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L’ombre de Bignasca plane sur le procès de Côme

L'hôtel "Il Gabbiano", de Giuliano Bignasca, au lendemain du meurtre de la prostituée brésilienne. Keystone Archive

Début aujourd'hui au tribunal de Côme, en Lombardie, du procès du meurtrier de Marcia Caron, égorgée à Lugano. La prostituée brésilienne exerçait son métier dans l'hôtel de passe «Il Gabbiano», propriété du président de la Lega, Giuliano Bignasca.

La police tessinoise découvrait le dimanche 16 avril 2000, dans une chambre de l’hôtel «Il Gabbiano» de Lugano, le corps sans vie de Marcia Caron, une prostituée brésilienne. La jeune femme – mère d’une fillette restée au Brésil – avait été brutalement assommée à coups de bouteille sur la tête avant d’avoir la gorge tranchée.

Immédiatement, son dernier client a été soupçonné. Il s’agit d’un jeune habitué italien résidant juste de l’autre côté de la frontière, dans la province de Côme.

Le lendemain du meurtre, l’assassin présumé, Carmelo N., s’est livré à la police de Côme. Auparavant, ce jeune maçon sans histoire de 29 ans, récemment «monté dans le nord» de sa Sicile natale, s’était confessé à un prêtre à l’intérieur du dôme de Côme.

Il s’est ensuite rendu au poste en compagnie du religieux. Incarcéré au pénitencier de la ville, Carmelo N. n’a jamais pu expliquer le motif de son geste: «je ne sais pas ce qui m’a pris, il s’est agi d’un raptus», a-t-il répété depuis le jour de son arrestation.

Inconnu de la justice, Carmelo N. a accepté, en mars dernier, d’être jugé selon la procédure «abrégée» qui implique que le prévenu plaide coupable. Son procès doit donc avoir lieu devant un juge unique et la sentence est prononcée le jour même.

Cette procédure permettra au maçon sicilien d’obtenir d’emblée une peine inférieure d’un tiers à celle normalement prévue par la loi.

Le «meurtre du Gabbiano», comme il avait été appelé au Tessin, avait soulevé une certaine indignation même au-dehors des frontières cantonales. C’est que ce même 16 avril, le propriétaire de l’hôtel de passe, Giuliano Bignasca – qui n’a jamais géré l’établissement – était brillamment élu au conseil municipal de Lugano.

Le lendemain, le comité anti-prostitution des habitants du quartier de Loreto où sont situés le «Gabbiano» et un autre bordel entre-temps aussi fermé, a demandé que Giuliano Bignasca renonce à sa fonction.

Le président de la Lega n’en a rien fait et la police s’est contentée de fermer l’hôtel. Aujourd’hui encore, le «Gabbiano» a les scellés sur la porte d’entrée.

Carmelo N. aurait dû être jugé le 15 mars dernier. Ses avocats ont demandé de reporter le procès au 17 mai afin de laisser le temps à l’accusé de rassembler la somme nécessaire au dédommagement de la fillette et de la mère de sa victime.

L’argent a été récolté grâce à l’aide du village natal du meurtrier, en Sicile. L’un de ses deux avocats a aussi renoncé à ses honoraires.

Gemma d’Urso, Lugano

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