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L’hyperactivité des jeunes politiciens en campagne

A Zurich, les jeunes politiciens ne ménagent pas leurs efforts pour aller au-devant de leurs électeurs. swissinfo.ch

Ils n’ont souvent aucune chance d’être élus mais martèlent le bitume pour rencontrer leurs futurs électeurs tout en répondant aux messages sur leur téléphone portable. A Zurich, les jeunes candidats débattent aussi dans les écoles. Reportage.

Certains les appellent les «top shots» et pour beaucoup, ils sont porteurs d’espoirs: les jeunes politiciens ne ménagent en tout cas pas leurs efforts, rivalisant d’imagination pour aller à la rencontre de leurs électeurs. Mais leurs chances d’être élus sur une liste étiquetée «jeunes» sont quasi nulles.

A Zurich, les jeunes écologistes ont recouvert le bitume de plantes lors d’une action nocturne sur une rue de transit. Un peu partout, les «top shots» se lèvent à l’aube pour distribuer croissants et prospectus électoraux aux passants. Ils placent messages et liens sur leur page Facebook et «twittent» à tour de doigts sur le clavier de leur portable.

Tous les partis

Et, comme leurs aînés, ils débattent. Dans le canton de Zurich, une initiative originale leur fournit un entraînement intensif en leur permettant de s’exposer face à des jeunes à peine moins âgés qu’eux: créée en mai 2006, la plateforme «Young-ZH» les met en effet en contact avec des écoles désireuses de donner à leurs étudiants une autre forme d’éducation civique.

L’association réunit les jeunes de presque tous les partis. Une cinquantaine de débats ont eu lieu depuis début septembre dans le cadre de la campagne aux élections fédérales.

Ce vendredi matin, ils sont trois à la table du podium d’une salle de classe de l’Ecole professionnelle technique de Zurich (TBZ). Deux heures de débat sont programmées avec la classe MM10b, qui réunit des apprentis électroniciens multimédias. «J’ai pris congé pour participer, explique l’informaticien Pascal Theiler, 22 ans, démocrate du centre (UDC / droite conservatrice) qui a décidé de s’engager en politique lors de l’éviction de Christoph Blocher du Conseil fédéral en 2007.

Sasa Karalic, 25 ans, étudiant en sciences des matériaux à l’Ecole polytechnique fédérale, courbe des cours pour aller dans les écoles. «Il faut jongler, mais l’apprentissage du débat est irremplaçable.» Quant à Patrick Angele, jeune socialiste, membre du législatif de Dübendorf, secrétaire du syndicat Unia, il préfère ce type de rendez-vous aux podiums entre politiciens établis «où le public sait déjà pour qui il va voter».

Arrivant en traînant un peu les pieds, les jeunes apprentis n’ont cependant pas la langue dans la poche. «Pourquoi vous nous tirez dessus comme ça, et seulement sur nous?» demande ce jeune aux origines balkaniques à l’UDC Pascal Theiler. «Vos affiches sont complètement discriminatoires, nous ne sommes pas tous des criminels!»

Avant de s’en prendre à l’UDC sur le thème de l’immigration, le jeune homme avait en revanche complètement approuvé, défendant l’UDC, l’achat de nouveaux avions de combat et la nécessité d’avoir une armée suisse «forte et indépendante.»

Pointes acérées

Les jeunes politiciens maîtrisent tant le programme de leur parti que, déjà, l’art du débat. Entre deux démonstrations appuyées par des statistiques, les pointes ne sont pas rares.

«Comment peux-tu parler de l’armée, tu n’en as jamais fait!» lance le jeune radical au jeune socialiste. «Et toi, tu as déjà touché l’AVS?» réplique le second. Le débat se poursuit à la pause. «Si tu veux gagner et changer les choses, tu ferais mieux d’être à l’UDC», dit Pascal Theiler à Sasa Karalic. «Même avec 15% de poids électoral, c’est nous qui avons le plus de mairies dans le pays et c’est là que les décisions sont prises», répond le jeune radical.

Politique «plus concrète»

L’enseignante qui coache le débat, Edith Matt, professeure de formation générale, explique que les réactions, après coup, ont été «bonnes à très bonnes.» Selon elle, il est «important que les politiciens aient un âge proche de nos étudiants et qu’ils ne soient pas encore aussi entraînés et routiniers que leurs aînés. Ils rendent l’exercice politique plus concret.»

L’école professionnelle a vécu une semaine au rythme de ces débats. Le succès, selon Edith Matt, n’était pas donné d’avance. «Je crois que la forme choisie (les étudiants étaient appelés à donner leur avis et non à poser des questions, ce qui est très important à cet âge) a rendu le débat possible.»

A la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse (CFEJ), la collaboratrice scientifique Andrea Ledergerber Lüber juge aussi que l’exercice du débat entre politiciens et écoliers peut être «extrêmement positif, pour autant que cela ne soit pas un alibi et que les jeunes puissent vraiment participer.»

Quant à savoir si ce type de rencontres peut encourager, plus tard, ces jeunes à aller voter, les partis eux-mêmes sont sceptiques. Selon une enquête de l’Agence télégraphique suisse (ATS, voir ci-contre), ils s’accordent pour dire que «la présence des jeunes en politique n’est pas suffisante pour drainer un électorat jeune lui aussi».

L’âge moyen des élus au Conseil national pour la législature 2007-2011 était de 51,3 ans (55 ans au Conseil des Etats). Le plus jeune conseiller national avait 25 ans. Au moment de son élection, le plus jeune conseiller aux Etats avait 31 ans.

L’âge moyen des élus de l’actuelle législature est de 51 ans pour la Chambre du peuple et de 55 ans chez les sénateurs.

Quant aux candidats, leur âge moyen – entre 40 et 41 ans – est resté stable entre la campagne 2007 et les élections actuelles.

Comme en 2007, les prétendants au Conseil des Etats (52 ans) sont plus âgés. Christoph Blocher (71 ans) est le plus âgé des candidats à la Chambre des cantons.

42 candidats au Conseil national sont âgés de 18 ans. Le candidat le plus âgé a 83 ans.

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