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L’honneur perdu des managers suisses

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SAirGroup, Sulzer, Zurich, André: les mauvaises nouvelles se sont succédées, ces dernières semaines, pour certains fleurons de l'économie helvétique. D'où la question: les responsables des entreprises suisses sont-ils à la hauteur ?

Au début du mois, SAirGroup, qui chapeaute la compagnie aérienne nationale, Swissair, annonçait une perte record pour l’an 2000: près de 3 milliards de francs suisses. Un véritable électrochoc pour tout le pays. Mais cette débâcle n’est pas – même si son ampleur est unique – un cas isolé.

Sulzer est depuis des mois à la recherche d’une stratégie et doit faire face, la semaine prochaine, à une offre d’achat hostile. Zurich, un géant mondial de l’assurance, a vu, fin mars, son titre chuter de 20% en une seule séance, suite à des résultats décevants. Dernier exemple, enfin: le groupe de négoce André et Cie, basé à Lausanne, qui est en ce moment en pleine restructuration-catastrophe.

Les difficultés, les revers de fortune, font évidemment partie de la vie des affaires. Mais, face à cette accumulation de mauvais exemples, certains se demandent si le modèle suisse, en matière de gestion de grandes entreprises, n’a pas tout simplement du plomb dans l’aile.

Un modèle caractérisé par l’enchevêtrement des responsabilités. Il y a d’abord le cumul des mandats. Ainsi, les 10 membres du conseil d’administration de SAirGroup siègent, au total, au sein de quelque 120 entreprises. Un système basé en outre sur la cooptation. Exemple: Philippe Bruggisser, l’ancien patron de SAirGroup, siège au Credit Suisse Group, dont le patron, Lukas Mühlemann, siège au… SAirGroup.

Autre type de cumul, relativement courant en Suisse: le directeur général de l’entreprise est en même temps membre de son conseil d’administration. Résultat de ce tissu de relations: la création d’une classe homogène «qui hésite, comme l’explique le journaliste et économiste Beat Kappeler, à se critiquer trop fortement, qui partage trop les mêmes valeurs».

D’où, également, une difficulté à réagir à des changements rapides et brutaux. Or c’est justement l’évolution que connaît l’économie mondiale: tout va toujours plus vite, l’évolution technique, mais aussi l’évolution des secteurs industriels et des entreprises. «Le modèle suisse, qui se base sur la tranquillité, la perspective à long terme, est moins apte à réagir», juge Beat Kappeler.

D’ailleurs, le monde économique helvétique est en train de prendre conscience de la nécessité d’évoluer et de s’ouvrir, à l’image de Nestlé, qui a tourné depuis longtemps le dos au modèle suisse. Ainsi l’UBS va se retrouver très prochainement avec un Britannique à sa tête – une première dans l’histoire des banques suisses. Elle fait également entrer trois experts internationaux dans son conseil d’administration.

Pierre Gobet, Zurich

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