La faiblesse de la monnaie unique échappe aux grands argentiers de l’Euroland

Les ministres des finances des Quinze s'inquiètent devant la faiblesse de la monnaie unique mais n’évoquent pas une intervention de la Banque centrale européenne. Les marchés, déçus, sanctionnent une fois de plus l’euro.

La réaction des cambistes a été sans pitié. Sitôt après la publication du communiqué des ministres des finances de l’Euro-11, la monnaie unique européenne rechutait face au dollar sous le seuil de 90 cents. Ce n’est certes pas la première fois. Le 3 mai dernier, ce plancher avait déjà été crevé. L’euro avait ensuite connu une toute petite embellie dans l’attente, précisément, les déclaration des grands argentiers.

Les éternelles appréciations du potentiel de croissance de l’euro ont fini pas faire la risée des observateurs de ses chutes successives. Le Luxembourgeois Jean-Claude Junker a ouvert les feux le matin en appelant de ses voeux une plus grande créativité dans la défense des vertus de l’euro.

Dans leur texte rendu public à la mi-journée, les ministres tentent de renverser la perspective. Ils commencent par souligner la croissance robuste de l’économie de la zone euro. Ils insistent sur l’importance de la lutte contre l’inflation et sur les réformées engagées pour obtenir le plein emploi en stimulant l’économie de la connaissance. C’est l’esprit du récent Sommet de Lisbonne. Quant à l’euro, disent les ministres, il ne reflète pas les fondamentaux solides de l’économie.

Les marchés ne se satisfont pas de cette profession de foi. Ils voulaient du concret, une allusion, par exemple, à une possible intervention de la Banque centrale européenne. L’instrument existe et il est disponible, se contente d’admettre le ministre portugais de l’économie et des finances, Joaquim Pina Moura. Il n’en dira pas davantage.

Thierry Zweifel, Bruxelles