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L’ozone, un hôte estival indésirable

Les hautes valeurs d’ozone n’empêchent pas les enfants de profiter de l’été. Keystone

La Suisse vient de traverser une belle période de canicule. Et qui dit chaleur dit augmentation de la concentration d’ozone dans l’atmosphère. Le retour de ce gaz irritant n’est plus une priorité dans l’agenda politique helvétique. Mais la Ligue pulmonaire suisse continue le combat.

La chaleur a marqué ce début d’été. Mais la médaille des beaux jours a son revers. En plus de la sécheresse, qui met les nerfs des agriculteurs à rude épreuve, les fortes concentrations d’ozone suscitent elles aussi de vives préoccupations.

Depuis le début du mois de juillet, les valeurs enregistrées ont dépassé les 200 microgrammes par mètre cube dans l’atmosphère. Et pourtant, le seuil maximal admis dans l’ordonnance fédérale sur la protection de l’air est fixé à 120 microgrammes.

Aux oubliettes

La situation est problématique et peut même s’avérer dangereuse pour les personnes souffrant d’affections pulmonaires ou de difficultés respiratoires. Le problème touche tout particulièrement les enfants en bas âge, dont les poumons ne sont pas encore entièrement développés.

Contrairement à ce que l’on pouvait observer dans les années 80, la lutte contre l’ozone ne fait pas les gros titres dans la presse. Les rapports de valeurs enregistrées et les mises en garde face à ce fléau estival n’attirent plus vraiment l’attention. Même les limitations de vitesse à 80km/h sur les tronçons routiers à 120km/h n’alimentent plus les débats. Ni dans les milieux politiques, ni au café du commerce.

«De nombreuses personnes considèrent désormais l’ozone comme une conséquence de la canicule. Elles n’ont souvent pas conscience qu’il s’agit en réalité d’une substance nuisible pour la santé», prévient Cornelis Kooijman, de la Ligue pulmonaire suisse.

Dès lors, le but de la Ligue pulmonaire et d’autres organisations est d’interpeller l’opinion publique à propos des problèmes que peuvent engendrer les fortes concentrations d’ozone.

Les symptômes se traduisent souvent par un rougissement des yeux, des écoulements nasaux et des difficultés respiratoires. Selon Cornelis Kooijman, ce gaz irritant ne provoque pas uniquement des affectations pulmonaires ou des voies respiratoires, mais augmente aussi la sensibilité de certaines personnes au smog estival, ainsi qu’aux pollens.

A l’aube, de préférence

Mieux vaut donc prendre toutes les précautions nécessaires afin d’éviter d’entrer en contact avec l’ozone: «Les efforts physiques ne devraient être accomplis qu’aux petites heures du matin, car c’est à ce moment que les valeurs sont les plus basses », explique Cornelis Kooijman, en rappelant la règle de base en matière de protection. Et cela même si, lors de nuits tropicales, la période nocive peut même se prolonger jusqu’à midi, voire en fin de soirée. Ce dont devraient aussi se souvenir les sportifs amateurs.

Le scientifique en appelle aussi à la responsabilité parentale: «Comme la canicule va de pair avec l’ozone, il faut éviter de faire faire des efforts physiques aux enfants pendant la journée», ajoute Cornelis Kooijman, qui se défend de vouloir gâcher les joies estivales des petits. Mais le spécialiste de l’environnement prévient: la piscine d’accord, mais uniquement le matin.

C’est également ce que conseille le spécialiste des poumons Otto Brändli. «Lors de valeurs supérieures à 180 microgrammes par mètre cube, l’ozone peut engendrer des problèmes durables chez les sujets les plus sensibles», affirme le pneumologue et président de la Ligue pulmonaire suisse, à Zürich. C’est pourquoi il conseille aux familles d’éviter de sortir de chez elles avec des enfants âgés de moins de cinq ans lorsque ces seuils sont atteints.

Bien, mais pas suffisant

Cornelis Kooijman admet que les valeurs de pointe des années 80 ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Il faut dire qu’à l’époque, des quantités dépassant les 400 microgrammes par mètre cube avaient été enregistrées au Tessin.

Des moteurs moins polluants, comme ceux munis d’un catalyseur pour les nouveaux véhicules, ont permis d’inverser la tendance. «En faisant face à leurs responsabilités, les autorités fédérales et cantonales ont largement contribué à la diminution de la pollution», reconnaît le représentant de la Ligue pulmonaire.

Néanmoins, il regrette que les niveaux stagnent depuis près d’une décennie. «D’autres mesures, déployées sur le long terme, afin de réduire ultérieurement la présence de ce gaz nocif dans l’atmosphère et en particulier des dioxydes d’azote, sont nécessaires, puisque les seuils autorisés sont encore toujours franchis», souligne Cornelis Kooijman.

Traque au diesel et moteurs à deux temps

C’est la raison pour laquelle, le Ligue pulmonaire suisse demande que tous les moteurs diesel soient bientôt munis de filtres à particules et de catalyseurs spéciaux, permettant de filtrer les dioxydes d’azote. Autre exigence avancée par la ligue: la limitation de l’usage des appareils munis de moteur à deux temps, qui agissent comme de véritables accélérateurs de pollution.

Le message de Cornelis Kooijman ne s’adresse néanmoins pas qu’aux autorités fédérales. L’expert en appelle aussi à madame et monsieur tout-le-monde. «Concernant l’emploi de tondeuses à gazon ou de débroussailleuses, nous plaidons en faveur d’appareils électriques». Et lorsque ce n’est pas possible, explique encore le spécialiste, il est préférable de donner la préférence à des machines munies de moteurs à essence plutôt qu’au diesel.

Une telle mesure permettra au moins de diminuer les émissions de substances nocives, à défaut d’étouffer les nuisances sonores.

Renat Künzi, swissinfo.ch
(Traduction de l’allemand: Nicole della Pietra)

Ces prochains jours devraient marquer la fin de la canicule qui a sévi en Suisse.

Le record absolu de chaleur n’a cependant pas été enregistré. Les chaleurs de ce mois de juillet étaient supérieures de 4 à 5 degrés par rapport à la moyenne d’autres années, a indiqué MétéoSuisse.

Ces températures ont égalé celles enregistrées en 2006 et en 1983.

Selon les endroits, entre neuf et douze jours de canicule ont déjà pu être enregistrés cet été. La plupart du temps, le baromètres dépassait les 30°.

Le Valais enregistre en moyenne 5 jours de canicule par été contre 1,2 seulement au Tessin.

Les orages se sont surtout concentrés sur les reliefs et en Suisse orientale, a aussi indiqué MétéoSuisse. Par contre, le temps est resté sec entre la Romandie et la plaine du Seeland et jusque dans la région Bâloise.

Les météorologues prévoient que de violents orages et averses devraient balayer la Suisse vers la fin de la semaine.

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