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L’horlogerie suisse fabrique ses produits trop lentement

Belle, mais longue à fabriquer. Keystone

Si la diminution du nombre de pièces produites par l'industrie horlogère suisse, synonyme de perte de savoir-faire industriel, est inquiétante, un autre phénomène pèse lourd, celui des délais de fabrication toujours plus longs.

Lorsque les horlogers suisses vendent leurs nouveautés au Salon de Bâle, dans le courant du mois de mars, les acheteurs reçoivent leurs pièces généralement en septembre. Mais, depuis plusieurs années, les délais s’étirent et il n’est pas rare que des commandes passées à Bâle soient satisfaites en décembre voire même en janvier de l’année suivante. Evidemment les acheteurs hurlent, car ils ratent toutes les périodes commerciales de la fin de l’année.

Ces retards sont en quelque sorte la rançon du succès de l’horlogerie helvétique. Les fournisseurs de composants sont extrêmement sollicités. Comme la diminution du nombre de pièces produites correspond à une diminution du travail, les entreprises de composants ont tendance à disparaître.

Celles qui restent sont totalement submergées et n’arrivent plus à suivre ou alors elles font des concessions sur la qualité. Aujourd’hui, les délais pour des aiguilles sont de 8 à 12 mois, de plus de six mois pour des cadrans, et, chez les fabricants de boîtes or, on est plus proche de l’année que de quelques semaines. Les industriels horlogers sont donc proches de l’hystérie, car ils doivent absolument pouvoir livrer.

Du côté des grands groupes, on agit différemment. On est en pleine verticalisation, c’est-à-dire qu’on procède à des rachats massifs de fournisseurs. Il ne se passe bientôt plus une semaine sans qu’on apprenne que tel groupe a absorbé tel fabricant de cadrans, de boîtes, de pignons, etc…

En soi, ce ne serait pas très grave si ces rachats ne verrouillaient pas l’accès des composants à la concurrence. Les groupes préfèrent en effet ralentir la production des entreprises qu’ils acquièrent plutôt que fournir la concurrence. Et ceux qui paient la note, ce sont les petits qui voient leur avenir s’assombrir de jour en jour.

Eric Othenin-Girard

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