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L’ONU veut envoyer une mission d’enquête à Gaza

Le Conseil des droits de l'homme s'est tout spécialement réuni pour débattre de la situation à Gaza. Keystone

Alors que la guerre entre le Hamas et Israël est entrée dans sa 3ème semaine, à Genève, le Conseil des droits de l'homme condamne l'opération militaire israélienne et demande l'envoi d'urgence d'une mission d'enquête internationale. La Suisse s'est abstenue.

Malgré d’âpres négociations menées depuis vendredi dernier, les 47 membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur les termes de la résolution clôturant la session spéciale consacrée Gaza.

Faute de consensus – objectif initial du Conseil – la résolution a donc fait l’objet d’un vote, obtenant le soutien de 33 pays d’Afrique, d’Amérique latine et du monde arabo-musulman, le rejet du Canada et l’abstention de 13 pays dont la Suisse et les autres membres européen du Conseil des droits de l’homme.

La résolution demande «l’arrêt immédiat» de l’offensive des forces armées israéliennes, qui «s’est traduite par des violations massives des droits de l’homme et la destruction systématique des infrastructures» palestiniennes.

Le texte demande aussi la fin des tirs de roquettes contre des civils israéliens, mais sans nommer et condamner explicitement leurs auteurs: le mouvement palestinien Hamas.

Abstention suisse

«Comme les autres pays occidentaux, la Suisse n’était pas satisfaite par l’intitulé de cette session spéciale. Mais nous avons estimé que la gravité de la situation rendait nécessaire la tenue de cette réunion extraordinaire», explique à swissinfo la diplomate Muriel Berset-Kohen, de la mission suisse auprès de l’ONU.

De fait, la Suisse avait été, la semaine dernière, le seul pays occidental à soutenir la convocation de cette session extraordinaire. Une position critiquée ce dimanche par l’ambassadeur israélien à Berne Ilan Elgar et lundi par les principales associations juives de Suisse qui réclament une attitude équilibrée du gouvernement suisse sur le conflit au Proche Orient.

La Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) et la Plateforme des Juifs libéraux de Suisse (PJLS) se disent préoccupées par la position de la Suisse, qui soutient «de façon répétée des motions et des demandes unilatérales à l’égard d’Israël au Conseil des droits de l’homme à l’ONU». Une critique lancée avant le vote et l’abstention de la Suisse.

Contacté par l’Agence télégraphique suisse (ATS), l’ambassadeur Ilan Elgar a finalement salué l’abstention helvétique : « Je suis heureux que la Suisse et plusieurs Etats occidentaux aient constaté que cette résolution était insoutenable. »

Mission d’enquête

Quoi qu’il en soit, cette session spéciale doit déboucher sur une série d’actions concrètes dont les modalités restent à définir.

L’organe de l’ONU demande en premier l’envoi d’une mission d’enquête internationale indépendante, désignée par le président du Conseil des droits de l’homme. Et ce pour faire toute la lumière sur les violations du droit international humanitaire commises à Gaza.

Selon Dante Martinelli, la Suisse soutient le principe d’une enquête sur les allégations de violation du droit humanitaire à Gaza . Mais pour être impartial, selon l’ambassadeur de Suisse auprès de l’ONU, le mandat de cette mission aurait du porter sur toutes les allégations de violations, y compris celles imputées au Hamas. Ce que ne prévoit pas le texte adopté.

La résolution demande également au Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme de renforcer sa présence dans les territoires palestiniens et de faire rapport de manière régulière. Elle souhaite aussi que plusieurs rapporteurs spéciaux (experts indépendants) enquêtent sur place et fassent rapport à la prochaine session du Conseil des droits de l’homme en mars.

Le droit et la force

Reste à savoir ce que pourront faire les experts indépendants mandatés par l’institution onusienne. Le mois dernier, le rapporteur de l’ONU sur les droits de l’Homme dans les territoires palestiniens, l’Américain Richard Falk, n’a pu mener à bien sa mission, après avoir été arrêté et refoulé par l’Etat hébreu.

Une impuissance qui inquiète Yves Besson, ancien diplomate suisse. «A force de ne pas tenir compte de la communauté internationale, Israël contribue à la perte de crédibilité des organisations internationales.»

Et de conclure: «Ces instances sont pourtant les seules à garantir un certain ordre dans les relations internationales et à chercher l’équilibre entre le droit international et les rapports de forces entre nations.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Chars. Ce lundi, des combats ont opposé des activistes palestiniens à des chars israéliens avançant dans des quartiers périphériques de Gaza-ville.

Air. Dans le même temps, l’armée israélienne a mené des attaques aériennes dans le centre de Gaza, l’une d’elle faisant deux morts. Un Palestinien et son fils ont aussi été tués dans un raid aérien à Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, selon des sources médicales.

Bilan. A ce jour, l’offensive israélienne a fait plus de 900 morts dans le territoire palestinien contrôlé par le Hamas, dont quelque 380 civils et plus de 4000 blessés.

Renfort. Dimanche soir, les médias israéliens ont annoncé que l’armée avait commencé à envoyer des réservistes en renfort dans la bande de Gaza, une mesure interprétée comme un prélude au lancement d’une troisième phase de l’offensive, avec des assauts au cœur des villes et dans les camps de réfugiés.

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