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Bolivie: Evo Morales revendique la lutte du Che, 50 ans après sa mort

Evo Morales (deuxième de la colonne) s'est mis dans les pas de Che Guevara en empruntant le même sentier à travers la montagne. KEYSTONE/EPA ABI/EFE/AGENCIA BOLIVIANA DE INFORMACI / HANDOUT sda-ats

(Keystone-ATS) Le président bolivien Evo Morales a rendu hommage lundi à Ernesto Che Guevara, à l’occasion du 50e anniversaire de la mort du guérillero argentin. Il s’est revendiqué de son combat contre le capitalisme.

“La meilleure manière de rendre hommage au Che est de poursuivre sa lutte anti-impérialiste”, a déclaré le chef de l’Etat, lors d’une cérémonie organisée à Vallegrande (sud-est), où ont été retrouvés les restes du révolutionnaire. L’affluence à la cérémonie était toutefois bien moindre que prévu: quelque 2000 personnes, alors que les autorités en attendaient 10’000.

“Jamais le Che n’a été aussi nécessaire qu’aujourd’hui, il est plus vivant encore et (sa pensée) se projette avec plus de forces vers l’avenir”, a-t-il ajouté

Dans les pas du Che

Parmi le public se trouvaient notamment les quatre enfants du Che, les ex-guérilleros Leonardo Tamayo Nuñez (alias “Urbano”) et Harry Villegas Tamayo (alias “Pombo”), ainsi que le vice-président cubain, Ramiro Valdés.

Dimanche, Evo Morales, l’un des derniers dirigeants de gauche dans une Amérique du Sud qui bascule progressivement à droite, avait mis ses pas dans ceux du guérillero argentin en empruntant le même sentier à travers la montagne. Il a campé dans un sac de couchage sous une tente et a accueilli lundi des dignitaires de pays alliés.

Le même jour, Cuba avait aussi rendu hommage au Che, fustigeant “l’impérialisme” américain devant une foule de 70’000 personnes rassemblées à Santa Clara (centre). Pour l’occasion, le président Raul Castro avait laissé la parole à Miguel Diaz-Canel, numéro deux du régime et probable successeur.

“Ne blâmons pas nos soldats”

En Bolivie, où le programme d’hommages a débuté jeudi, militants, nostalgiques de la révolution en treillis vert olive et ex-guérilleros se sont réunis ces derniers jours à Vallegrande, village situé à 240 km de Santa Cruz (est). Ernesto Guevara a été exécuté par un soldat bolivien à 39 ans, le 9 octobre 1967.

La semaine dernière, Evo Morales a accusé directement la CIA de l’avoir “persécuté, torturé et assassiné” lors de ses 11 mois de guérilla en Bolivie.

Lundi, il a également pris la défense de l’armée bolivienne. “Ne blâmons pas nos soldats qui obéissaient à des ordres, blâmons les agents de la CIA et les généraux qui se sont subordonnés”, a-t-il lancé.

Critiqué par l’armée qui aurait souhaité une cérémonie en son hommage plutôt qu’en celui du Che, M. Morales a jugé “nécessaire de dire qu’il ne s’agissait pas d’une invasion car sur les 50 guérilleros (du Che), 26 étaient des frères boliviens qui luttaient au côté du Che pour la libération de notre pays”.

Le corps du guérillero argentin, jeté dans une fosse en Bolivie, a été découvert et identifié en 1997 avant de retourner en grande pompe à Cuba pour un hommage national. Ses restes ont été placés dans un mausolée surmonté d’une imposante statue de bronze dans “sa” ville de Santa Clara.

Origines bourgeoises

Ernesto “Che” Guevara est né le 14 juin 1928 à Rosario, en Argentine, au sein d’une famille bourgeoise. Médecin de formation, il parcourt très jeune à vélo et à moto l’Amérique latine où il prend conscience de la misère des plus démunis du continent, et plus particulièrement les communautés indigènes.

En 1955, il rencontre Fidel Castro en exil au Mexique et rejoint les rangs des révolutionnaires cubains dans la guérilla contre Batista. Dix ans plus tard, il s’éloignera de Cuba et des Castro pour mener de nouveaux combats.

“D’autres terres du monde réclament la contribution de mes modestes efforts”, écrira-t-il en 1965 à Fidel Castro en prenant congé pour porter l’insurrection en Afrique notamment. Cette lettre se terminait par une phrase devenue célèbre: “Hasta la victoria, siempre” (“Jusqu’à la victoire, toujours!”).

S’ensuivirent des mois de “disparition” alors qu’il était au Congo à tenter – sans succès – d’y imposer la révolution armée, avant d’engager en Bolivie sa dernière guérilla.

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