Des perspectives suisses en 10 langues

La banque de données ADN a fait ses preuves

Les prélèvements d'ADN sont analysés et conservés dans de petites fioles. Keystone

En cinq ans, la banque de données de profils ADN de l'Office fédéral de la police (fedpol) a permis d'éclaircir plus de 10'000 délits.

Avec les empreintes génétiques, les criminels peuvent être identifiés même après des années, voire des dizaines d’années.

La chasse aux délinquants assistée par les analyses d’ADN – la substance chimique contenant l’information héréditaire humaine et qui se trouve dans chaque cellule du corps humain – n’appartient plus uniquement au monde des polars.

Ces vingt dernières années, les progrès scientifiques ont profondément changé le travail de la police. Elle a aujourd’hui la possibilité de démasquer un criminel en analysant par exemple des traces organiques comme des cheveux trouvés sur les lieux d’un crime.

Pour faciliter le travail des enquêteurs, la Suisse a décidé de constituer des banques de données ADN (acide désoxyribonucléique). L’expérience a débuté en 2000. Il s’agissait ensuite d’adapter la législation à la pratique.

En 2005, la loi sur les profils ADN est entrée en vigueur, après une phase expérimentale de quatre ans. Le Parlement a décidé que l’analyse d’ADN pouvait être utilisée de manière générale pour élucider crimes et délits.

10’129 concordances

De juillet 2000 à fin février dernier, plus de 83’000 profils ADN ont ainsi été collectés par les cantons. Il s’agit de 71’450 profils relatifs à des personnes et de 11’716 profils relatifs à des lieux d’infractions.

Les enquêteurs ont pu établir 10’129 «hits», soit des concordances entre des lieux d’infractions et des personnes enregistrées dans la banque de données.

Cette méthode a notamment permis de confondre, onze ans après les faits, l’assassin de Brigitte Didier, condamné à la prison à perpétuité pour le viol et le meurtre de la jeune fille de 18 ans, ainsi que le «pervers» de Vevey, qui a été interné après le meurtre de trois femmes.

Au total, pas moins de 2589 «hits» ont été réunis l’an dernier, dont 41 relatifs à des homicides, 68 à des lésions corporelles, 4 à des actes d’ordre sexuel avec des enfants et 57 à des contraintes sexuelles.

Le reste concerne des cambriolages (1592), des vols (632), des brigandages (123) et des dommages à la propriété (72).

Pratiquement infaillible

Le canton de Zurich est le principal pourvoyeur de profils ADN. Il s’agit d’un excellent moyen de preuve, complémentaire aux empreintes digitales et pratiquement infaillible, souligne Marcel Seiler, responsable du service de technique criminelle de la police cantonale zurichoise.

Le chef de la section criminelle de la police cantonale bernoise, Peter Baumgartner, vante lui aussi les mérites de l’identification par comparaison de profils ADN et relève que la méthode prend moins de temps qu’auparavant.

swissinfo et Thomas Brunner, AP

– En Grande-Bretagne, les autorités ont constitué une banque de données de 2,7 millions de personnes, soit 5,2% de la population. Pour être «fiché», il suffit d’avoir été arrêté ou inculpé.

– La Suisse s’est inspirée du modèle britannique pour lancer sa banque de données ADN en 2000. Par la suite, une loi a été adoptée pour donner une base légale à ce qui n’était encore qu’une expérience.

– La loi fédérale sur les profils ADN est entrée en vigueur le 1er janvier 2005. Elle permet à la police d’effectuer des prélèvements par exemple sur les lieux d’un cambriolage ou lors de l’arrestation d’un suspect. Mais les dossiers restent anonymes.

– En cas d’acquittement, le profil ADN doit automatiquement être effacé de la banque de données.

Actuellement, la banque de données de fedpol compte plus de 83’000 profils.
71’450 sont relatifs à des personnes et 11’716 à des lieux d’infractions.
Les enquêteurs ont établi 10’129«hits» (concordances entre des lieux d’infractions et des personnes enregistrées) qui ont permis d’éclaircir plusieurs affaires.
Un frottis de la muqueuse jugale coûte 170 francs et un profil global 500 francs.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision