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La collecte des signatures pour l’initiative de limitation débute

Indignation de l'UDC lors de la mise en oeuvre de l'initiative contre l'immigration de masse. La deuxième initiative vise à mettre fin à la libre circulation des personnes avec l'UE (archives). KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) L’UDC et l’ASIN ont lancé mardi la collecte des signatures pour son initiative “Pour une immigration modérée”. Celle-ci vise à mettre fin à la libre circulation des personnes avec l’UE. Le parti a jusqu’au 18 juillet 2019, pour récolter 100’000 signatures.

Depuis quelques années, l’immigration en Suisse échappe à tout contrôle, ont dit mardi à la presse l’UDC et l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN). Argumentaire de plus de 60 pages à l’appui, ils annoncent vouloir retrouver une “immigration modérée”.

Les initiants veulent renégocier l’accord “nuisible” de libre circulation avec l’UE, ou, le cas échéant, le dénoncer. Autrement, “nous ne reconnaîtrons plus notre pays et nous perdrons pour toujours notre prospérité”, martèlent-ils dans un communiqué.

“Un pays libre et souverain comme la Suisse doit régler de manière autonome l’immigration sur son territoire. La plupart des Etats performants du monde agissent ainsi”, a ajouté le président du parti Albert Rösti. Les pays ont tendance à durcir leur loi sur l’immigration afin de répondre à des critères strictement économiques. L’initiative vise précisément à “redonner à la Suisse cette liberté d’action”.

Décision souveraine

Les entreprises doivent continuer à pouvoir recruter la main d’oeuvre nécessaire à l’étranger, lorsqu’elles en ont besoin et qu’elle n’est pas disponible en Suisse, rappelle l’UDC. Mais la décision doit être prise de manière souveraine.

“Les Suisses n’ont rien gagné avec la libre circulation des personnes”, dénonce pour sa part Céline Amaudruz, vice-présidente du parti. Les salaires stagnent alors que les dépenses fixes, loyer et impôts, augmentent. La qualité de vie se détériore petit à petit, tout comme le marché du travail.

“De 1945 à 2001, la croissance du produit intérieur brut (PIB) était en moyenne de 2%. Depuis l’introduction de la libre circulation en 2006, elle est nulle”, rappelle le conseiller national Thomas Matter (ZH).

La part de marché des exportations suisses dans l’UE a également diminué depuis 2007 de 64,3% à 48,3% en 2016. Les exportations sont plus importantes vers l’Asie et l’Amérique alors qu’aucun accord comparable aux bilatérales I n’existe avec ces pays. Et d’ajouter que “c’est l’accord de libre-échange de 1972 qui assure aux deux partenaires l’accès aux marchés suisses et UE”.

De plus, aucun des accords bilatéraux I avec l’UE n’est indispensable à la Suisse, selon M. Matter. Ils ont été conclus à la faveur de l’Union européenne.

Un an pour négocier

Si l’initiative était acceptée par le peuple, le Conseil fédéral aurait un an pour négocier la fin de la libre circulation avec Bruxelles. Au cas où aucune solution ne serait trouvée, il faudrait dénoncer dans le mois qui suit les accords bilatéraux I, dont fait partie l’accord de libre circulation.

Pour la droite dure, la loi d’application de la première initiative contre l’immigration de masse, acceptée le 9 février 2014, ne répond pas fidèlement à la volonté du peuple. Avec cette deuxième initiative, le Conseil fédéral n’aurait plus aucun moyen d’esquiver une mise en oeuvre stricte.

Résistance face au danger

Parallèlement, le mouvement Opération Libero organise la résistance “contre ce hold-up de nos libertés”, écrit-il dans un communiqué. Il veulent lancer une campagne pour récolter 100’000 signatures.

Aucune date n’est précisée. Mais pour l’instant, il s’agit de mobiliser autant de forces que possible pour déclencher le lancement de la campagne, souligne Opération Libero.

PS et PDC rejettent l’initiative lancée par l’UDC. Elle provoquerait la mort des accords bilatéraux, estiment les deux partis. Elle supprimerait également les mesures d’accompagnement qui assurent les salaires décents ainsi que les conditions de travail correctes en Suisse, ajoute le parti socialiste. Pour le PDC, elle provoquera une exclusion totale de la Suisse de la zone économique européenne.

Le Nouveau mouvement européen Suisse (Nomes) s’engage également face à l’UDC. La fin de la voie bilatérale “représenterait pour notre pays une évolution des plus dommageables et dangereuses”. Il soutient également une discussion ouverte et factuelle sur les alternatives possibles aux accords bilatéraux, en particulier sur une possible adhésion de la Suisse à l’UE.

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