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La chimie bâloise va payer pour Bonfol

Une action de Greenpeace à Bonfol en l'an 2000. Keystone

Le canton du Jura et la commune de Bonfol ne paieront rien pour l'assainissement de la décharge chimique de Bonfol. La chimie bâloise prend les coûts à sa charge.

En 2000, le canton du Jura et les écologistes avaient demandé l’assainissement de la décharge qui avait été exploitée par la chimie bâloise entre 1961 et 1975.

Durant cette période, ces entreprises ont produit ou traité au moins 38 substances dont la fabrication engendre la production de dioxines, furannes et PCB. A l’époque, Bonfol était la seule décharge légale de déchets chimiques.

Le projet d’assainissement était bloqué depuis plusieurs mois sur la question de la répartition des coûts des travaux, estimés à quelque 280 millions de francs. La l’industrie chimique bâloise (bci) refusait en effet de signer un papier dans lequel elle s’engageait auprès du canton du Jura à prendre à sa charge l’ensemble des frais d’assainissement.

De leur côté, les autorités jurassiennes ne voulaient pas délivrer d’autorisation de procéder à l’assainissement. Elles exigeaient au préalable la garantie que les collectivités publiques ne doivent pas passer à la caisse.

Une situation débloquée

La convention signée jeudi à Delémont entre l’industrie chimique bâloise et le gouvernement jurassien débloque la situation.

Sur requête de la chimie bâloise, le canton du Jura établira une répartition des responsabilités entre tous les pollueurs qu’il aura pu identifier. Il répartira ensuite les coûts entre ces différents acteurs. Mais la convention exonère le canton du Jura ainsi que la commune de Bonfol, qui ont exprimé leur satisfaction.

«Une telle procédure respecte l’engagement initial de la chimie bâloise d’épargner les collectivités publiques jurassiennes», a relevé le ministre jurassien Laurent Schaffter. «Je ne vous cache pas que durant plusieurs mois nous avons mené des négociations qui ont parfois été difficiles», a-t-il ajouté.

Le rôle de la Confédération

Les autres pollueurs devraient eux passer à la caisse. Mais la Confédération pourrait prendre en charge, par le biais d’un fonds, une partie de cette facture si les entreprises ou entités qui ont participé à la création de cette décharge ou qui y ont déposé des déchets ne sont aujourd’hui plus en mesure de le faire.

L’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) s’impliquera aussi dans le projet au titre d’autorité de surveillance. «Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour déceler et résoudre rapidement les problèmes et les éventuelles situations de conflit», a précisé son représentant Bernhard Hammer.

Une satisfaction unanime

«Cette convention met un point final à une période d’incertitudes de plusieurs mois», estime pour sa part Rolf Bentz, président du conseil d’administration de la bci. Canton et chimie se réjouissent en particulier que cette solution permette d’éviter de recourir à la voie juridique.

Même l’observateur de Greenpeace a exprimé sa satisfaction. «La convention consacre le principe du pollueur-payeur», a ainsi relevé Matthias Wüthrich. Pour le responsable du mouvement écologiste, cet accord a permis d’éliminer les obstacles administratifs.

Le Collectif Bonfol, qui regroupe le WWF, les Verts français, le syndicat Unia, Pro Natura et Greenpeace, affiche aussi un optimisme prudent. «Il semble que le canton du Jura ait résisté aux pressions de la BCI», a estimé le Collectif en soulignant que chimie devait répondre à des questions concernant les dioxines et la sécurité.

Le calendrier

L’approbation du projet d’assainissement par l’Office des eaux et de la protection de la nature du canton du Jura permettra à la bci d’attribuer les travaux aux consortiums. Au début de l’année prochaine, la bci veut présenter à la population les consortiums retenus pour les travaux.

Le permis de construire doit être délivré à l’automne 2006. Le début des travaux d’excavation est prévu pour le 2e semestre 2008. Les déchets éliminés par incinération.

La décharge de Bonfol a été exploitée par la chimie bâloise de 1961 à 1975. Elle contient 114 000 tonnes de déchets chimiques et industriels. Le canton du Jura a exigé l’assainissement total du site en janvier 2000.

swissinfo et les agences

La décharge de Bonfol a été exploitée par la chimie bâloise de 1961 à 1975.
Elle contient 114’000 tonnes de déchets chimiques et industriels.
Le canton du Jura a exigé son assainissement total en janvier 2000
Le coût de l’opération est estimé à 280 millions de francs

– L’Industrie chimique bâloise (BCI) est une communauté d’intérêt fondée en 1962.

– Ses membres sont Novartis, Roche, Ciba Specialité Chimique, Clariant, SF-Chem, Syngenta, Henkel et Rohner.

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