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L’image de la Suisse a changé

«Adolf Ogi (à droite avec Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU) a eu autant d’effet que des millions de francs dépensés pour promouvoir l’image de la Suisse». Keystone Archive

L'affaire des fonds en déshérence semble avoir modifié durablement l'image de la Suisse dans le monde. C'est, en tout cas, l'avis de bon nombre de journalistes étrangers établis à Genève. Mais, si l'image a changé, elle ne s'est pas forcément détériorée.

Yasmine Chatila, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères, s’est intéressée à l’image que les 150 correspondants étrangers établis à Genève ont de la Suisse. Ses observations sont rapportées dans le dernier numéro de «La Suisse et le monde».

Il en ressort que la Suisse n’échappe toujours pas à l’imagerie véhiculée par les cartes postales et les dépliants touristiques. Le pays reste beaucoup plus connu pour ses couteaux, ses montagnes, son chocolat ou sa neutralité que pour sa haute technologie ou ses institutions politiques originales.

Les journalistes ne font pas exception. Lors de leur arrivée en Suisse, leur premier effort consiste donc à aller au-delà des images d’Epinal et à découvrir la réalité du pays.

Mais l’affaire des fonds en déshérence a peut-être modifié la donne, bien que les avis soient partagés. Alors que les journalistes arabes et japonais estiment que ce n’est pas le cas, les correspondants américains et européens en sont convaincus.

Pour ces derniers, le rôle de la Suisse durant la 2e Guerre mondiale a remis sérieusement en cause l’image idyllique du «pays de Heidi». Suite à la controverse, l’étranger a découvert que la Suisse avait, comme les autres, ses zones d’ombres.

Mais, en fin de comptes, certains journalistes estiment que c’est peut-être une bonne chose. La crise a permis aux autres pays de voir la Suisse dans toute sa complexité. Et, du côté suisse, les politiciens ont dû s’engager et ont obtenu une visibilité internationale qu’ils n’avaient pas toujours auparavant.

Les recherches historiques que la Suisse a entreprises sur son passé ont d’ailleurs atténué la mauvaise impression laissée par l’affaire. Pour de nombreux journalistes, la Suisse a en effet consenti à des efforts de mémoire méritoires qui devraient être pris en exemple.

L’enquête de Yasmine Chatila permet par ailleurs de tirer un autre enseignement: une figure sympathique peut faire énormément pour l’image du pays. Et cette figure sympathique, c’est celle d’Adolf Ogi.

Les journalistes étrangers ont été particulièrement sensibles au charisme et à la simplicité de l’ancien président de la Confédération. Il a en effet su à la fois utiliser les clichés, comme par exemple son image de montagnard, et propager l’image d’une Suisse solidaire et ouverte au monde.

«Adolf Ogi a eu autant d’effet que des millions de francs dépensés pour promouvoir l’image de la Suisse», reconnaît Yasmine Chatila.

Olivier Pauchard

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