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L’ONU resserre le suivi sur le Venezuela et la Chine se saborde

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a renouvelé les mécanismes internationaux indépendants d'investigations au Venezuela du président Nicolas Maaduro et sur de nombreux pays (archives). KEYSTONE/EPA/JHONN ZERPA HANDOUT sda-ats

(Keystone-ATS) L’ONU aura maintenu des investigations internationales sur les violations de droits de l’homme malgré une crise de liquidités. Après plus de trois semaines de travaux à Genève, elle a resserré le suivi sur le Venezuela. La Chine a elle retiré un projet de résolution.

Dès mardi, le Conseil des droits de l’homme avait renouvelé tous les mécanismes indépendants internationaux les plus exposés. Parmi ceux-ci, la Mission d’établissement des faits au Venezuela a été prorogée pour deux ans et pourra suivre les prochaines élections législatives de décembre, provoquant à nouveau le rejet des autorités de ce pays.

Dans son récent rapport, elle avait dénoncé de possibles crimes contre l’humanité et mis en cause le président Nicolas Maduro et deux ses ministres, aux côtés des forces de sécurité et de groupes armés qui leur sont associés. La Suisse s’était elle “alarmée” devant l’instance onusienne des actes qu’ils ont dénoncés.

Dans leur rapport, les membres de la Mission avaient affirmé que le chef de l’Etat avait donné des ordres sur les personnes à cibler dans les violations. Ils avaient dénoncé de nombreuses exécutions extrajudiciaires, notamment par une unité de la police dont la Haute commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet et la Suisse avaient réclamé le démantèlement. Ils ont aussi mentionné des arrestations et détentions arbitraires, des disparitions forcées et de la torture.

Burundi, Yémen et Syrie

Outre le Venezuela, les Commissions d’enquête internationale sur le Burundi et la Syrie, le Groupe d’experts sur le Yémen (GEE) ou encore l’équipe d’experts sur le Kasaï en République démocratique du Congo (RDC) ont eux tous été prolongés d’un an mardi ou mercredi. Autant de zones où de possibles crimes contre l’humanité ont été ciblés ces dernières années, sauf au Yémen où les trois spécialistes n’ont dénoncé que de possibles crimes de guerre.

Pour autant, la crise de liquidités à laquelle l’ONU est confrontée se reflète dans les discussions au Conseil des droits de l’homme et les pays ont accepté de décaler une quinzaine d’activités. Parmi celles-ci, la récente Mission d’établissement des faits sur la situation des droits de l’homme en Libye, dont les membres ont été nommés en août, a été contrainte de demander aux Etats de reporter son rapport. Celui-ci, prévu pour mars prochain, sera rendu en septembre.

Malgré ces nombreux renouvellements, les appels d’opposants et de la société civile n’ont pas tous été entendus par les Etats du Conseil des droits de l’homme. Au début de cette session, l’ennemie en exil du président du Bélarus Alexandre Loukachenko, Svetlana Tikhanovskaïa, aura demandé lors d’un débat urgent une mission internationale de suivi sur les violations après la présidentielle controversée en août. Elle n’aura obtenu qu’un rapport de Mme Bachelet en février prochain.

De même, malgré les nombreux appels d’ONG à un mécanisme d’investigation internationale aux Philippines, le Conseil des droits de l’homme n’aura pas lancé un tel dispositif. Human Rights Watch (HRW) a ciblé un “échec” tout en relevant que la surveillance de ce pays va se poursuivre.

Deux résolutions suisses approuvées

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme avait dévoilé il y a quelques mois un rapport accablant sur les violations liées à la guerre contre la drogue menée par le président controversé Rodrigo Duterte. Il rendra une nouvelle évaluation dans deux ans au Conseil. La Suisse a déploré que la résolution ne mentionne pas suffisamment les crimes dénoncés dans le rapport récent de l’ONU.

Les Etats membres ont encore validé l’amélioration de la situation au Soudan avec les engagements pris par les nouvelles autorités. Ils ont mis un terme au mandat de l’expert indépendant sur ce pays.

De son côté, visée par des dizaines d’Etats, dont la Suisse, pour la situation au Xinjiang et la loi sécuritaire à Hong Kong, la Chine a atténué son offensive sur l’instance onusienne. Pékin a retiré un projet de résolution pour une approche des droits de l’homme centrée sur les êtres humains.

La Suisse aura été soutenue sur deux résolutions qu’elle défendait, dont une sur la contribution de l’instance onusienne à la prévention des violations des droits de l’homme. Dès 2021, le président de la Commission de l’ONU pour la consolidation de la paix devra s’exprimer chaque année devant le Conseil des droits de l’homme. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres devra lui rendre un rapport sur la facilitation du financement de l’assistance aux Etats.

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