10 mètres de longueur, note l’ESA. Il est capable d’emporter 9 tonnes de cargaison, soit trois fois plus que les actuels ravitailleurs russes Progress.

Ce petit bijou technologique a été lancé par une fusée Ariane 5 de l’astroport de Kourou, en Guyane française, pour mettre le cap vers l’Europe et s’élancer au-dessus de l’océan Atlantique.

«Le lancement par Ariane-5 ES marque une étape importante pour l’ESA», s’est félicité le directeur général de l’ESA, Jean-Jacques Dordain. «Avec l’ATV, le véhicule spatial le plus lourd et le plus complexe jamais construit par notre agence, l’Europe devient un partenaire indispensable de l’ISS.»

Une «danse gracieuse».

L’amarrage de l’ATV à un module russe de l’ISS, à 400 kilomètres d’altitude, sera entièrement automatisé, sans intervention humaine. Une manœuvre que John Ellwood, responsable du projet ATV, compare à une «danse gracieuse».

Les instruments de précision sont protégés par un revêtement à base d’aluminium qui les protège comme un casque contre les chocs éventuels, la chaleur ou les débris spatiaux et autres météorites. Oerlikon précise que la mise au point a nécessité cinq ans d’essais.

«La sécurité doit être garantie au maximum pour éviter tout accident, ajoute M. Thielemann, et les tests ont été multipliés.»

Enfin, après six mois passés amarré à la station, le cargo sera bourré de déchets divers, jusqu’à 6 tonnes. Et le tout brûlera lors de la rentrée dans l’espace, à près de 28’000 km/h.

Partenaires suisses

Outre Oerlikon, de nombreuses entreprises suisses ont contribué à l’élaboration de Jules Verne, indique Peter Erni, conseiller scientifique aux Affaires spatiales pour le Secrétariat d’Etat à la recherche (SER).

Il a ajouté que l’industrie spatiale helvétique est relativement modeste par rapport à celle des grands pays européens, mais qu’elle compte des entrepries très pointues dans des domaines spécifiques. C’est ainsi que la Suisse règne sur les technologies des montres atomiques utilisées par tous les programmes spatiaux du monde.

Le Nidwaldien Pilatus Aircraft et le Vaudois APCO Technologies ont obtenu des marchés importants pour l’infrastructure au sol. Mais d’autres entreprises suisses, dont le Lucernois Ruag Aerospace et le Groupe Alu Menziken, ont également participé au développement et à la construction de l’ATV.

Jusqu’ici, la construction et l’exploitation de l’ISS leur ont valu des contrats d’une valeur de près de 89 millions de francs. «Ce type de projet est très intéressant pour l’industrie suisse, non seulement pour des raisons financières, mais aussi pour acquérir un précieux savoir-faire», a ajouté Peter Erni.

swissinfo et les agences

Lors de son décollage de la base de Kourou à 1h03 (5h03 suisse), Ariane 5 a illuminé la nuit avant de disparaître dans les nuages, au-dessus de l’océan Atlantique.

Une heure et six minutes plus tard, le module ATV a été mis sur son orbite provisoire à 260 km d’altitude.

L’ATV doit s’arrimer automatiquement à l’ISS le 3 avril, à 400 km d’altitude. Il va rehausser l’orbite de l’ISS pendant plusieurs mois, avant de se détacher de la station pour aller brûler dans l’atmosphère avec les déchets de la station spatiale.

Ce premier vol inaugure une série de cinq lancements ATV ces prochaines années à destination de l’ISS sur une Ariane 5, pour le compte de l’ESA.

L’ATV (Automated Transfer Vehicle) est le premier vaisseau européen de ravitaillement de la Station spatiale internationale (ISS).

Il se présente comme un cylindre haut de 10 m sur 4,50 m de diamètre.

Construit par un consortium d’industriels européens mené par EADS Astrium, il pèse 20 tonnes, soit une cargaison de 8,3 tonnes, dont plus de 6,5 tonnes de carburant, mais aussi de l’eau, de la nourriture, des vêtements et de l’oxygène pour l’équipage de l’ISS et des pièces détachées pour le laboratoire européen Columbus.

Deux manuscrits de l’écrivain qui lui a donné son nom complètent le chargement.

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