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L’idée sociale encore d’actualité

Les femmes enceintes pourront rester durant quatorze semaines à la maison tout en étant rémunérées à 80 %. Keystone

Longtemps espérée, le congé maternité payé est -enfin- devenu réalité. Il aura cependant fallu une soixantaine d’années de gestation pour parvenir au résultat.

Ce vote montre que les Suisses sont encore capables d’avancées sociales, à condition toutefois que le projet soit simple et raisonnable.

Le principe d’une assurance maternité avait été accepté en 1945 déjà. Mais il aura fallu des dizaines d’années et quatre tentatives pour que ce projet devienne une réalité concrète.

Les Suisses, c’est sûr, ne se caractérisent pas par leur rapidité. Ils ont été les derniers en Occident à accorder le droit de vote aux femmes (1971). Parmi les derniers également à adhérer à l’ONU (2002).

Le constat reste toutefois le même. A force de taper sur le clou, les partisans d’un projet d’ouverture au monde ou d’une avancée sociale peuvent parvenir au but. Mais encore faut-il réunir les conditions favorables.

Un large consensus



En 1999, un projet d’assurance maternité avait été refusé. Seulement cinq ans plus tard, le résultat est différent. La chose pourrait sembler étonnante, vu que la situation économique du pays ne s’est pas notablement améliorée dans l’intervalle.

Cette issue favorable provient certainement du fait que les auteurs de ce nouveau projet ont réussi à réunir toutes les conditions nécessaires à leur victoire.

D’abord, en ne proposant qu’une extension des bénéficiaires de la caisse de compensation, ils ont renoncé à une extension de l’Etat social.

Cette mesure a permis de désamorcer une partie de l’opposition en Suisse alémanique. Les zones germanophones sont en effet traditionnellement plus réticentes que la Suisse romande à développer l’Etat social, d’autant qu’elles sont très sensibles à la problématique de l’augmentation de la dette publique.

Ensuite, les auteurs du projet ont réussi à rallier les milieux économiques. Or, sans le soutien de l’économie, les chances de succès se trouvent très réduites.

Enfin, ce dernier projet avait l’avantage d’être clair. En 1999, l’éventuelle hausse de la TVA pour financer l’assurance maternité avait introduit un flou finalement fatal.

Bref, en réussissant à créer un large consensus autour de leur projet, les auteurs sont parvenus au but. Mais ce consensus à pour corollaire un congé maternité volontairement très réduit.

Contrairement à 1999, rien n’a été prévu ni pour les femmes au foyer, ni pour celles qui adoptent un enfant. Nul doute que le projet accepté aujourd’hui n’est qu’une base et qu’une extension des bénéficiaires sera au programme politique des prochains mois.

Plus qu’un succès d’estime

Contrairement au projet de congé maternité, l’initiative de la gauche «Services postaux pour tous» réunissait les éléments pour une défaite prévisible.

Combattue par une grande majorité de la droite et par les milieux économiques, elle n’avait que très peu de chance de passer la rampe.

Les initiants avait cependant de très bonnes cartes à jouer. La Poste restant un véritable symbole de l’Etat fédéral, ils abordaient un thème cher au cœur des Suisses.

De plus, en luttant contre le démantèlement du service postal, les initiants pouvaient compter sur deux minorités importantes: une gauche toujours prompte à lutter contre le démantèlement du Service public et des régions périphériques menacées par une marginalisation croissante.

Au final, les auteurs de l’initiative ont frisé l’exploi. En réussissant à convaincre presque à la moitié des Suisses (49,77%) et 9,5 cantons, ils ont fait beaucoup mieux que de remporter un succès d’estime.

swissinfo, Olivier Pauchard

L’initiative «Services postaux pour tous» a été refusée par 50,2% des citoyens.
13,5 cantons l’ont refusée et 9,5 l’ont acceptée.
Le congé maternité a été accepté 55,4% des citoyens.
13 cantons l’ont refusé et 10 l’ont accepté. Cela ne porte pas à conséquence vu que la double majorité n’était pas nécessaire pour cet objet.

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