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L’insigne du 1er Août, une tradition de 80 ans

Presque un siècle sépare la création de ces deux insignes. (Photo: Pro Patria) RTS

Depuis 1923, Pro Patria vend un insigne à l’occasion de la fête nationale suisse.

Avec l’argent récolté, la fondation apporte de nos jours son soutien à des projets culturels. Jadis, il s’agissait surtout de projets sociaux.

Pro Patria, fondée en 1909, a pour objectif de soutenir des œuvres sociales ou culturelles, et cela grâce à la solidarité des Suisses.

A l’époque, elle se préoccupait davantage d’aide sociale, l’Etat n’intervenant que fort peu dans ce domaine. Puis au fil du temps, l’aspect culturel a pris le dessus.

Et comme toujours, le nerf de la guerre, c’est l’argent. Il fallait donc trouver le moyen d’en récolter.

La première idée a été de vendre des cartes postales. Au début du 20e siècle, c’était un moyen de communication très utilisé, puisque le téléphone était loin d’être généralisé.

En ce temps-là, la carte coûtait 5 centimes, auxquels une surtaxe du même montant était ajoutée.

Un système que Pro Patria utilise encore de nos jours sur les timbres-poste. Des timbres qui ont remplacé les cartes postales en 1938.

Nouvelles sources de financement

Les cartes postales ne rapportant plus assez, Pro Patria a dû chercher de l’argent ailleurs.

Et c’est ainsi qu’est née l’idée, en 1923, de “profiter” du 1er Août avec la fabrication d’insignes symbolisant la fête nationale. Avec une forte connotation patriotique.

Roman Schönauer, secrétaire général de Pro Patria, reconnaît que le mot patriotisme est maintenant quelque peu passé de mode, mais il reste persuadé que des sentiments forts existent toujours.

«On aime son pays, même si on le critique de temps en temps», s’exclame-t-il.

Un système basé sur le bénévolat

Ce sont essentiellement des enfants, entre 9 et 14 ans, qui vont vendre les insignes dans les rues, les magasins, les gares, de maison en maison etc..

Pro Patria se base sur un réseau de quelque 1200 personnes, en grande partie des institutrices et instituteurs. Mais, en réalité, la fondation ignore combien de personnes participent à la vente.

Elle constate, en revanche, que les bénévoles ont tendance à se raréfier, en particulier dans les agglomérations. Peut-être que les 50 centimes gagnés par insigne vendu ne sont plus très attractifs…

Cela a contraint la fondation à trouver un moyen supplémentaire pour les écouler. Depuis deux ans, La Poste est mise à contribution. Et c’est un succès puisque, l’an dernier, 88’000 insignes ont été vendus par ce biais.

Ce sont au total environ 420’000 insignes qui ont trouvé preneur en 2002. A cinq francs pièce, cela fait donc un gain d’un peu plus de deux millions de francs.

Le record a été atteint en 1945, avec la vente de 900’000 insignes. Il est vrai que le contexte ne pouvait que favoriser l’élan de solidarité nationale.

Entre tradition et modernité

La croix fédérale a très souvent été déclinée sous toutes les formes. Cependant, ces dernières années la croix n’a plus systématiquement été choisie. En 2002, l’insigne était un papillon de couleur rouge.

Et cette année, le papillon a été de nouveau choisi. Il est de couleur argent cette fois-ci. Roman Schönauer affirme que «le papillon se situe entre nature et liberté. C’est quelque chose qui ne peut être que sympathique.»

Cela dit, l’insigne est peu acheté par les jeunes. Il l’est surtout par des gens à partir de la quarantaine et davantage à la campagne qu’en ville.

Il a aussi du succès auprès des Suisses vivant à l’étranger. Tous les ans, indique Roman Schönauer, les 140 représentations diplomatiques suisses dans le monde reçoivent leurs lots.

Par exemple, cette année, 1500 pièces ont été commandées à New York.

Choix des projets à soutenir

Chaque année, Pro Patria doit décider quels projets elle entend soutenir. Pour cela, explique Roman Schönauer, le Conseil de la fondation choisit tout d’abord un thème.

Puis il contacte ses partenaires, comme par exemple les organes cantonaux en charge des monuments historiques, afin de voir s’il y a des projets en rapport avec le but et qui manquent de moyens.

Cependant, de plus en plus, la fondation se base sur les demandes qui lui sont faites. La sélection n’est pas toujours aisée, admet M. Schönauer, puisqu’elle peut en recevoir jusqu’à 500!

Cette année, tout comme en 2001, ce sont les ponts et passerelles historiques qui ont été choisis.

A relever que les projets défendus ne bénéficient pas uniquement de l’argent recueilli grâce à la vente des insignes, mais aussi de celle des autres produits, en particulier de la surtaxe des timbres.

swissinfo, Chantal Nicolet

– L’Association suisse du don de la Fête nationale est créée en 1909.

– Elle devient en 1991 une fondation et change de nom pour devenir Pro Patria. Adoptant ainsi la dénomination figurant depuis 1952 sur les timbres avec surtaxe.

– La fondation a une vocation sociale et culturelle. Mais depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les projets culturels dominent.

– Pour récolter des fonds, des cartes postales sont vendues jusqu’en 1938. Les timbres-poste prennent alors le relais.

– En 1923, naît l’idée de vendre des insignes à l’occasion de la fête nationale.

– En 2002, quelque 420’000 insignes ont été vendus rapportant près de deux millions de francs.

– Le record de vente date de 1945, avec 900’000 insignes écoulés.

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