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La diplomatie suisse attentiste face à l’administration Trump

Selon Martin Dahinden la Suisse n'est pas particulièrement ciblée par Washington. "Nous ne sommes pour les États-Unis ni un pays qui crée des problèmes, ni un allié stratégique" (archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Mener actuellement des discussions approfondies avec le gouvernement de Donald Trump n’aurait pas grand sens, mais la Suisse se tient prête au dialogue. Tel est l’avis exprimé lundi matin dans la presse alémanique par l’ambassadeur suisse à Washington Martin Dahinden.

Il faut d’abord attendre que tous les postes de l’administration soient occupés et que la véritable politique des Etats-Unis se dessine plus clairement, explique le diplomate helvétique dans un entretien dans le quotidien argovien Aargauer Zeitung.

Des contacts isolés au niveau politique ont certes déjà été entrepris, mais jusqu’ici rien de substantiel, éclaire-t-il. Il s’agit surtout de premières prises de contact, souligne encore Martin Dahinden. Pour l’heure, l’ambassade suisse se soucie de gérer les affaires courantes.

Ni un problème, ni un allié

D’après l’ambassadeur, la Suisse n’est pas particulièrement ciblée par Washington. “Jusqu’à présent, nos intérêts principaux n’ont pas été touchés (…). Pour les Etats-Unis, la Suisse n’est pas un pays créant des difficultés ni un allié stratégique”.

Les Etats-Unis reprochent toutefois à la Suisse la politique interventionniste de sa Banque nationale. La Confédération figure d’ailleurs sur la liste d’observation du Trésor américain en raison de l’action de la BNS sur le marché des devises pour affaiblir le franc. Mais la situation n’est pas critique, argue Dahinden.

Car selon lui, les interventions de la BNS ne sont pas faites pour que les produits suisses soient vendus moins chers sur le marché mondial, mais pour lisser les turbulences secouant la zone euro.

Même le conflit fiscal a peu pesé sur les liens entre les deux pays. Washington n’a jamais eu le sentiment que ce débat affectait les relations avec Berne, explique encore l’ambassadeur. Le problème se situe davantage entre le Département américain de la justice (DoJ) et les banques helvétiques. Et parmi toutes les amendes infligées par les autorités américaines, seul 3 à 4% d’entre elles ont été prononcées à l’encontre d’établissements bancaires suisses.

Commerce à l’équilibre

En ce qui concerne l’excédent commercial de la Suisse à l’égard des Etats-Unis, Martin Dahinden se dit bien armé pour mener les discussions avec l’administration Trump. “Si on analyse les chiffres et qu’on y inclut non seulement les biens physiques mais aussi les services, alors le bilan est à l’équilibre”, estime le diplomate.

Sans oublier que la Suisse investit énormément aux Etats-Unis, plus que l’Allemagne par exemple, alors que son économie est plus modeste.

L’ambassadeur suisse mise sur la patience et l’observation avant que des discussions de fond soient engagées avec la nouvelle administration américaine. Il n’est pas possible pour l’heure, selon lui, de se baser sur les nombreuses déclarations du président Trump.

Entre Washington et Moscou

Connue pour jouer parfois un rôle d’entremetteur dans les relations internationales, la Suisse pourrait-elle par exemple endosser le rôle d’intermédiaire entre les Etats-Unis et la Russie, alors que les deux pays jouent le chaud et le froid ? “Ce n’est pas une question que nous considérons en ce moment”, a répondu Martin Dahinden à l’Aargauer Zeitung. Les deux grandes puissances entretiennent des contacts directs et la situation n’est plus comme elle l’était durant la Guerre Froide, estime encore le diplomate.

Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontreront en principe début juillet à Hambourg dans le cadre du sommet du G20. Etats-Unis et Russie croisent par ailleurs régulièrement le fer lors de réunions du Conseil de sécurité de l’ONU à New York. “Ils n’ont pas besoin de la Suisse pour assurer ce lien”, conclut M. Dahinden.

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