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La flamme olympique allumée sous haute surveillance

A Olympie, la flamme a été allumée selon une chorégraphie inspirée des cérémonies antiques. Keystone

En présence de nombreux officiels grecs et chinois, la flamme des Jeux de Pékin a été allumée sur le site d'Olympie. En marge de la cérémonie, des manifestants ont rappelé le sort du Tibet.

A l’heure où certains appellent au boycott, l’ancien conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour le sport et ancien ministre suisse Adolf Ogi s’est dit opposé à cette mesure.

A moins de cinq mois de l’ouverture des Jeux olympiques, la flamme a été allumée lundi par les rayons du soleil à l’aide d’un miroir convexe tenu par l’actrice Maria Nafpliotou sur le site antique d’Olympie, comme le veut la tradition.

Malgré l’important dispositif policier prévu par les autorités grecques, des manifestants pour la liberté d’expression ont réussi à perturber la cérémonie.

Alors que Liu Qi, président du comité d’organisation des JO de Pékin et secrétaire du Parti communiste pour la capitale chinoise, prononçait un discours devant un parterre de personnalités sélectionnées, des membres de l’organisation Reporters sans frontières (RSF), dont le secrétaire général Robert Ménard, ont traversé le site et déployé une bannière montrant les anneaux olympiques sous forme de menottes.

Six personnes ont été interpellées, dont trois seront inculpées pour troubles à l’ordre public, a indiqué la police grecque. Une ressortissante suisse d’origine tibétaine figure parmi elles, a indiqué une source policière.

«Si le feu olympique est sacré, les droits de l’Homme le sont plus encore», a ensuite souligné RSF dans un communiqué. Pour l’organisation de défense de la liberté de la presse, «tous les moyens sont bons aujourd’hui pour dénoncer les violations graves des libertés fondamentales en Chine».

Rice appelle au dialogue

Plus d’un millier de policiers avaient été déployés autour du site antique avec pour objectif de prévenir toute perturbation de militants de la cause tibétaine. Les responsables grecs, qui s’étaient engagés à tenir éloigné tout manifestant, ont fait valoir que la politique n’avait pas sa place dans l’événement.

Au moment de l’incident, la télévision d’Etat chinoise qui retransmettait la cérémonie en léger différé a coupé la scène, diffusant des vues d’Olympie, avant de revenir au discours de Liu Qi. La télévision grecque a également passé sous silence l’incident.

Peu après, une dizaine de militants de la cause tibétaine, certains barbouillés de peinture rouge, se sont couchés sur la route où passait la flamme olympique.

Lundi, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a appelé la Chine à adopter une politique plus «viable» au Tibet, impliquant un dialogue avec le dalaï lama. Vendredi, le Japon a fait de même, un appel réitéré samedi par un groupe de 29 dissidents chinois.

Rogge pour une «diplomatie silencieuse»

Présent aux côtés des officiels grecs, Jacques Rogge, président du Comité international olympique (CIO) dont le siège est à Lausanne, a déclaré qu’il était «toujours triste de voir une telle cérémonie perturbée».

En marge de la cérémonie, le patron du CIO a toutefois déclaré être engagé dans «une diplomatie silencieuse» avec la Chine sur la question du Tibet et des droits de l’Homme.

Quant à la question du boycott des JO de Pékin, Jacques Rogge juge qu’il n’y a «pas d’élan crédible» pour un tel mouvement actuellement.

Ogi suggère un médiateur

Un avis partagé par Adolf Ogi, ex-ministre suisse du sport et ancien conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour le sport au service de la paix et du développement.

Prenant position pour la première fois sur cette question samedi, Adolf Ogi s’est dit opposé à un boycott des JO. «D’anciens boycotts comme à Los Angeles en 1984 ou à Moscou en 1980 ont peu apporté», a expliqué l’ancien ministre suisse sur les ondes de la radio alémanique.

Pour sa part, il appelle plutôt à résoudre les problèmes avant la manifestation. Et de proposer que Jacques Rogge, se rende à Pékin pour dire aux Chinois qu’ils auront d’autres problèmes. Une autre possibilité consisterait selon lui à prévoir un médiateur. Il a évoqué l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair.

Enfin, Adolf Ogi a rappelé aussi la «trêve olympique». Depuis 1994, l’ONU appelle en effet à un cessez-le-feu mondial pendant les Jeux Olympiques. «Le pays organisateur a déjà un devoir moral», a relevé l’ex-conseiller spécial de l’ONU en évoquant l’attitude de la Chine au Tibet.

swissinfo et les agences

Au Tibet, les manifestations contre le régime chinois ont commencé pacifiquement le 10 mars dernier.

Elles ont rapidement pris un tour violent et ont été réprimées durement par la police chinoise.

Le bilan officiel des affrontements fourni par Pékin est de 19 morts. Le gouvernement tibétain en exil parle lui d’une centaine de morts.

La communauté internationale a appelé la Chine à la modération. De son côté, Pékin dit soupçonner les Tibétains de vouloir «prendre les Jeux olympiques en otage». La Chine accuse en outre la «clique du dalaï-lama» de préparer des actions terroristes.

Pour sa part, le dalaï lama, chef spirituel des bouddhistes tibétains exilé en Inde depuis 49 ans, a violemment dénoncé la répression chinoise. Le lauréat 1989 du Prix Nobel de la Paix est favorable à une autonomie plutôt qu’à l’indépendance du Tibet. Il n’a pas lancé d’appel au boycott des JO de Pékin.

Jusqu’au 30 mars, la flamme olympique sera portée à travers toute la Grèce. Elle sera ensuite transmise aux organisateurs des Jeux olympiques.

Elle arrivera le 31 mars à Pékin et elle commencera là un «Voyage de l’harmonie». Celui-ci se déroulera sur cinq continents, dans 20 pays. A partir du 4 mai, le flambeau olympique sera de retour en Chine, il passera par toutes les provinces, y compris le Tibet.

Avec 137’000 kilomètres, il s’agit du plus long parcours de l’histoire des Jeux olympiques. Un deuxième flambeau spécialement conçu pour les conditions extrêmes passera par l’Everest, qui culmine à 8850 mètres.

Les militants pro-Tibet ont annoncé étudier diverses actions sur le parcours de la flamme olympique. Ils sont opposés à ce que celle-ci passe par Lhassa et l’Everest.

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