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La campagne se fait plus agressive à droite

Les dirigeants de l'UDC ont donné un tour de vis supplémentaire dans la campagne électorale en cours. Keystone

Quatre ans après son élection au Conseil fédéral, Christoph Blocher continue à diviser. Alors que son parti en fait une figure forte de sa campagne électorale, sa présence suscite aussi des manifestations.

Une situation dont son parti entend tirer avantage. Il dénonce un «plan secret» de la gauche et d’autres partis pour bouter Christoph Blocher hors du gouvernement.

Lundi soir, une centaine de personnes ont manifesté bruyamment à Reconvilier, dans le Jura bernois, contre la présence de Christoph Blocher, orateur invité d’une réunion d’information de son parti l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste), en vue des élections fédérales.

Le discours du ministre de Justice et Police n’a pas été perturbé, mais quelques incidents ont éclaté lorsque le public a quitté la salle. Plusieurs dizaines de policiers ont dû repousser les manifestants altermondialistes pour permettre au public de quitter le bâtiment où Christoph Blocher s’exprimait.

La venue de Christoph Blocher ou de l’UDC dans l’Arc jurassien ces dernières années a souvent suscité des manifestations. Cela avait par exemple été le cas en 2005, lors du Marché-Concours de chevaux à Saignelégier ou lors de l’assemblée des délégués de l’UDC à La Chaux-de-Fonds.

Ces derniers temps, sa venue, ou une réunion de l’UDC, ont également suscité des protestations à Liestal, à Winterthour et à Berne.

Pour sa part, Christoph Blocher affectionne ce type de confrontation, comme il le laissait entendre lors d’un discours qu’il a tenu à Meilen en mars 2007. «Depuis le début, notre parti n’a pas eu peur de mener campagne contre la gauche. Et c’est aujourd’hui encore une qualité de l’UDC de ne pas craindre de descendre dans l’arène politique.»

La théorie du complot

De leur côté, les stratèges de l’UDC voient les choses différemment et craignent que leur figure de proue soit évincée du gouvernement. Ils ont par conséquent choisi de de thématiser ce risque d’éviction pour alimenter leur campagne électorale.

Dans des annonces parues dans la presse, l’UDC dénonce ainsi un «plan secret contre Christoph Blocher» et stigmatise le «complot» ourdi par certains parlementaires pour bouter le ministre de Justice et Police hors du Conseil fédéral.

En fait de plan secret, les annonces de l’UDC alignent les citations publiques de parlementaires issus de divers partis qui tous se disent opposés à la réélection de Christoph Blocher.

L’UDC dans l’opposition

Lors d’une conférence de presse lundi à Berne, le président de l’UDC Ueli Maurer a ainsi déclaré que les élections parlementaires du 21 octobre seront aussi des «élections populaires anticipées au Conseil fédéral.»

Si, le 12 décembre prochain, l’Assemblée fédérale ne réélit pas Christoph Blocher et le second ministre UDC Samuel Schmid, le parti quittera alors le gouvernement et entrera dans l’opposition, a-t-il annoncé.

Selon l’UDC, «les intrigues, fomentées par la gauche et certains de ses complices» du centre droite s’intensifient en coulisses pour écarter Christoph Blocher du gouvernement. En ouvrant ainsi un front contre l’UDC, «la gauche et des représentants du centre, sont tout simplement en train de détruire notre système de concordance», a estimé Ueli Maurer.

Attirer l’attention

Réagissant aux accusations de l’UDC quant à l’existence d’un «plan secret», les Verts ont fait savoir qu’il s’agissait là de «pure propagande électorale». «Nous encourageons publiquement les autres partis à ne pas réélire Christoph Blocher», a déclaré à swissinfo leur secrétaire général Hubert Zurkinden.

Quant au quotidien zurichois «Tages Anzeiger», il juge que l’UDC a ainsi «trouvé une nouvelle façon d’attirer l’attention étant donné que, jusqu’ici, sa campagne électorale ne fonctionne pas de manière optimale.»

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Concordance

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Un Vert plutôt qu’un UDC

Publié lundi par l’institut CBS Suisse, un sondage montrait par ailleurs que 32% des Suisses pensent que l’entrée d’un Vert au gouvernement devrait se faire au détriment de l’UDC. Sur 1000 personnes interrogées, 48% estiment en effet que les Verts ont droit à un siège au gouvernement.

A l’opposé, 33% des sondés estiment que les écologistes n’ont pas leur place au Conseil fédéral. Quelque 14% ôteraient un siège au Parti socialiste, 10% au Parti radical démocratique (droite), et 7% déposséderaient le Parti démocrate-chrétien (centre droite) de son unique fauteuil.

swissinfo et les agences

Force des partis selon le dernier baromètre électoral (entre parenthèses : élections 2003)
Union démocratique du centre (UDC) : 26,2% (26,7%)
Parti socialiste (PS) : 21,6% (23,3%)
Parti radical-démocratique (PRD) : 16,2% (17,3%)
Parti démocrate-chrétien (PDC) : 14,6% (14,4%)
Les Verts : 10,3% (7,4%)

En Suisse, le gouvernement est élu tous les quatre ans par le parlement. Pour les ministres qui se représentent, la réélection est généralement une formalité.

A trois reprises seulement, l’Assemblée fédérale n’a pas réélu les membres sortants du gouvernement:

– le 10 décembre 2003, Christoph Blocher avait été élu à la place de Ruth Metzler, pourtant conseillère fédérale en fonction et candidate à sa réélection.

– en 1872, le Genevois Jean-Jacques Challet-Venel n’avait pas été réélu à cause de son opposition à la révision de la Constitution fédérale.

– en 1854, Ulrich Ochsenbein avait également été évincé par manque de soutien politique.

2 UDC: Samuel Schmid (ministre de la Défense), Christoph Blocher (ministre de Justice et Police).

2 socialistes: Moritz Leuenberger (ministre de la Communication), Micheline Calmy-Rey (ministre des Affaires étrangères et présidente de la Confédération en 2007).

2 radicaux: Pascal Couchepin (ministre de l’Intérieur et vice-président en 2007), Hans-Rudolf Merz (ministre des Finances).

1 démocrate-chrétienne: Doris Leuthard (ministre de l’Economie).

La fonction de président/e de la Confédération est une fonction de représentation. Elle est limitée à un an, selon un principe de rotation.

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