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L’ONU met en garde contre l’abus de médicaments

L'OICS est «préoccupé» par la pratique des locaux d'injection en Suisse. Keystone

Pour L'Organe international de contrôle des stupéfiants, la surconsommation de substances pharmaceutiques et de stupéfiants se répand dangereusement dans les pays développés. Dans son rapport annuel, l'agence onusienne accuse la Suisse de devenir «une importante source de cannabis» en Europe. Berne est convaincue que la nouvelle loi permet au contraire de lutter contre ce phénomène.

La culture et la vente de cannabis sont devenues en Suisse «un secteur d’activité non négligeable relevant de la «zone grise’», estime l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) dans son rapport 2000 publié ce mercredi à Vienne.

La libéralisation «encore plus poussée» envisagée par le Conseil fédéral dans le cadre de la révision de la loi sur les stupéfiants pourrait «aggraver le problème au lieu de le résoudre». L’agence de l’ONU invite le gouvernement à renoncer à dépénaliser la consommation de cannabis.

L’OICS souligne aussi le danger que pourraient présenter un important trafic de produits à base de cannabis en provenance de Suisse et le tourisme de la drogue. Des problèmes que l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ne nie pas.

La nouvelle législation doit toutefois permettre de remédier à cette situation, souligne Ueli Locher. Le vice-directeur de l’OFSP n’a cependant pas pu donner d’autres informations, en attendant la publication du message du Conseil fédéral aux Chambres.

La Confédération n’a par ailleurs jamais envisagé de légaliser la production et la culture de cannabis, contrairement à ce qu’affirme l’OICS, ajoute M. Locher. Selon lui, il s’agit là d’un «malentendu» à dissiper.

L’OICS se dit «préoccupé» par la pratique des locaux d’injection. Selon lui, la Suisse devrait pouvoir fournir d’autres moyens de traitement aux toxicomanes. Cette critique relève du «combat d’arrière-garde», selon M. Locher. La Suisse, comme les Pays-Bas, l’Espagne ou l’Allemagne, est convaincue de l’utilité de tels locaux.

La prescription d’héroïne n’est toutefois que l’un des piliers d’une «stratégie globale», mise en place ces dix dernières années et soutenue par d’importants moyens financiers. Il faudrait éviter de le privilégier au détriment des trois autres: la prévention, le traitement et la répression, souligne l’OICS. C’est à cette stratégie globale que l’on doit les succès tels que la maîtrise des infections par le VIH ou l’hépatite, la mortalité par surdoses ou la criminalité.

Pour le responsable de l’OFSP, la visite d’une délégation de l’OICS en Suisse l’an passé a servi de déclic: elle a permis à l’agence de l’ONU de prendre conscience que le programme suisse de prescription d’héroïne n’est destiné qu’à une minorité des toxicomanes. Dans ce sens, le rapport 2000 marque un changement par rapport aux années précédentes.

Globalement, l’OFSP juge ce rapport «très positif». Il présente une «approche équilibrée et globale» de la politique helvétique de la drogue, estime Ueli Locher. Le document souligne également la qualité des activités de prévention menées en Suisse.

L’OICS relève par ailleurs la volonté suisse de collaborer: Berne a «appuyé activement» le renforcement du contrôle du commerce international des stupéfiants et la loi sur le blanchiment d’argent (LBA) a amené les banques à se montrer plus actives dans ce domaine.

swissinfo avec les agences

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