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La DDC travaille avec les Sahéliens à la réforme de la coopération

La Coopération suisse participe ces jours-ci à Bamako, au Mali, au Sommet des pays du Sahel, où il est notamment question des réformes de l´aide internationale. La Suisse y défend l´idée, prioritaire pour elle, du développement des capacités locales.

L’image d’un Sahel synonyme de sécheresse et de famine est tenace, tant il est difficile d’oublier que les populations de cette région d’Afrique ont vécu les années 70 comme autant de catastrophes.

Aujourd’hui, l’espace sahélien est en pleine mutation. Il doit faire face à toutes sortes de défis, en particulier sa croissance urbaine et une production vivrière qui peine à répondre aux besoins nouveaux.

Du coup, les pays du Sahel et tous ceux qui participent à son développement se sont mis à repenser leurs méthodes de coopération. Jadis, l’aide internationale s’investissait d’abord sur des réalisations matérielles sans vraiment réussir à mobiliser les hommes. La priorité, aujourd’hui, c’est de commencer par écouter ce que veulent les gens et les aider à réaliser eux-mêmes leurs projets.

A la Coopération suisse, on aime dire à ce propos qu’il faut «trouver des problèmes aux solutions». Jean-Maurice Delèze, chef de la Division Afrique de l’Ouest à la DDC et présent ces jours-ci à Bamako, reconnaît que la formule est quelque peu provocatrice, mais qu’elle traduit bien cette idée qu’il faut absolument faire un meilleur usage de l’aide.

Mais depuis pas mal de temps déjà, côté suisse en tout cas, la coopération a changé de méthodes et d’objectifs. Elle a renoncé à imaginer et gérer des projets construits sur ses propres modèles pour mettre davantage l’accent sur le développement des capacités locales. Mais le défi est immense si l’on pense, par exemple, que c’est l’aide extérieure qui subvient à 90 pour cent des besoins des systèmes de santé de ces pays.

«La Suisse au Sahel, explique Jean-Maurice Delèze, essaie d’améliorer les systèmes de production, de soutenir la lutte contre la dégradation de l’environnement, d’appuyer les initiatives des populations ou encore de préparer les artisans à affronter le marché».

Il faut dire aussi que les calamités passées ont fait prendre conscience, aux milieux paysans notamment, qu’en cas de crise ils ne pouvaient plus guère compter sur leurs administrations et qu’il leur fallait gérer eux-mêmes et ensemble leur destin. C’est alors qu’apparurent les premières organisations paysannes. Certaines d’entre elles se sont constituées en réseaux et ont même acquis parfois un véritable pouvoir de négociation économique et politique.

«Maintenant qu’on a posé ce diagnostic sur les dysfonctionnements de l’aide, il faut aller plus loin, dit encore Jean-Maurice Delèze. Il faut que les bailleurs de fonds s’appliquent à mieux coordonner leurs efforts et harmoniser leurs procédures. Quant aux Africains, on attend d’eux qu’ils réfléchissent aussi à la meilleure façon de gérer efficacement les appuis dont ils bénéficient par le biais de la coopération internationale».

Vu sous cet angle, ce que la Suisse, le Danemark, les Pays-Bas et le Canada ont fait avec le Burkina Faso en matière d’appui à la décentralisation est peut-être une bonne illustration de ce que les pays du Sahel ou d’ailleurs attendent aujourd’hui de leurs partenaires du Nord et de ce que ceux-ci peuvent ensemble leur proposer pour atteindre leurs buts.

Bernard Weissbrodt

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