Des perspectives suisses en 10 langues

La formation doit se remettre en question

Chaue jeune devrait avoir des connaissances de base nécessaires en informatique et en langues. swissinfo.ch

Selon une étude du Fonds national, le système de formation n’est plus adapté à l’évolution du marché de l’emploi. Il est trop orienté vers l’acquisition d’un métier.

En dehors de leur formation professionnelle, les apprentis et les étudiants devraient, entre autres, élargir leur champ de connaissances.

Durant des décennies, le système helvétique de formation professionnelle – qui allie travail en entreprise et cours théoriques – s’est révélé parfaitement adapté aux besoins des individus et de l’économie.

Mais le monde a changé. D’une société industrielle, la Suisse est en train de devenir une société du savoir. En conséquence, la formation ne peut plus rester axée uniquement sur l’acquisition d’un métier.

Pour le professeur Karl Weber, qui a dirigé le Comité de direction de ce Programme national de recherche (PNR 43), «on devrait notamment apprendre aux étudiants et aux apprentis à gérer des projets et à acquérir par eux-mêmes de nouvelles connaissances».

En outre, il devient nécessaire de définir des qualifications minimales qui soient comparables au niveau suisse. Selon le professeur, «chaque jeune devrait avoir reçu au moins les connaissances de base nécessaires en informatique, en mathématiques et en langues étrangères».

Et ceci notamment afin de mieux les préparer aux phases de formation continue qu’ils devront traverser au cours de leur carrière.

Une formation continue mieux ciblée



La formation continue, les Suisses sont déjà nombreux à en bénéficier. Mais pour George Sheldon, professeur à l’Université de Bâle, celle-ci doit être «mieux adaptée aux disponibilités du marché du travail».

Toujours selon le professeur bâlois, «l’Etat doit s’investir de façon plus ciblée auprès des travailleurs non qualifiés, là où les besoins de formation n’ont pas été couverts».

«L’extrême variété actuelle de formations doit être limitée, ajoute Karl Weber. Il faut remettre en cause la spécialisation accrue de la formation professionnelle continue. Et les institutions de formation devraient clarifier leurs profils pour éviter les confusions».

Dans ce cadre, un réexamen de la répartition des tâches entre universités, hautes écoles spécialisées et écoles supérieures serait nécessaire.

La place des femmes et des étrangers

Autre reproche formulé par les chercheurs: dans le domaine de la formation, l’égalité des sexes n’est pas encore effective.

«Les choix professionnels restent stéréotypés selon le sexe et la sous-représentation féminine dans les domaines techniques reste un problème chronique», constate Martine Chaponnière de l’Université de Genève.

Selon elle, il sera nécessaire de prendre «des mesures concrètes pour encourager la formation continue des personnes qui réduisent leur temps de travail ou arrêtent de travailler pour des raisons familiales». Un phénomène qui touche avant tout les femmes.

Enfin, Beat Hotz-Hart de l’Université de Zurich, estime que les dispositions socio-culturelles ont aussi un rôle à jouer.

Pour le chercheur zurichois, «une intégration réussie des jeunes de langues étrangères à l’école et au travail contribuerait notamment à promouvoir l’innovation en Suisse».

swissinfo et les agences

Le Programme national de recherche (PNR) 43 «Formation et emploi» a consisté en 31 études en pédagogie, sociologie, économie, psychologie, science politique et éthnologie.
D’une durée de quatre ans et doté d’un budget de huit millions de francs, il se termine officiellement ce mercredi 8 septembre.

– La conclusion principale du PNR 43 est que le système suisse de formation est trop orienté vers l’acquisition d’un métier.

– Cette option ne répond plus aux exigences du monde d’aujourd’hui, où l’économie a besoin de gens qui savent aussi gérer un projet et acquérir des connaissances supplémentaires par eux-mêmes.

– Les chercheurs recommandent également l’introduction de qualifications minimales (par exemple en informatique et en langues), sur une base qui les rende comparables au niveau suisse.

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