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L’Alias christique

Les Christ tombent du ciel dans la boutique de Mr Winter. Ballet Alias

Dans un décor magistralement mystique, la compagnie genevoise Alias du chorégraphe brésilien Botelho décline le quotidien d'un commerce familial où se déchirent spirituel et profane.

Vous entrez dans le Théâtre genevois du Grütli et les projecteurs de la scène vous éblouissent. Jusqu’à ce que vous perceviez, telle une apparition, un ouvrier dépoussiérant un Christ pendu. Cette même image refera surface au final, avec, en sus, la main d’un client malhonnête coincée dans le tiroir-caisse de la boutique.

Nous sommes au Brésil et la samba rythme la vie de Mr Winter et sa famille. Il parle l’anglais, sa fille le français et son employé le portugais. On sent une grande tension dans cette mini-tour de Babel. L’adolescente rebelle contre son paternel. Les croyances religieuses mises à nu devant les impératifs commerciaux.

Très vite s’engagent alors des esquisses chorégraphiques très combatives, ici pour un billet, là pour une pièce de monnaie. Entre une cliente en grossesse nerveuse et Mr Winter. Entre un camelot et ce gentil patron de la boutique aux reliques.

Le geste est précis et répétitif. Le mouvement ample et guerrier. Les six protagonistes arpentent la scène comme pour se libérer des non-dits qui cachent leurs véritables émotions d’acteurs du quotidien. Mr Winter, par exemple, est douloureusement partagé entre son travail de commerçant et le désir ardent de charmer une cliente qui l’attire.

Cette échoppe aux statues de Vierges et Christ(s) suspendus par des cordes fait penser à l’œuvre d’Andy Wahrol et à ses portraits de stars sérialisées comme Marilyn Monroe.

Vous l’avez compris, ce spectacle est très théâtral et (peut-être?) pas assez dansé. Le nouveau show «Botelho» oscille entre trouvailles de génie (le thème et son décor) et des longueurs théâtrales exacerbantes (crise de nerfs entre Mr Winter et sa fille).

Mais c’est beau et envoûtant, pertinent et original. La cliente hystérique à la jupette vert pomme (Kylie Walters) danse vraiment bien. Et son amant (Mike Winter=Mr winter) est des plus crédibles dans son jeu théâtral latino-british. Surtout, Guilherme Botelho nous fait sourire, tant son humour de chorégraphe fait mouche, en dénonçant le ridicule de nos attitudes. Et dire qu’il exagère à peine!

Emmanuel Manzi

Mr Winter: jusqu’au 15 octobre au Grütli à Genève, les 3 et 4 novembre à l’Octogone de Pully, les 8 et 9 novembre au Théâtre régional de Neuchâtel, le 18 novembre au Théâtre Municipal de Berne et les 1 et 3 décembre au Luzernertheater.



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