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La curiosité infinie du réalisateur zurichois Christoph Schaub

(Keystone-ATS) Les 53e Journées de Soleure débutent jeudi. Le festival du cinéma suisse dédie cette année un programme spécial à Christoph Schaub. Le réalisateur zurichois a tourné avec des acteurs de renom comme Bruno Ganz.

Au cœur du quartier, le Kreis 4 à Zurich, dans un bureau sans fioritures situé dans un immeuble qui l’est tout autant, le réalisateur Christoph Schaub nous accueille entre de simples étagères, des tonnes de documents et une chaise abîmée. On oublierait presque que l’on se trouve dans le monde glamour du cinéma, si les murs n’avaient pas été couverts d’affiches de ses films, la plupart traduits en français: “La disparition de Julia” (“Giulias Verschwinden”), “Dreissig Jahre”, “Amour secret” (“Still Liebe”).

Ces quelques oeuvres ont été tournées par le Zurichois au cours des dernières décennies. Christoph Schaub est l’un des réalisateurs alémaniques les plus renommés de sa génération. En plus de réussites commerciales comme “La disparition de Giulia”, avec Bruno Ganz et Corinna Harfouch, il a tourné des films documentaires, principalement sur l’architecture.

Son travail comprenant près de 30 films sera présenté lors du programme spécial “Rencontre” des 53e Journées de Soleure, qui commence jeudi. Les spectateurs pourront voir ses œuvres connues et celles qui le sont moins, mais aussi assister à une table ronde sur le thème “architecture et cinéma”. Avoir ses films présentés à Soleure dans un programme spécial est une “reconnaissance importante de son travail”, déclare Christoph Schaub dans une interview accordée à l’ats.

Des films militants aux œuvres sentimentales

Né en 1958 à Zurich, Christoph Schaub décide de son engagement après une jeunesse “sauvage” passée dans les années 80: il transmettra les messages de la gauche alternative dans le monde et fera des films. Il combine ainsi la politique avec l’art, à travers des œuvres engagées sur les mouvements de la jeunesse zurichoise.

Toutefois, l’esthétisme du réalisateur reprend vite le dessus. “Je voulais être plus qu’un porte-parole d’une opinion politique avec mes films.” Il se détourne alors de ses ‘films de propagande’, comme il les appelle aujourd’hui en rigolant. Et c’est en 1987 que sort son premier long-métrage “Wendel”, une histoire assez personnelle sur l’amitié masculine.

À cette époque, déjà, l’autodidacte se distingue de ses confrères par une curiosité presque infinie. Le cinéaste militant s’est transformé en réalisateur. Il filme à la fois des drames, des comédies ou des documentaires, sans cesser de toujours chercher à se renouveler.

“Il y a des réalisateurs qui tournent les mêmes films encore et encore, comme Woody Allen. Moi je m’ennuierais à faire deux fois la même chose, je veux innover avec chaque film.” Pourtant, Christoph Schaub poursuit toujours un seul but: faire des oeuvres qui, “qui touchent, ouvrent la tête et le cœur”.

Un long métrage en romanche

Le Zurichois s’est également réinventé, dans les années 90, alors qu’il découvre l’architecture au contact de son colocataire de l’époque. Il a, depuis, réalisé des documentaires sur de grands architectes comme Peter Zumthor et Herzog & de Meuron. Cela lui permet de trouver un équilibre entre ce travail et celui,plus dur de la réalisation de fictions. “Un long-métrage est un hachoir à viande”, lâche le cinéaste. Bien qu’il aime toujours travailler avec des acteurs, il apprécie le fait que les bâtiments n’aient pour leur part aucun “caractère névrotique”.

Il se fait finalement connaître du grand public avec le long-métrage “Sternenberg” (2004), dans lequel jouent les acteurs alémaniques Mathias Gnädinger et Walo Lüönd, ce dernier s’étant fait connaître outre-Sarine, grâce au film “Les faiseurs de Suisses. Le réalisateur recevra le Prix du public au Festival de Locarno en 2009 pour son succès international “La disparition de Julia”.

Cofondateur et directeur des cinémas Riffraff et Houdini à Zurich, ainsi que du Bourbaki à Lucerne, Christoph Schaub passe actuellement beaucoup de temps en salle de montage. Le film “Architektur der Unendlichkeit” (“L’architecture de l’infini”) ainsi que son premier long métrage rhéto-roman “Amur senza fin” sont en post-production. Cette dernière œuvre, tournée pour la télévision alémanique SRF avec Tonia Maria Zindel et Bruno Cathomas, sera diffusée cet automne.

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