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La famille plutôt que les entreprises

A proposition complexe, interprétations complexes. swissinfo.ch

La victoire «à un cheveu» de la réforme de l'imposition des entreprises révèle un «gros malaise». Plusieurs titres de la presse suisse jugent qu'il est temps de penser aux familles.

Quant au net rejet de l’initiative sur le bruit des avions de combat, les commentateurs appellent les forces aériennes à mieux tenir compte des régions touristiques.

Pour «Le Blick», «la victoire lui apporte des sueurs froides». Lui, c’est le grand Argentier Hans-Rudolf Merz. Un conseiller fédéral qui «sourit jaune» selon «Le Temps».

Le quotidien romand estime que, sans indiquer «une claire volonté de la population», ce tout petit oui réduit la marge de la manœuvre de M. Merz «pour enclencher la nouvelle réforme fiscale pour les personnes morales, celle qui devrait apporter la solution miracle à la querelle» avec Bruxelles. Et de prédire que l’Union européenne (UE) ne se satisfera pas de l’argument de la souveraineté.

«Les Neuchâtelois champions du non à la réforme de l’imposition des PME.» Ce titre de l’«Express» relève qu’«à trois contre deux, Neuchâtel se classe en tête des huit cantons, tous de Suisse occidentale, ayant refusé l’objet».

Pas de «cadeau aux riches»

«La Liberté» parle aussi «des sueurs froides inattendues» pour les partisans de la réforme, malgré un «record de température dimanche».

Et le quotidien fribourgeois de se demander si «la Suisse a (presque) viré à gauche?» «Dans un climat économique pollué par la crise des grandes banques et les salaires obscènes servis à quelques patrons ‘hors sol’, l’argument du ‘cadeau fait aux riches’ au détriment du bien collectif a fait mouche».

L’argument est repris par la «Basler Zeitung», pour qui le «débat autour de la Principauté du Liechtenstein a été le parfait slogan» qui a permis aux adversaires de la réforme de frôler la victoire «d’un cheveu».

Hans-Rudolf Merz, se retrouve «avec un œil au beurre noir après le finish», titre la «Neue Zürcher Zeitung». Ce qui n’empêche pas le quotidien de la droite économique de se réjouir du «oui». L’«immobilisme de la gauche qui ignore de façon répétée qu’un climat fiscal plus favorable aboutit à des rentrées fiscales plus élevées est à nouveau perdu».

Le résultat de dimanche sanctionne aussi la crainte que les allègements fiscaux restent dans les poches des actionnaires au lieu de dynamiser l’emploi, argument par exemple du «Quotidien Jurassien». «Les bénéfices faramineux… les rémunérations et primes mirobolantes de grands patrons, les affaires qui secouent le monde opaque de la finance sont autant d’éléments qui ont instillé un climat de méfiance.»

Penser aux gens

Le «Corriere del Ticino» estime qu’au vu de ce petit résultat, «le gouvernement et le Parlement doivent revoir leurs priorités et leur ordre de marche dans la réforme fiscale en chantier». Pour le quotidien tessinois, il s’agit de se préoccuper de ceux «qui assument des responsabilités sociales et des charges fiinancières importantes, à commencer par les familles avec enfant.»

Argument également du «Tages Anzeiger»: la famille en danger «même dans la riche Suisse». Ce qui «plombe l’avenir» de société, menacée de devoir «renoncer à toute inspiration culturelle et économique».

Pour «24 Heures» aussi, «l’équilibre fiscal doit toucher les gens». Le quotidien vaudois conclut que «le rythme des mesures qui ont des effets directs sur les gens est toujours plus lent que celui qui concerne le monde de l’économie. Il est temps d’inverser la tendance.»

«Franz Weber défrisé»

A propos du rejet massif de l’initiative contre le bruit des avions, «Franz Weber défrisé», titre le «Nouvelliste et feuille d’avis du Valais».

Un Franz Weber décrit par «Le Matin» comme «furieux, et surtout menaçant, ne trouvant pas ses mots pour commenter» sa défaite, avec un rejet de près de 70% de son initiative. «’Le peupler a été trompé’, fulmine-t-il», et de menacer de «porter plainte et d’aller jusqu’au Tribunal fédéral s’il le faut».

A propos de «l’échec cuisant de Franz Weber», «Le Temps» note que l’impact de ce projet fédéral «se limitait à quelques régions» concernées dont certains districts ont approuvé le texte.

Mais attention: «Samuel Schmid a gagné une bataille, mais la guerre du ciel va continuer», prédit «24 Heures», lequel annonce que «le prochain obstacle risque d’être plus difficile à franchir: une initiative populaire contre l’achat de nouveaux avions de combats», que le Groupe pour une Suisse sans armée ne manquera pas de lancer, selon le quotidien vaudois.

De son côté, la «Basler Zeitung» explique que le «lobby des initiants était trop petit, l’opposition (partis bourgeois et organisations touristiques) trop large et les intérêts des régions trop différents» pour faire mouche.

Un avis largement partagé outre-Sarine. Le «Bund» demande des périodes de relâche pendant la haute saison touristique alors que la «Berner Zeitung» souhaite aussi que «la population souffre le moins possible» de ces vols d’entraînement.

swissinfo, Isabelle Eichenberger

La réforme de la double imposition des entreprises a été acceptée par 50,53% des citoyens.
L’initiative populaire sur le bruit des avions de combats a été rejetée par tous les cantons et 68,1% des citoyens.

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