L’au revoir de Jean-Philippe Maitre
Atteint d’un cancer, le président de la Chambre du peuple a pris congé de ses collègues lundi avec une émotion contenue.
Rien n’est jamais définitivement acquis, dans la vie comme en politique, a rappelé Jean-Philippe Maitre, qui s’est exprimé à l’ouverture de la session de printemps du Conseil national.
Elu président du Conseil national (Chambre du peuple) en décembre dernier, Jean-Philippe Maitre a annoncé ce mois-ci qu’il quittait la scène politique. Agé de 55 ans, le député démocrate-chrétien est atteint d’une tumeur au cerveau.
Lundi, Jean-Philippe Maitre a dit au revoir à ses collègues. Avant de prendre congé, il a «pris la liberté de tirer un enseignement politique» de ce cancer qui lui est tombé dessus la veille de Noël alors qu’il n’avait jusqu’ici jamais eu de problème de santé.
«Il en va de même pour notre pays, qui connaîtra cette année deux scrutins portant sur des thèmes de l’interdépendance», a déclaré le premier citoyen du pays, faisant allusion à l’accord de Schengen/Dublin et à l’extension de l’accord sur la libre circulation des personnes.
Le vœu d’une Suisse ouverte
«Je souhaite ardemment que le peuple suisse se souvienne que, comme en matière de santé, rien n’est jamais définitivement acquis. Que des situations jusqu’ici solides peuvent rapidement devenir incertaines».
Jean-Philippe Maitre a souhaité que «la Suisse ne choisisse pas la voie qui isole. Il ne faut pas se laisser séduire par l’attitude paradoxale d’une fierté mal placée qui, à l’opposé du patriotisme, n’exprime que la crainte d’affronter l’avenir».
La Suisse est certes encore un pays riche, mais le monde change et d’autres la rattrapent, a souligné le député.
«Refuser de participer d’une manière ou d’une autre aux réseaux et aux ensembles qui ont pour vocation de coopérer et de construire sur le plan économique, social, culturel et politique revient à terme à fragiliser notre pays».
Remerciements chaleureux
Elu en décembre dernier au perchoir, le Genevois n’a pas voulu exercer son mandat à moitié, par respect pour le Parlement et cela même si la disponibilité des deux vice-présidents et la compétence du secrétariat l’auraient permis, a-t-il rappelé.
Il n’a pas non plus voulu «filer à l’anglaise» et, après avoir siégé sous la Coupole durant près de 22 ans, Jean-Philippe Maitre a tenu à dire merci de vive voix à ses collègues.
«Merci pour toutes ces années de travail où j’ai eu la chance avec vous d’approfondir et parfois de contribuer à l’émergence de solutions sur plusieurs dossiers qui m’ont passionné», a conclut le président sortant.
«Je dis enfin du fond du cœur ma gratitude pour l’amitié entretenue avec plusieurs d’entre vous et qui montre bien que la politique est aussi l’art de vivre des rapports humains de qualité.»
swissinfo et les agences
Membre du parlement genevois à 24 ans
Entrée au gouvernement genevois à 36 ans
Président du PDC genevois de 1981 à 1984
Ministre genevois de l’économie de 1985 à 1997
Election au Conseil national en 1983
Président du groupe démocrate chrétien des Chambres fédérales de 1998 à 2002
Elu à la présidence du Conseil national en 2004
– Durant ce siècle, seuls trois présidents du Conseil national ou du Conseil des Etats ont mis fin à leur mandat avant terme.
– En 1991, le président du Conseil des Etats Max Affolter est décédé des suites d’une tumeur au cerveau.
– En 1982, la Landsgemeinde d’Obwald a créé la sensation en refusant de réélire le démocrate-chrétien Jost Dillier, président en exercice du Conseil des Etats.
– En 1977, le président du Conseil national Hans Wyer a quitté la Chambre du peuple après son élection au gouvernement valaisan.
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