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L’homme d’affaires Beny Steinmetz “n’a payé personne” en Guinée

"Benny Steinmetz n'a jamais versé un seul dollar à aucun fonctionnaire du régime guinéen sous Lansana Conte, ni au président, ni à sa femme, ni à sa maîtresse, ni à personne", a affirmé mercredi mercredi son défenseur, le Genevois Marc Bonnant dans un entretien avec AP. KEYSTONE/AP/JAMEY KEATON sda-ats

(Keystone-ATS) L’homme d’affaires israélien Beny Steinmetz, qui va être jugé par le Tribunal correctionnel de Genève pour corruption d’agents publics étrangers et faux dans les titres, rejette ces accusations. Il n’a pas versé “un seul dollar” en Guinée, selon son avocat.

“Benny Steinmetz n’a jamais versé un seul dollar à aucun fonctionnaire du régime guinéen sous Lansana Conte, ni au président, ni à sa femme, ni à sa maîtresse, ni à personne”, a affirmé mercredi son défenseur, le Genevois Marc Bonnant dans un entretien accordé à l’agence de presse américaine AP. C’est d’ailleurs ce que répète son client depuis le début de la procédure, ouverte en 2013.

Lundi, le Ministère public genevois a accusé Beny Steinmetz ainsi que deux autres prévenus d’avoir versé des pots-de-vin lors de l’attribution de licences minières en République de Guinée entre 2005 et 2010. L’argent, environ 10 millions de dollars, aurait été versé à l’une des épouses de l’ancien président guinéen Lansana Conté en vue de faire évincer un concurrent puis de faire octroyer au Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) des droits miniers dans la région de Simandou” (sud-est).

Le Ministère public reproche en outre aux trois prévenus d’avoir fabriqué des faux contrats et des fausses factures pour cacher aux banques et aux autorités que BSGR finançait le paiement de pots-de-vin. Une partie de l’argent a transité par des comptes en Suisse, selon l’acte d’accusation. L’affaire a fait l’objet d’une enquête en Europe, en Afrique et aux États-Unis.

La Guinée a conclu un accord

En début d’année, le milliardaire et la présidence guinéenne ont annoncé avoir trouvé un accord à l’amiable: le Franco-israélien a obtenu le retrait des poursuites pour corruption en échange de son renoncement à ses droits sur le gisement de Simandou. La Guinée ne sera donc pas représentée au procès.

Les responsables guinéens sont arrivés à la conclusion que Beny Steinmetz n’avait “jamais corrompu personne”, a souligné Marc Bonnant qui s’est dit “totalement optimiste” quant à l’acquittement de son client. “Je ne vois pas comment des juges – indépendants, de qualité, comme c’est le cas à Genève – pourraient, sur la base de ce dossier, conclure que Beny Steinmetz est coupable”, a-t-il ajouté.

Le diamantaire, qui résidait et travaillait à l’époque à Genève, avait obtenu la licence d’exploitation d’une mine de minerai de fer à Simandou, juste avant le décès du président Conté en 2008. En 2013, il avait affirmé dans une interview à un journal français avoir investi 170 millions de dollars dans cette mine, puis d’en avoir revendu 51% en 2010 au groupe brésilien de matières premières Vale pour 2,5 milliards de dollars, soit presque 30 fois plus cher.

Présent au procès

M. Steinmetz sera présent au procès qui n’est pas prévu avant plusieurs mois, a aussi fait savoir son avocat. Le Ministère public entend requérir une peine privative de liberté de deux à dix ans.

Cette affaire avait été révélée en 2013 par deux médias français, le site d’informations Mediapart et le quotidien Le Monde, ainsi que par PublicEye (ex-Déclaration de Berne). Selon cette organisation, le milliardaire avait “tissé une toile extrêmement complexe dirigée depuis Genève”.

La Guinée, riche en minerais de fer, de diamant, d’or et de bauxite (deux tiers des réserves mondiales) reste cependant l’un des pays les plus pauvres du monde. Elle est aussi particulièrement minée par la corruption en lien avec l’exploitation de ces ressources naturelles. La région du Simandou est l’un des plus grands gisements de minerai de fer au monde.

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