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L’OCDE veut des actes contre le réchauffement

Le Forum se tient au nouveau Centre de conférences de l'OCDE, jouxtant l'élégant Château de la Muette (en bordure du Bois de Boulogne), qui abrite son siège.

Il y a deux mois, l'Organisation de coopération et de développement économiques publiait un rapport censé réveiller les gouvernements face à l'urgence climatique. Cette semaine, pour son Forum annuel à Paris, l'OCDE en débat avec la société civile.

Si l’on ne fait rien, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient augmenter de 37% d’ici à 2030, avec leur cortège de vagues de chaleur, sécheresses, tempêtes et inondations. La pénurie d’eau touchera près de quatre milliards d’êtres humains et la pollution s’aggravera, doublant, voire quadruplant le nombre des décès prématurés.

Pour ne pas en arriver là, l’OCDE préconise des mesures à prendre rapidement. Selon les projections de l’organisation, il suffirait de consacrer 1% du PIB mondial à leur mise en œuvre pour amoindrir, voire éviter la catastrophe.

Publiées le 5 mars dernier, ces 500 pages de «Perspectives de l’environnement à l’horizon 2030» se semblent pour l’heure guère avoir ému le G8. Les ministres de l’environnement des huit pays les plus industrialisés de la planète (par ailleurs tous membres de l’OCDE, à l’exception de la Russie) en sont en effet toujours à discuter des mesures à préconiser à leurs gouvernements.

Lors de leur dernière réunion le 26 mai à Kobe (Japon) ils se sont mis d’accord sur un objectif de réduction des gaz à effet de serre de 50%… mais pour 2050, et sans fixer d’objectifs intermédiaires.

A l’écoute de la société civile

C’est dire si la question est brûlante. Pour Angel Gurría, secrétaire général de l’OCDE, «ne rien faire est impensable». L’organisation entend donc convaincre ses membres que non seulement, la fameuse réconciliation entre économie et écologie est possible, mais que c’est même la seule voie de salut.

D’où le thème de ce Forum 2008, «Changement climatique, croissance, stabilité». Les participants en débattront mardi et mercredi 3 et 4 juin à Paris, en lever de rideau de la réunion annuelle du Conseil de l’OCDE au niveau ministériel.

L’organisation a introduit cette pratique en 2000. Alertée par les manifestations altermondialistes contre le Sommet de l’OMC à Seattle l’année précédente, l’OCDE décide alors de se mettre mieux à l’écoute de la société civile et de se donner une plus grande visibilité médiatique.

Depuis lors, elle invite chaque année les intellectuels, les ONG, les syndicats et les entreprises à débattre préalablement des thèmes qui seront ceux de la réunion ministérielle. Et pour que tout le monde sache ce qui s’est dit à ce Forum, la réunion commence par la lecture d’un rapport résumant les deux jours de débats.

Certains ministres ont d’ailleurs pris l’habitude de venir au Forum, pour prendre le pouls de l’opinion ou pour faire passer leurs idées.

Vice-présidence suisse

Cette année, ce sera le cas de Doris Leuthard. La patronne du Département fédéral de l’Economie participera à deux des tables rondes du Forum (dont l’une en tant que modératrice), avant de coiffer la casquette de vice-présidente de la réunion ministérielle.

«L’OCDE nous fournit des statistiques et des analyses économiques et sociales, et d’une manière plus générale, elle étudie les changements qui affectent la société», résume Eric Martin, ambassadeur suisse auprès de l’OCDE.

La Suisse, qui fait partie des pays fondateurs de l’organisation, accorde une grande importance à ses travaux. «Grâce à elle, on peut comparer les résultats de notre politique avec celle des autres, poursuit le diplomate. Et l’OCDE identifie aussi les bonnes pratiques. On essaye de coordonner nos politiques nationales, afin de ne pas se nuire les uns les autres.»

Un club à élargir

A l’OCDE, les décisions se prennent à l’unanimité. Et tout le monde y adhère sans contrainte ni menaces de sanctions. Ce qui est d’autant plus facile que l’on est ici entre gens du même monde, soit entre pays démocratiques et développés, ou en voie de le devenir.

Mais l’organisation sait bien qu’à l’avenir, elle devra continuer à s’élargir. «Quand vous développez des standards pour la santé, l’environnement, la fiscalité ou tout autre domaine, ça ne sert pas à grand-chose de le faire uniquement pour 30 pays, si les acteurs majeurs de l’économie mondiale n’y sont pas», fait remarquer Eric Martin.

C’est la raison pour laquelle l’OCDE a invité cette année la Russie (en attente d’admission depuis dix ans), mais également la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, tous candidats à un «engagement renforcé» auprès de l’organisation à participer de plein droit à sa réunion ministérielle.

On ne manquera donc pas d’y parler crise alimentaire, crise pétrolière et mesures à prendre pour protéger le climat sans entraver le développement économique. Soit, comme le résume Eric Martin, «réconcilier la croissance et la protection du climat».

«Mais c’est plus vite dit que fait», rappelle l’ambassadeur.

swissinfo, Marc-André Miserez

En 1948 nait l’Organisation européenne de coopération économique. Ses membres sont chargés de gérer les milliards du Plan Marshall, aide américaine à la reconstruction du Vieux Continent ravagé par la guerre, que l’Union soviétique et ses satellites ont refusée.

Devenue OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) en 1961, l’organisation compte aujourd’hui 30 pays membres. Aux fondateurs se sont ajoutés les Etats-Unis, le Canada, le Mexique, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et le Japon, mais également la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie.

A terme, l’OCDE envisage d’accueillir au moins la Russie, le Brésil, l’Inde et la Chine. Pour cela, ils devront faire leurs preuves en matière de démocratie et d’économie de marché.

L’OCDE compte 200 comités, auxquels participent chaque année quelque 40’000 hauts fonctionnaires des pays membres. Son secrétariat à Paris emploie 2500 personnes et publie entre 300 et 500 rapports statistiques et analytiques par année.

Ceux-ci portent sur tous les domaines qui relèvent de la compétence d’un gouvernement à l’exception de la culture, du sport et de la défense. Ainsi, c’est l’OCDE qui publie les études PISA sur le niveau des écoliers dans le monde

Sur la base de ces documents, les pays membres élaborent des instruments et prennent des décisions visant à les faire progresser dans une économie mondialisée. Les pays non membres sont invités à adhérer à ces accords et traités.

Le budget annuel de l’OCDE équivaut à 550 millions de francs suisses, payés par les membres au prorata de la taille de leur économie.

76% du Revenu National Brut (RNB) mondial
84% du commerce mondial
14% de la population mondiale
97% de l’aide publique au développement dans le monde
49% des émissions de CO2 dans le monde

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