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La banque centrale freine sa politique monétaire

Le patron de la BNS Jean-Pierre Roth est confiant pour l'économie suisse. Keystone

A la surprise des spécialistes, la Banque nationale suisse (BNS) relève son taux directeur d’un quart de point, pour la première fois depuis quatre ans.

Ce faisant, la banque centrale table sur une croissance relativement confortable de l’économie, malgré les incertitudes.

Pour le président de la BNS Jean-Pierre Roth, cette décision de relèvement du taux directeur ne devrait pas engendrer de mouvement abrupt sur les marchés financiers.

Fondamentalement, la BNS estime que l’activité économique en Suisse croît en ligne avec ses propres attentes. L’institut d’émission table sur une croissance proche de 2% cette année. Et ce, malgré une hausse des prix du brut qui pousse temporairement les prix vers la haut.

Reste que, toujours selon la BNS, le risque d’inflation demeure «modeste». «La hausse des prix du pétrole jette une ombre sur les perspectives de croissance de l’économie, toutefois globalement optimistes», a commenté Jean-Pierre Roth.

Pour le même Jean-Pierre Roth, l’effet taux de change a permis de réduire l’impact de la hausse du brut sur l’économie suisse. Le taux d’inflation devrait approcher 0,6% cette année, 1% en 2005 et 2% en 2006, estime la banque.

Techniquement, la BNS a donc fait passer la marge de fluctuation du Libor (taux d’intérêt de référence pour les prêts interbancaires sur la place de Londres) pour les dépôts à trois mois en francs de 0-0,75% à 0-1%. Avec l’objectif de le maintenir autour de 0,5%.

Politique expansionniste

Malgré ce mouvement à la hausse, la banque nationale indique qu’elle s’en tiendra à sa politique monétaire expansionniste. En clair: elle continuera à soutenir la croissance tout en maintenant l’attractivité du franc pour les investisseurs à un faible niveau.

«Cette hausse du taux d’intérêt doit être vue comme un pas approprié vers une politique monétaire plus neutre après une période où les circonstances ont été particulières», a indiqué Jean-Pierre Roth.

Avant d’ajouter que la banque «agirait de manière appropriée» au cas où la croissance devait tarder en raison d’événements inattendus ou si le franc devait s’apprécier fortement.

«Comme dans le passé, la Banque nationale suisse garde toutes les options ouvertes», a souligné son président.

Analyste auprès d’UBS, première banque du pays, Reto Huenerwadel rappelle qu’en matière de taux d’intérêt, tout est question de timing.

«Ce relèvement est une surprise, c’est vrai. Nous ne l’attendions pas. L’impression prévaut que la BNS choisit une approche graduelle. On peut parler de fine tuning», constate l’analyste.

Poursuite sur cette lancée

Chez Goldman Sachs, sa collègue Ines Lopes indique ne pas être surprise par la décision de la BNS. «Ils ont fait le bon choix. La croissance est partie et l’inflation en train de pointer le nez… La demande va commencer à exercer une certaine pression ces prochains mois».

Ines Lopes toujours: «Je m’attends à ce qu’ils poursuivent sur leur lancée en septembre, avec un relèvement d’un quart de point. Je ne crois pas qu’ils souhaitent se montrer très agressifs dans l’environnement actuel».

Autre réaction, celle d’economiesuisse, relativement critique. Pour l’association patronale, ce coup de frein donné par la BNS n’a pas de justification économique.

Economiste auprès de l’Union syndicale suisse, Serge Gaillard décrit pour sa part cette politique comme «risquée» à l’égard des taux de changes.

Parmi les quatre principales banques centrales du monde, seule la Banque d’Angleterre a déjà fait grimper le coût de l’argent cette année.

Pas plus tard que début juin, la Banque centrale européenne a quant à elle laissé inchangé son taux directeur à 2%, soit le double du principal taux piloté par la Fed (United States Federal Reserve).

Un secteur amaigri

A Genève, la BNS s’est également exprimée jeudi sur les bénéfices annoncés par les banques suisses l’an dernier. Ces derniers ont atteint 12,9 milliards de francs, en hausse de 8,4% par rapport à 2002.

Dans les grandes banques et les banques cantonales, cette performance s’explique surtout par la faiblesse relative des ajustements de valeurs et dépréciations, contrairement à l’année précédente.

Reste que 34 institutions financières ont terminé dans le rouge l’an dernier, avec un «trou» de 108 millions de francs, rapportent les économistes de la BNS.

A fin 2003, le secteur bancaire occupait en Suisse 112’915 collaborateurs. Soit 5’410 de moins qu’un an auparavant (- 4,6%).

swissinfo et les agences

De manière surprenante, la Banque nationale suisse relève son taux directeur

Elle donne son premier coup de frein depuis quatre ans à sa politique expansionniste

La marge de fluctuation du Libor pour les dépôts à trois mois en francs passe à 0-1%

La BNS ne voit aucun risque pour la croissance économique en Suisse, malgré les incertitudes

La BNS souhaite maintenir le Libor à trois mois dans la zone médiane de fluctuation, soit autour de 0,5%.

La banque attend une croissance économique de l’ordre de 2% en Suisse cette année, et une inflation proche de 0,6%.

Dans le monde, la Banque d’Angleterre est le seul des quatre principaux instituts d’émission à avoir relevé ses taux cette année.

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