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L’eau et les populations kurdes

Ceppi, homme de crayon, de pinceau et de voyages. swissinfo.ch

«L'or Bleu» c'est le titre du 10e tome des aventures de Stéphane Clément, le personnage fétiche du bédéaste genevois Ceppi, qui dédicaçait au Salon du Livre de Genève. Quand l'intrigue cède le pas au contexte géopolitique...

Stéphane Clément est né en 1977 avec «Le guêpier». C’était alors un jeune aventurier «de hasard», qui parcourait les routes de l’Orient pour fuir la justice helvétique. Mais à l’époque déjà, Ceppi avait le goût du détail et le sens de l’observation.

24 ans plus tard et à l’occasion de sa dixième aventure, Stéphane Clément est appelé en Turquie suite à un mystérieux coup de fil. De là, il partira pour Alep, en Syrie, pour tenter de faire libérer son amie Cynthia, incarcérée pour détention d’objets en ivoire.

Intrigue minimaliste. «C’est ce qui peut arriver en voyage. Comme les gens qui vont faire de la plongée en Malaisie, et qui se font enlever par un commando philippin qui les retient en otages pendant des mois sur une île… De simples vacances de 10 jours basculent en un drame qui dure pendant des mois et qui tient en haleine toute la planète», explique Ceppi.

Mais si dans l’affaire de Jolo, les caméras se sont surtout braquées sur les individus – un otage est toujours médiatique, Ceppi accorde beaucoup de place au contexte socio-politique. En l’occurrence, le sort des populations kurdes, réparties entre Turquie, Syrie, Iran et Irak. Et le rôle que tient l’eau – l’Or bleu – dans la région.

Car ces deux éléments sont intimement liés: «Les Turcs veulent mettre 22 barrages sur le Tigre et l’Euphrate. J’ai lu ces derniers jours que le niveau des eaux avait déjà baissé de trois mètres, en Syrie et en Irak. Les Turcs n’ont pas signé les accords de l’ONU, et ils ont grâce à l’eau des moyens de pression énormes…. C’est une arme de guerre sans arme, quoi» précise Ceppi. Une arme dont les mouvements kurdes, dans son livre, décident de s’emparer.

Pour écrire «L’Or bleu», Ceppi, comme toujours, a voyagé. Mais il a également rencontré des ressortissants kurdes réfugiés à Genève. Notamment un homme, torturé pendant 14 mois pour avoir osé chanter dans sa langue… La prison dessinée dans «L’Or bleu», comme la séquence des électrodes, c’est lui qui les a racontées à Ceppi.

Même si Ceppi est à l’origine graphiste, la BD semble n’être qu’un support pour lui. Sans manichéisme simpliste, Ceppi a envie de dire des choses, tient à tenir un propos politique. C’était déjà le cas avec «Belfast» ou «Vanina Business», ça l’est toujours, peut-être plus encore avec «L’Or bleu».

Bernard Léchot

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