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La fin de la formule magique

Christoph Blocher fait la Une lundi matin. swissinfo.ch

Après les élections du week-end, la presse suisse estime que l’actuelle composition du gouvernement doit être revue.

La candidature de Christoph Blocher (droite dure) au Conseil fédéral fait de la «formule magique» le prochain grand enjeu politique de la Suisse.

Une caricature pour résumer cette journée d’élections fédérales: à la Une du Matin, le dessinateur Barrigue parle d’une «épidémie d’UDC en Suisse romande» et montre Christoph Blocher, couvert de pustules, partant «contaminer le Conseil fédéral».

Oui, cette fois-ci, c’est fait. «La forteresse est prise», écrit Le Temps. «Le message est limpide. Une majorité de Suisses veut du changement.»

Chantage et maladresse

Forte de ce constat, l’UDC a posé ses conditions dimanche soir: soit Christoph Blocher entre au Conseil fédéral, soit le parti se retire (y compris Samuel Schmid). Une exigence perçue comme un chantage par plusieurs quotidiens lundi matin.

Pour 24 Heures, l’UDC a fait une erreur. Un pas de trop. «Imposer Christoph Blocher au Conseil fédéral sous la menace de quitter le gouvernement, quelle brutalité contre-productive!»

«L’affront doit galvaniser ses «partenaires» et lui barrer la route du Conseil fédéral», écrit encore le journal vaudois.

PRD et PDC doivent «refuser le chantage» de l’UDC avec Christoph Blocher et «procéder à une réflexion salutaire», estime le Nouvelliste.

Redéfinir la formule magique

Lundi matin, une même certitude se dégage de la presse suisse: une redéfinition de l’actuelle formule magique est devenue incontournable.

Le Quotidien Jurassien parle d’un «coup de sac salutaire». Ces élections «obligent les partis qui prétendent diriger ce pays à définir la politique qu’ils entendent mener ensemble». Mais il apparaît d’ores et déjà «que la formule magique a vécu.»

Selon «la Liberté», il s’agit de «savoir si la formule dite ‘magique’ l’est encore. Elle est surtout tragique.» Pour le journal fribourgeois, il n’y a qu’une solution: «l’un des pôles doit décider de devenir une véritable opposition politique. C’est la voie du courage. La seule.»

Blocher… Pourquoi pas?

Pour la Neue Luzerner Zeitung, il n’est pas correct de refuser à l’UDC davantage de place au gouvernement sous le seul prétexte de ses allures oppositionnelles.

Le maintien de la concordance implique l’entrée d’un deuxième représentant UDC au gouvernement, surenchérit le Tages-Anzeiger qui considère que le PDC doit renoncer à l’un de ses sièges.

Le Bund bernois ajoute que ce sera au parti lui-même «de choisir s’il veut sacrifier Joseph Deiss ou Ruth Metzler».

«Et pourquoi pas Christoph Blocher?», lance le Journal du Jura. «Du moment qu’on y est, sa candidature tombe à pic. Une fois aux affaires, on verra bien ce que ce populiste provocateur a dans le ventre, dès lors qu’il s’agit de trouver des solutions crédibles aux maux qui assaillent le pays.»

Cela représentera pour lui un risque personnel, parce qu’il lui sera demandé davantage que des slogans d’opposition, conclut le Sankt-Galler Tagblatt. Comme le montre le cas Haider en Autriche, sa position pourrait rapidement devenir délicate.

swissinfo, Alexandra Richard

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