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L’elfe et le papillon

Vanessa Paradis, soutenue par la formidable guitare de M. Keystone

L'elfe, c'est Olivia Merilahti, brillante et envoûtante voix finnoise de The Dø. Le papillon c'est Vanessa Paradis, fragile et gracieuse au milieu de sa bande de musiciens fous, emmenés par la très puissante, très déjantée et très psychédélique guitare de M, alias Mathieu Chédid.

Imaginez Kate Bush qui chanterait avec Evanescence (sans le côté grandiloquent). C’est un peu la première impression que laisse The Dø, le duo que forme Olivia avec Dan Levy, multi instrumentiste et compositeur déjà reconnu pour ses musiques de films.

Musique de pub également. Même si elle n’a pas été écrite au départ pour ça la chanson «On my shoulder» a cartonné récemment pour une marque de cahiers. Personne ne devrait y avoir échappé. Cette voix haut perchée aux sonorités cristallines est de celles qu’on n’oublie pas facilement.

Quand Olivia se lance dans ses vocalises, sur quelques simples arpèges de guitare celtique, on croirait le chant des elfes de la toundra. Mais l’elfe sait aussi rocker, swinguer, hurler ou caresser, ou même entonner quelques mesures de gospel pendant un break.

Face à tant de richesse vocale, de possibilités de créer des atmosphères nuancées, on en vient à regretter que l’instrumentation ne le soit pas davantage. Sur scène, le duo s’adjoint bien les services d’un batteur, mais cela n’en fait toujours qu’un trio, somme toute assez basique.

Et tant la musique de Dan que la voix d’Olivia mériteraient plus et mieux. Et même si cela n’a rien à voir, c’est à la fin de leur concert que tombe la première pluie de ce Paléo 2008.

All togheter now

La pluie, Vanessa Paradis en a déjà eu sa dose pour son précédent passage à Paléo. Mais cette fois, elle laissera la foule tranquille pratiquement du début à la fin de ces plus de 90 minutes de générosité et de folie.

Quoi que l’on dise de ses performances vocales, le fait est que la chanteuse a toujours bien su s’entourer: Roda-Gil, Gainsbourg, Kravitz, et maintenant M, qui non seulement écrit pour elle, mais tient le manche dans la tournée.

Débarrassé de cette ridicule coiffure de Mickey qui lui dessinait son initiale sur la figure, Mathieu Chédid est d’abord un formidable guitariste rythmique, qui sait mouliner le beat et faire chanter la pédale wah-wah. C’est aussi un showman exubérant, à la bonne humeur communicative.

Et les autres ne sont pas en reste. Le spectacle est conçu pour laisser à chacun de vastes plages d’expression. Dans ces moments, Vanessa va s’asseoir au pied de la batterie pour laisser les guitares croiser le fer (et souvent le métal), la basse vrombir ou le piano soliloquer. Et les écrans montrent cette belle image d’une chanteuse souriant aux anges pendant que ses musiciens s’amusent.

Décontract’ et efficace

Elle aussi semble beaucoup s’amuser. Gracile, fraîche et joyeuse plus que sensuelle à outrance, elle aime particulièrement faire chanter le public. Sur «Divinidylle» bien sûr (qu’elle fait deux fois, en ouverture et en rappel), mais aussi sur quelques autres. Et ça marche bien.

A la fois très pro et efficace à l’américaine, le show n’en reste pas moins décontract’ et baigné d’une atmosphère plutôt baba-cool. Les fringues, les sons, les attitudes, les sourires, jusqu’à ce moment où tous les musiciens – Vanessa comprise – viennent taper sur des tambours en ligne, en passant par ces morceaux à codas de deux minutes, où l’on triture les guitares comme plus personne n’ose le faire… à part peut-être Neil Young.

Enfin, les lumières sont somptueuses, dessinant les faisceaux, créant les contrastes et les atmosphères avec une rapidité et une netteté rarement vues jusqu’ici.

Et comme Paléo est la dernière date de sa tournée, Vanessa Paradis, visiblement émue, a un peu de peine à prendre congé du public. Elle appelle tout le staff sur scène et les adieux se multiplient, jusqu’à un dernier «Tourbillon», chanté a capella.

Un ange passe… Johnny Depp était-il en coulisses, comme certains semblaient le tenir de source sûre ? On ne saura pas. Mais bon…

swissinfo, Marc-André Miserez à Paléo

Pourquoi autant de monde devant la Grande Scène à 19 heures ? Est-ce parce que K est Suisse, ou parce qu’il est bon ? Les deux évidemment, mais ce qui saute en premier aux oreilles, c’est qu’il est bon !
Un deuxième album sur un label hexagonal, deux titres qui tournent sur France Inter, cela n’est pas arrivé par hasard dans la carrière du jeune Lausannois.
Belle voix, belle prestance, entre folk-rock et chanson rive gauche, avec des textes engagés altermondialistes ou simplement poétiques un peu déjantés, K a incontestablement du magnétisme. Et d’excellents musiciens.

Comme cela est le cas depuis quelques années, le Paléo Festival (du 22 au 27 juillet) se joue à guichets fermés. Aucun billet n’est vendu sur place, mais les organisateurs en mettent plus de mille par jour en vente le matin même, sur le site du festival (paleo.ch) et dans les points de vente ticketcorner. Ils sont disponibles à partir de neuf heures et… il n’y en a pas pour tout le monde.

Favez, Dionysos, R.E.M., l’Orchestre de chambre de Genève, Yael Naïm, Vive la Fête, sans oublier le Dôme du Village du Monde, le Club Tent et la nouvelle scène du Détour, tous lieux de belles découvertes.
Mais il faut faire des choix.

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