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La «Swissroom» de Pittsburgh espère un vrai soutien

La cathédrale du savoir est la plus haute tour universitaire des Etats-Unis. Michael G White

La communauté suisse de Pennsylvanie s’apprête à construire un projet qu’elle chérit depuis des décennies: une «Swissroom» dans la prestigieuse Cathedral of Learning de l’université de Pittsburgh. Mais les Suisses de Pittsburgh ne reçoivent qu’un soutien moral de leur pays d’origine.

En Pennsylvanie comme dans le reste des Etats-Unis, la Cathedral of Learning est le monument emblématique de Pittsburgh.

Haute de 163 mètres et classée monument historique, cette Cathédrale du Savoir domine tous les autres bâtiments universitaires du continent américain et traduit l’engagement de Pittsburgh dans l’éducation et la recherche à un niveau international.

Cette ville de seulement 316’000 habitants compte en effet plusieurs universités dont trois prestigieuses: l’Université de Pittsburgh, l’Université Carnegie-Mellon et l’Université Duquesne.

Une vitrine de la Suisse

«La Cathédrale du Savoir est un symbole visible de partout dans Pittsburgh et les visiteurs sont intrigués par cette tour», raconte Dominique Schinabeck, habitante de Pittsburgh et PDG de la filiale américaine de l’entreprise suisse Accutronic.

«C’est une architecture monumentale sur le campus de l’université de Pittsburgh et la Suisse, en entrant dans la Cathédrale du Savoir, gagnera en visibilité, souligne Madame Schinabeck qui aide le comité d’organisation de la «Swiss Room» à boucler son budget.

Le projet, dont l’idée a germé dans la communauté suisse locale dès les années 50, consiste à construire à la Cathédrale du Savoir une salle de cours qui soit une vitrine de la Suisse et ajoute la Suisse aux 27 pays déjà représentés dans la tour.

Vice-président du comité constitué en 1998, Fred Carlson, dont la femme et les enfants ont la nationalité suisse, est à la proue d’une mobilisation qui a abouti à la collecte des trois quarts du budget de 250’000 dollars.

Rousseau et Pestalozzi

«Dans les 10 prochains mois, nous avons besoin de boucler le budget avec 50 à 80’000 dollars de plus pour que l’université commence la démolition de la salle existante», souligne Fred Carlson.

En 2005, le comité a réussi à recruter le célèbre architecte suisse Justin Ruessli, déjà auteur de la résidence de l’ambassadeur à Washington, et à lui adjoindre un tandem de haut niveau formé de l’architecte américain d’origine suisse Stephen Alther et du sculpteur et ébéniste Richard Sink.

«La salle va manifester la longue histoire de l’enseignement humanitaire en Suisse, avec Jean-Jacques Rousseau et Johann Pestalozzi comme grands exemples», déclare Justin Ruessli.

Répondant au cahier des charges qui exige que chaque salle nationale s’incrive dans une période antérieure à 1787, date de création de l’université de Pittsburgh, la «Swiss Room» s’inspirera d’une salle de classe du 16ème siècle conservée au Musée national de Zurich.

Berne garde ses distances

Elle comprendra notamment une carte de la Suisse en latin datant de 1720, un authentique kachelofen, 26 chaises pour les 26 cantons, 4 tables à tréteaux pour les langues du pays, une cinquième table, celle du professeur, symbolisant les Suisses de l’étranger.

Mais malgré la visibilité du site et le dynamisme de la communauté suisse locale, le gouvernement helvétique garde ses distances vis-à-vis du projet.

«Le gouvernement suisse soutient le projet en cela qu’il dit que c’est une bonne idée, mais il serait très important que Berne l’appuie financièrement», déclare Heinz Kunz, ancien consul honoraire et président du comité d’organisation. Heinz Kunz note que le budget arrêté pour la salle suisse est inférieur de 200’000 dollars au coût de la salle ouverte par le Pays de Galles en 2008.

De son côté, Fred Carlson trouve «surprenant que la Suisse ne soutienne pas le projet car plusieurs salles ont reçu l’appui financier des gouvernements des pays représentés, les Sud-Coréens et les Turcs ayant ainsi touché plus de 100’000 dollars de leur gouvernement».

Les autres communautés

«A 400’000 dollars, le budget de la salle turque en préparation est plus élevé que le nôtre et il y a une sorte de course amicale entre nous pour voir qui, des Suisses ou des Turcs, arrivera à boucler le projet les premiers», poursuit Fred Carlson.

Située à Pittsburgh, que Barack Obama a choisie en septembre pour accueillir le sommet du G-20, la «Swiss Room» tissera un lien original et durable entre la Suisse et les étudiants, professeurs, touristes et autres visiteurs d’une ville et d’un milieu universitaire qui occupent une place notable aux Etats-Unis, pays défini par le gouvernement comme la priorité de la politique étrangère suisse.

Les responsables de la «Swiss Room» estiment donc qu’il est urgent que Berne embrasse ce projet.

«Toutes les communautés immigrées anciennes et nouvelles de Pittsburgh sont intégrées dans le programme des salles nationales, or Pittsburgh a une communauté suisse très active», fait valoir Justin Ruessli. « Attendue depuis longtemps, il est temps que la salle suisse voie le jour», conclut l’architecte lucernois.

Marie-Christine Bonzom, Washington, swissinfo.ch

Pittsburgh est la deuxième ville de Pennsylvanie, l’un des 5 Etats de la fédération américaine à la plus forte densité d’habitants d’origine suisse.

Pittsburgh compte plusieurs associations de Suisses-Américains, dont l’une fondée en 1874.

Ben Roethlisberger, star des Steelers, l’équipe de football américain de Pittsburgh, est d’origine suisse et ancien ambassadeur de bonne volonté du programme Swissroots.

Pittsburgh doit en partie son nom au Suisse Henri Bouquet, officier dans l’armée britannique en 1758.

La Swiss Room doit ouvrir à l’Université de Pittsburgh en 2011

Elle sera, à la fois, représentation historique de la Suisse et vitrine des valeurs helvétiques

La Suisse rejoindra ainsi 27 pays et régions déjà représentés par une salle de cours.

L’organisation et le financement du projet émanent de la communauté suisse de la région de Pittsburgh.

La conception de la salle suisse est confiée à l’architecte lucernois Justin Ruessli.

Pour lancer les travaux d’ici cet été, les organisateurs ont encore besoin de 50 à 80’000 dollars.

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