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La cagnotte du WEF inégalement répartie

Les grands hôtels, bénéficiaires privilégiés du WEF. swissinfo.ch

L’avantage économique que Davos tire du WEF est dix fois supérieur à ses coûts. Mais commerçants et petits hôtels estiment que cette manne leur échappe en partie.

Quasiment tout le monde s’accorde sur la nécessité d’attirer les touristes pendant le forum.

Les bénéfices que retirent Davos, les Grisons et la Suisse de la tenue du Forum économique mondial (WEF) ont été chiffrés par l’Université de Saint-Gall, qui s’est fondée sur l’édition 2001.

Pour la station d’hiver, la manne avoisine les 23 millions de francs (effets induits compris). En regard, ses coûts (sécurité, chiffres d’affaires minorés, etc) ne dépassent pas 2 à 2,5 millions.

Grâce au WEF, hôtellerie et gastronomie enregistrent à elles seules un chiffre d’affaires direct de près de 11 millions.

L’étude ne cache pas qu’une part importante des revenus est drainée par quinze ou vingt entreprises, qui en tirent 15 à 20% de leur chiffre d’affaires annuel.

Les auteurs estiment aussi que, sans le WEF, l’industrie hôtelière davosienne devrait tirer un trait sur 400 emplois.

La Suisse bénéficiaire

Ce n’est pas tout. Le canton des Grisons et la Suisse bénéficient également de la tenue du WEF, puisque la moitié du revenu total (42 millions) vient remplir des poches hors de Davos. Notamment celles des entreprises de transports et de services.

Ces avantages économiques dépassent de loin le coût global engendré par la tenue du forum, que l’Université de Saint-Gall situe à 11 millions.

Mais la nuance s’impose. S’il est en partie remboursé par les impôts générés par le WEF, cet argent sort en majorité des caisses publiques. Ce que ne manquent pas de critiquer les opposants au WEF.

A cet égard, on notera que les autorités ont réduit leur enveloppe globale dédiée à la sécurité (10 millions, contre 13,5 en 2003).

Reste qu’aux yeux du juriste communal de Davos, l’étude st-galloise garde toute son actualité.

«Il faut savoir que, cette année, les effets commerciaux du WEF sont comparables à ceux de 2001», assure Stefan Staub.

Bon pour l’image

Officiellement, le WEF est donc une excellente affaire pour la station grisonne. «En termes d’image, le forum est essentiel pour nos activités de congrès et d’affaires», confirme le patron de Davos Tourisme.

«Et le temps d’une semaine, il nous permet de remplir 6000 de nos 24’000 lits», poursuit Armin Egger.

Le président des hôteliers davosiens attribue plusieurs bienfaits au WEF. Pour Mario Gubser, le forum permet de compenser le trou touristique de janvier et de maintenir les prix de Noël et Nouvel an.

Le WEF est ses hôtes illustres est aussi la garantie pour les grands hôtels de se confronter aux standards de qualité internationaux.

«Sans le WEF, il faudrait tirer un trait sur un tiers des investissements dans nos hôtels, constate aussi Mario Gubser. Le forum nous apporte les liquidités nécessaires.»

Oubliées, les années 90

Ceci dit, tout n’est pas entièrement rose. Pour les restaurants et de nombreux commerces, les généreux chiffres d’affaires de la fin des années 90 sont oubliés.

Plusieurs raisons à cela. Les touristes fuient durant le WEF, les congressistes ne sortent plus de leurs hôtels pour s’adonner au «shopping» et les forces de l’ordre ont trouvé des solutions moins onéreuses pour nourrir leurs troupes.

«Beaucoup de commerces doivent payer (par leur manque à gagner) pour le bénéfice des grands hôtels», va jusqu’à affirmer le président des commerçants locaux.

Mais selon Claudio Kindisch, ces derniers ne restent pas les bras croisés. Cette année, les magasins ont modifié leurs heures d’ouvertures pour tenter les congressistes.

Le président des commerçants appuie une autre idée, qui paraît susciter une large adhésion dans la station d’hiver.

«Marketing à l’appui, nous devons absolument améliorer l’image de Davos durant le WEF, explique Claudio Kindisch. La peur des manifestations fait fuir les touristes. Il faut montrer que c’est injustifié».

Jusqu’ici, l’édition 2004 du WEF penche en sa faveur.

swissinfo, Pierre-François Besson, à Davos

– Le WEF (édition 2001) engendre un chiffre d’affaires de 42 millions de francs pour la Suisse, dont 23 millions à Davos. La station exceptée, les Grisons empochent entre un et 2 millions.

– A l’échelle suisse, les bénéfices économiques du WEF se retrouvent surtout chez les entreprises de services et de transport (aérien notamment), ainsi que dans la restauration et l’hôtellerie.

– Dans la station elle-même, l’hôtellerie et la gastronomie se mettent 11 millions dans la poche, le commerce de détail deux millions, la construction un million, les services de transport 750’000 francs.

– L’effort sécuritaire produit la grande majorité des coûts. Cette année, il devrait revenir à 10 millions, assumés par les Grisons (2 millions), Davos (1), le WEF (2), et la Confédération (3, plus une garantie de déficit de 2 millions).

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