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L’ONU somme la Suisse d’enquêter sur Glencore

Keystone

La société suisse ayant appartenu au financier Marc Rich est accusée d'avoir détourné de l'argent du programme irakien pétrole contre nourriture. A Berne, les instances s'occupant des sanctions de l'ONU contre l'Irak ne sont pas encore en mesure de faire de commentaire.

La manœuvre a rapporté quelque 3 millions de dollars à Glencore international. Cette entreprise aujourd’hui suisse a appartenu au sulfureux homme d’affaires Marc Rich, auquel Bill Clinton a accordé un pardon très controversé. Le siège de Glencore se trouve à Baar, dans le canton de Zoug.

Mais la société possède de nombreuses filiales, notamment en France, en Grande-Bretagne et en Espagne. Elle est spécialisée dans le transport de matières premières dont le pétrole.

Dans ce cadre, elle commerce beaucoup avec l’Irak. Sous sanctions internationales – auxquelles la Suisse s’est associée – depuis plus de dix ans, le pays est autorisé à vendre une partie de son pétrole, dont le produit est contrôlé par l’ONU dans le cadre de l’accord «pétrole contre nourriture».

Ces derniers mois, l’Irak a été accusé d’exiger une «surtaxe» de ses clients, payée à l’Irak de manière illégale, hors de tout contrôle de l’ONU. Cette «surtaxe» est versée en plus du prix officiel fixé par les Nations unies en fonction du marché.

La manœuvre de Glencore a été la suivante: la société a acheté en février un million de barils à l’Irak, en prétendant à l’ONU qu’elle les vendrait aux Etats-Unis. Or, à ce moment-là, les cours du pétrole aux Etats-Unis étaient bien inférieurs à ceux pratiqués en Europe. Du coup, Glencore a discrètement vendu son chargement en Croatie, empochant au passage trois millions de dollars qui auraient dû revenir à l’ONU pour acheter des médicaments, de la nourriture et des biens humanitaires pour le peuple irakien.

Prise en flagrant délit, la société suisse a accepté de rembourser la différence. Mais ce n’était pas la première irrégularité du genre. Une société soi-disant sud-africaine, Montega trading, a tenté une diversion similaire.

Selon un diplomate du Conseil de sécurité, il s’agirait en fait d’une société écran de Glencore, qui se retrouve dans le collimateur de l’ONU. La France a déjà rayé Glencore de sa liste de partenaires privilégiés.

De son côté, le Comité des sanctions de l’ONU a envoyé une lettre à la Suisse demandant une enquête sur les activités de Glencore international. Interrogée sur la question, la représentation suisse auprès de l’ONU dit attendre de recevoir la fameuse lettre pour réagir. Même réponse à Berne, où la section “contrôle à l’exportation et sanctions” du Secrétariat d’Etat à l’économie attend également la lettre avant de prendre position.

Philippe Bolopion, New York

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