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La Chine gourmande en entreprises européennes

Le rachat du groupe agrochimique bâlois Syngenta par le géant chinois ChemChina, pas encore finalisé, se monte à plus de 44 milliards de dollars (42,7 milliards de francs) (archives). KEYSTONE/ENNIO LEANZA sda-ats

(Keystone-ATS) L’appétit de la Chine pour les entreprises européennes, et surtout allemandes, a atteint sur la première moitié de l’année 2016 un niveau inédit, selon une étude du cabinet d’audit et de conseil EY. La plus importante transaction a eu lieu en Suisse.

Le rachat du groupe agrochimique bâlois Syngenta par le géant chinois de la chimie ChemChina, pas encore finalisé, se monte en effet à plus de 44 milliards de dollars (42,7 milliards de francs).

Il s’agit là de loin de la plus importante acquisition d’une société européenne par des investisseurs chinois, ressort-il de l’étude menée par EY, publiée jeudi. L’opération se heurte toutefois encore aux autorités américaines, qui pourraient opposer leur veto.

Gategroup dans le top cinq

De son côté, le rachat du spécialiste zurichois de la restauration et des services à bord Gategroup par le conglomérat chinois HNA Group, pour 1,5 milliard de dollars, prend la cinquième place des plus importantes transactions. Au premier semestre, le total des acquisitions chinoises en Suisse s’élève donc à 45,8 milliards de dollars.

A titre de comparaison, les investisseurs chinois avaient seulement déboursé 4 milliards de dollars pour des entreprises suisses sur l’ensemble de l’année dernière. Le précédent record remontait à 2009, avec 7,2 milliards.

Au premier semestre de cette année, neuf sociétés suisses sont passées en mains chinoises. C’est autant que sur les années 2014 et 2015 cumulées.

L’Allemagne ciblée

Au niveau européen, l’Allemagne est restée la cible d’investissement numéro un, avec 37 acquisitions réalisées, résume EY. C’est au total pas moins de 10,8 milliards de dollars qui ont été placés par des investisseurs chinois dans des entreprises allemandes, pour beaucoup industrielles, sur le seul premier semestre 2016, contre 526 millions pour l’ensemble de l’année 2015.

Le rachat en cours, malgré des grincements de dents à Berlin, du fabricant de machines-outils Kuka par le géant chinois de l’électroménager Midea constitue la troisième plus grosse acquisition d’un groupe européen par un chinois, derrière celle de Syngenta et celle annoncée fin juin du concepteur finlandais de jeux vidéo Supercell.

Réorientation chinoise

“Avec une croissance ralentie sur leur marché domestique, les entreprises chinoises se voient forcées de développer de nouveaux champs d’activité et de se déplacer de la production de masse vers la haute technologie et la spécialisation” et “le chemin le plus rapide pour cela est l’acquisition de leaders de marché étrangers”, explique Yi Sun, partenaire de EY Allemagne.

Sur l’ensemble de l’Europe, ce sont 164 entreprises qui ont été entièrement rachetées ou bien ont vu des Chinois prendre une participation dans leur capital. Le record de 2015 avec des investissements dans 183 entreprises en Europe, dont 39 en Allemagne, devrait être largement dépassé en 2016.

Après l’Allemagne, c’est la France et le Royaume-Uni qui ont le plus les faveurs des investisseurs chinois. La Chine est quant à elle au troisième rang des investisseurs en Allemagne au premier semestre 2016, derrière les Etats-Unis (64 acquisitions) et la Suisse (45 acquisitions).

“La plupart des investisseurs chinois poursuivent une approche stratégique et de long terme, qui peut profiter tant à l’acheteur qu’à l’acheté”, assure Yi Sun, soulignant que la plupart des entreprises rachetées sont des sociétés à la pointe technologiquement et donc guère délocalisables.

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