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L’urbanisme post-catastrophe se donne une ONG

Au Pakistan, où la tâche est immense après le séisme du 8 octobre.... Keystone

Avec son approche globale, l'urbaniste a sa place sur le terrain humanitaire. C'est la conviction d'une nouvelle ONG à Genève: Urbanistes sans frontières.

Plutôt bien accueillie par les acteurs du secteur, USF International envisage de contribuer à la reconstruction après le séisme au Pakistan.

«Une action immédiate de notre part dans les premières semaines n’a pas de sens, explique Nicole Surchat Vial, directrice d’USF. C’est au moment où la reconstruction devient d’actualité, après deux ou trois mois, que notre intervention prend sa pertinence.»

Point de jonction de plusieurs universitaires (de Genève, Florence, Oxford) et de Nicole Surchat Vial, ex-directrice de l’aménagement du territoire du canton de Vaud, USF a entamé son travail le mois dernier.

Premier chantier de cette ONG: l’élaboration d’une «trousse urbanitaire», sorte de «chek list» des points incontournables aux yeux de l’urbaniste en matière de reconstruction post-catastrophe.

Vu sa jeunesse, USF ne dispose pas de l’expérience de terrain. Elle a choisi de développer d’abord une méthode simple, discutée et amendée par différents acteurs de l’humanitaire lors d’ateliers tenus fin septembre.

En zone de catastrophe interviennent des spécialistes de la logistique, des architectes spécialistes de la construction, explique Nicole Surchat Vial. Des ONG aussi, comme Architectes sans frontières ou Ingénieurs sans frontières.

«Mais dans les options prises sur le terrain après les phases d’urgence, l’approche urbaniste (et sa vision d’ensemble) est oubliée, explique la directrice d’USF. On a vu des camps implantés dans le lit de rivières…»

Le territoire et ses contraintes

Développement durable, intégration des populations locales, approche coordonnée entre projet technique (construction de bâtiment, transports) et processus de décision: USF propose une approche globale axée sur les potentialités et les contraintes du territoire.

Au Pakistan par exemple, l’ONG analyserait le territoire (photo aérienne). Suivrait une première esquisse de projet technique par un urbaniste et un ingénieur ainsi que l’identification des partenaires – représentants du gouvernement, acteurs locaux et économiques.

«Cette esquisse doit bouger, être adaptée en fonction des discussions, puis développée selon les critères de durabilité», explique Nicole Surchat Vial.

Axée aussi sur la recherche et la formation, USF est mue par une équipe d’urbanistes expérimentés. Ultérieurement, ceux-ci «coacheront» des professionnels plus jeunes (étudiants de Genève, Florence, de l’EPFL) amenés à intervenir sur le terrain.

Intégrer les zones d’action humanitaire passera inévitablement par des partenariats. «Nous réfléchissons à l’opportunité d’en faire un partenaire», indique Mirko Forni, de UN Habitat, l’agence onusienne active dans la construction.

«Nous cherchons de plus en plus à promouvoir le lien entre l’action urgente («relief») et le développement à travers une vision à long terme, poursuit l’humanitaire. USF veut exactement s’insérer dans cette phase de transition.»

Garants de paramètres urbanistiques

«Il faudra des discussions avec nos responsables du programme de gestion des catastrophes, précise Mirko Forni. C’est une histoire de longue haleine, mais on peut imaginer que le Pakistan soit le type de terrain où cette ONG pourrait participer aux opérations.»

«Que quelqu’un devienne le garant de paramètres urbanistiques à respecter dans le cadre des programmes de reconstruction ou de réhabilitation, pourquoi pas», note l’adjoint du chef de l’unité eau et habitat au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

«Dans nombre de contextes d’intervention, personne ne s’occupe de cet aspect des choses, précise Robert Mardini. L’approche de USF est intéressante et paraît sérieuse.»

Du côté de la Direction de la coopération et du développement (DDC), qui repense actuellement à la baisse ses partenariats, la porte est entrouverte.

«Un premier contact informel qui n’engage à rien a été pris, indique Jean-Philippe Jützi, son porte-parole. D’éventuels contacts pourraient intervenir avec les groupes professionnels du corps suisse d’aide humanitaire (construction et réhabilitation des villes détruites).»

swissinfo, Pierre-François Besson

La création d’Urbanistes sans frontières International date de mai 2005.
L’ONG travaille dans le secteur de l’urbanisme et l’aménagement du territoire post-catastrophe et post-conflit.
Son champ d’action couvre la recherche, la formation et l’action sur le terrain.
Elle promeut vision d’ensemble, cohérence des mesures de reconstruction et approche pluridisciplinaire.

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