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L’initiative sur les naturalisations clairement rejetée

L'octroi du passeport suisse ne doit pas se faire "à la tête du client". Keystone

L'UDC (droite nationaliste) a reçu deux gifles lors des votations fédérales de dimanche. Les deux objets qu'elle soutenait ont été balayés: l'initiative sur les naturalisations par 63,8% et celle dite muselière par 75,2%. L'article sur la santé est également refusé, par 69,5%. La participation s'est élevée à 44,1%.

Seuls un peu plus de 800’000 Suisses contre 1,4 million ont soutenu la droite nationaliste dans sa tentative de court-circuiter le Tribunal fédéral (Cour suprême).

L’opposition la plus virulente à l’octroi du passeport helvétique par vote populaire vient de Suisse romande, où cette tradition est inconnue. Genève, avec sa forte proportion d’étrangers, arrive en tête, avec 82,1% de non, suivi de Neuchâtel, de Vaud et du Jura, tous au-dessus de 80%. Le texte de l’UDC est également repoussé par les trois quarts des votants en Valais et à Fribourg et par 63,3% à Berne.

Outre-Sarine, le rejet est également net dans les cantons les plus urbains. La palme revient à Bâle-Ville, avec 71,5%. Zurich, Bâle-Campagne et les Grisons dépassent également les 60% de non.

Emmen et Schwyz se distinguent

Le canton de Lucerne, d’où est partie l’affaire des «recalés d’Emmen», dit non à 55,7%, mais la commune d’Emmen se distingue, avec près de 51,2% des votants qui suivent l’UDC.

Se prononçant sur le refus opposé par les citoyens aux candidats d’origine balkanique, le Tribunal fédéral avait déclaré en 2003 les naturalisations par les urnes anticonstitutionnelles. Outre Emmen, cette pratique n’existait auparavant que dans moins de 5% des communes suisses, toutes alémaniques.

Sans grande surprise, l’initiative de l’UDC rencontre le plus de sympathie dans les cantons réputés conservateurs de Suisse centrale et orientale. Schwyz est même le seul canton à l’accepter, avec 59,9% des voix. Ici, avant la remise à l’ordre de 2003, 25 communes sur 30 naturalisaient par les urnes.

Initiative «muselière»: la débâcle

Le gouvernement pourra continuer de pratiquer une politique d’information offensive durant les campagnes de votation. L’initiative dite «souveraineté du peuple sans propagande gouvernementale» recueille 1,63 million de non et moins de 539’000 oui.

Issue d’une association de «Citoyens pour les citoyens», elle était soutenue principalement par l’UDC et d’autres partis de la droite dure. L’ampleur du refus, qui s’étend à tout le pays, est sans appel.

Les Vaudois sont les champions, avec 86,3% de non, suivis par les cantons du Jura, de Genève, de Neuchâtel et du Valais, où la proportion de non dépasse à chaque fois 80%.

Dans la plupart des cantons alémaniques, les scores s’inscrivent entre 66,3% de refus (Appenzell Rhodes-intérieures) et 77,5% (Bâle-Ville). Les arguments du comité d’initiative ont eu un peu plus d’écho à Schwyz (59,2%) et au Tessin (65,8%).

Crainte d’une médecine à deux vitesses

Enfin, le peuple ne veut pas des recettes de «concurrence régulée» prônées par la droite et les caisses pour l’assurance maladie. Face à un article constitutionnel peu lisible, la crainte de voir les assureurs gagner trop de pouvoir et de glisser vers une médecine à deux vitesses a été la plus forte.

La fronde conjointe des cantons, de la gauche et de médecins, qui s’est étendue jusque très loin des les rangs bourgeois, a rallié la majorité des votants. Ils ont été plus de 1,505 million à glisser un non dans l’urne, contre quelque 661’000 oui.

La gifle a été particulièrement sévère en Suisse romande, où le taux de refus dépasse presque partout les 80% et frise même les 90% dans les cantons de Vaud, de Genève et du Jura.

Berne dit non à 67,7% et partout dans le reste du pays, le rejet dépasse les 60% sauf à Nidwald, Schwyz, St-Gall et Zurich (entre 54 et 59%).

swissinfo et les agences

Naturalisations «démocratiques»
Non 63,8% – Oui 36,2%

Initiative «muselière»
Non 75,2% – Oui 24,8%

Article sur la santé
Non 69,5% – Oui 30,5%

Participation: 44,1%

L’initiative populaire permet à des citoyens de proposer une modification de la Constitution. Pour être valable, elle doit être signée par 100’000 citoyens dans un délai de 18 mois.

Le Parlement peut directement accepter l’initiative. Il peut aussi la refuser ou lui opposer un contre-projet. Dans tous les cas, un vote populaire a lieu.

L’adoption d’une initiative nécessite la majorité du peuple et des cantons.

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