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L’agriculture suisse prend l’eau

La récolte annuelle des maraîchers subira une diminution de 10% à 20% dans les régions les plus touchées. Keystone

Les agriculteurs craignent les conséquences des précipitations records du mois de mars. Les maraîchers, eux, payent déjà la facture. Leur production annuelle pourrait enregistrer des pertes de 10% à 20%.

Trois à quatre fois plus de pluie que la moyenne annuelle au mois de mars. Et plus d’une dizaine de jours pour retrouver une situation normale même si la météo tourne subitement au beau fixe. De quoi inquiéter ceux qui vivent du produit de la terre.

«Pour l’heure, on ne peut pas parler de situation catastrophique», affirme François Calame, spécialiste de la météorologie agricole à la station fédérale de Changins. Mais il est très difficile d’évaluer les dégâts avec précision. D’autant que la situation est très contrastée selon les régions et la nature des sols».

Dans les plaines alluviales ou les anciennes terres marécageuses – comme le Seeland ou la plaine de l’Orbe – les champs sont généralement inondés. Ailleurs, les dommages dépendent essentiellement de la topographie.

«Depuis plusieurs jours, il est quasiment impossible de se rendre sur les terres et, par conséquent, d’administrer les traitements nécessaires au bon déroulement des cultures», explique François Calame.

Les herbicides et les engrais sont donc restés au placard. Un constat d’autant plus alarmant que l’excès d’eau a lessivé les sols, les privant ainsi de leurs défenses et de leurs fertilisants naturels.

«On peut d’ores et déjà en déduire que les rendements seront globalement inférieurs à la moyenne, souligne François Calame. Mais les grandes cultures, notamment céréalières, peuvent encore bénéficier d’une éventuelle amélioration climatique et rattraper le retard de leur développement».

L’impact des intempéries sur les cultures maraîchères est plus préoccupant. «Dans l’état actuel des choses, on peut estimer que la récolte annuelle des maraîchers subira une diminution de 10% à 20% dans les régions les plus touchées», précise Peter Märki, directeur de l’Union suisse des maraîchers.

Au dire des spécialistes, le surplus d’eau va altérer la qualité des légumes semés ou plantés avant l’hiver. Choux, épinards ou oignons risquent aussi de rencontrer des problèmes phytosanitaires supplémentaires.

Quant aux premières plantations printanières, elles sont indiscutablement en retard. «Normalement, à cette période, précise Peter Märki, pour ce qui est du rampon et des carottes nouvelles, l’agriculture suisse est déjà en mesure de répondre à la demande. Mais cette année, nous avons dû faire appel aux produits étrangers».

Encore plus inquiétant: les sols gorgés d’eau n’ont pas permis de procéder aux travaux du mois de mars. Et personne ne sait à quel moment il sera possible de semer les premiers légumes de l’été.

«Une chose est certaine, affirme Max Baladou de l’Office maraîcher du canton de Vaud, à la fin du mois de mai, il n’y aura pour ainsi dire pas de légumes suisses dans le panier de la ménagère».

Et le technicien agronome de rajouter: «le pire, c’est que tous les maraîchers se mettront au travail dès la première amélioration du temps. Autrement dit, tous les produits arriveront en même temps sur le marché. Ce qui entraînera inévitablement un effondrement des prix».

Dès lors, même si le ciel passe au beau fixe, les maraîchers ne sont pas vraiment sortis d’affaire.

Vanda Janka

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