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L’ombre de l’économie américaine planera sur Davos

Keystone

Les «subprimes», la récession, mais aussi l'eau, Condoleezza Rice et François Fillon feront parties des tags de la prochaine réunion annuelle du World Economic Forum (WEF).

Les organisateurs ont annoncé mercredi la présence de 2500 décideurs de 88 pays dans la station grisonne la semaine prochaine.

Conséquence de la crise des «subprimes» aux Etats-Unis, l’économie américaine tousse. Récession envisagée, spectre de l’inflation, la planète est prise de sueurs froides. Dans son dernier rapport sur les risques globaux, le WEF craint une crise financière en domino.

«Il ne faut pas tomber dans un pessimisme exagéré», note Klaus Schwab, patron et fondateur du WEF. C’est dire que l’économie et la finance seront au centre des préoccupations cette année à Davos. Mais pas de manière isolée. Aujourd’hui, personne ne peut régler seul les problèmes globaux, estime Klaus Schwab. Il faut collaborer et innover ensemble – le slogan de cette 38e édition.

«Le changement climatique est lié à la question du pétrole, à celle de l’eau, à la sécurité alimentaire. La hausse du prix de la nourriture provoque des problèmes sociaux. C’est un exemple de problèmes interconnectés sur lesquels se penchera Davos», explique Klaus Schwab.

Cette nécessité d’approcher les enjeux planétaires de manière systémique pousse d’ailleurs des décideurs toujours plus nombreux à s’inviter (à coup de milliers de dollars) au raout davosien, assurent les organisateurs.

Côté économie, un bon millier de patrons des principales firmes de la planète sont attendus dans la station grisonne. Ceux de Nestlé, Renault, Cisco, Dell, Lenovo, Sony, Coca Cola, Goldman Sachs notamment.

«France is back!»

Outre les responsables d’ONG, d’institutions de formation et recherche et d’organisations internationales comme l’ONU, le FMI, la Banque mondiale, l’OMC ou l’OMS, le monde politique sera présent en force, avec plus de 25 chefs d’Etat ou de gouvernement et une centaine de ministres.

«France is Back!», annonce d’ailleurs Klaus Schwab. Car si Nicolas Sarkozy sera en Inde, son premier ministre et les principaux membres de son cabinet seront en effet «davosiens».

Les organisateurs annoncent aussi une forte délégation de Russes, de Chinois, d’Indiens, de Brésiliens (pays BRIC), mais aussi de Japonais, dont le nouveau Premier ministre Fukuda, président du G-8.

Hormis la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, qui donnera sa vision des enjeux politiques actuels en ouverture de réunion, les Etats-Unis enverront une poignée de sénateurs en plus de dizaines de chefs d’entreprises.

Enjeux nombreux

Durant cette édition 2008, on parlera science et technologie (recherche sur le cerveau, notamment), enjeux sociaux (les Objectifs du Millénaire de l’ONU, la citoyenneté globale des entreprises), écologie (l’eau).

La question du Darfour fera l’objet d’une réunion informelle qui réunira le président du G-8, des représentants africains et d’organisations internationales.

La question moyen-orientale sera aussi sur la table. Les acteurs principaux (Israéliens et Palestiniens surtout) seront là. «Un processus est en cours depuis Annapolis, Davos ne va pas interférer mais contribuer dans ce sens en tant que plateforme de dialogue informelle», indique Klaus Schwab.

Les «workshops» et les 235 «sessions» composant le programme officiel – la plupart hors de portée des médias – découlent des inputs d’un millier de personnes extérieures au WEF. En marge, les hôtels accueilleront une multitude de rencontres «annexes» dont les membres du gouvernement suisse notamment sont friands.

Peu de «peoples»

Alors que les stars – Bono, Peter Gabriel, Yo-Yo Ma, Emma Thomson ou Paulo Coelho – se comptent sur les doigts des deux mains cette année, le grand public, lui, est exclu de la réunion. A une double exception.

Il pourra participer (mais les hôtels sont pleins!) à l’Open Forum autour des effets de la mondialisation, mis sur pied avec les Eglises protestantes. On y verra notamment l’ancien président iranien Katami ou l’ex-candidat à la présidentielle américaine Howard Dean.

Le WEF a aussi invité cette année les internautes à recourir à Youtube pour interroger les décideurs présents à Davos. Les meilleures vidéos viendront enrichir certaines sessions publiques.

Plus largement en 2008, le WEF prend toute la mesure du Web, avec une nouvelle plateforme multimédia – «Davos Conversation».

«Un face-à-face comme le permet la réunion annuelle ne sera jamais remplacé par le contact virtuel, explique Klaus Schwab. Mais la technologie permet d’étendre et d’élargir encore nos possibilités.»

swissinfo, Pierre-François Besson

La rencontre annuelle 2008 du WEF se déroule du 23 au 27 janvier à Davos.

Y sont attendus 27 chefs d’Etat ou de gouvernement, 113 ministres, les dirigeants de plusieurs organisations internationales, 1370 patrons dont ceux de 74 des 100 plus grandes entreprises de la planète et 340 représentants de la société civile (religion, culture, ONG).

Tous les ministres suisses à l’exception de la nouvelle venue Eveline Widmer-Schlumpf seront aussi de la partie.

Sous de signe de «The Power of collaborative innovation», les décideurs y parleront économie, géopolitique, écologie, entreprise, technologie et société.

Le World Economic Forum est une fondation créée à Davos en 1971 par Klaus Schwab sous le nom de Management Symposium.

Elle a son siège à Cologny, dans le canton de Genève, et emploie plus de 290 collaborateurs.

Son budget annuel dépasse les 100 millions de francs, notamment financés par les cotisations de 1000 entreprises membres.

Le WEF se définit comme «la première plateforme de dialogue au monde» pour les responsables de tous poils.

Il organise à travers le monde toute une série de symposiums, promeut des initiatives et des groupes travail, réalise des études et propose un programme de master.

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