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La longue marche de l’égalité des salaires

Présentation d'un chèque symbolique de 150 milliards de francs d'arriérés de salaire. Martin Müller/SBG

Dix ans après l'entrée en vigueur de la loi sur l'égalité, les femmes gagnent encore 20% de moins que les hommes.

Les syndicats ont organisé mercredi une journée de mobilisation avec des manifestations dans tout le pays.

«Tous les employeurs vous diront qu’il n’y a pas d’atteinte à l’égalité dans leur entreprise», déclare à swissinfo Ruth Derer, membre de la direction de l’Union patronale suisse. En fait, personne ne se sent vraiment concerné par les statistiques.

Et pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2004, les femmes gagnent en moyenne 19,7% de moins que les hommes.

Si 60% de ces différences s’expliquent par des facteurs objectifs, comme l’âge, la formation, l’ancienneté ou le secteur d’activité, le reste (40%) est considéré comme discriminatoire par l’Office fédéral de la statistique.

Autre chiffre: dans une enquête menée par le World Economic Forum en 2005 auprès de 58 pays, la Suisse arrive à la 34e place en matière d’égalité salariale. Et au 43e rang pour ce qui est de la place de la femme dans l’économie.e

«Vol des salaires»

Et cela dix ans après l’entrée en vigueur de la loi sur l’égalité salariale et 15 ans après la grève des femmes. L’Union syndicale suisse (USS) a donc lancé une journée d’action nationale mercredi, avec une cinquantaine de manifestations dans tout le pays pour réclamer l’égalité des salaires.

Placée sous le thème «Et voici la facture», cette journée d’action nationale avait pour but de sensibiliser la population. Selon l’USS, ces actions ont rencontré un grand écho.

Par exemple, environ 100’000 billets de 39 francs, aux couleurs du billet de 50 francs, ont été distribués pour illustrer les différences de salaires.

Une grande tirelire en forme de cochon symbolisait le pactole qui est économisé sur le dos des femmes. Cette facture a été symboliquement remise au patronat devant l’UBS, clin d’oeil à l’important salaire du patron de la banque, Marcel Ospel.

Stands d’information, distribution de brochures dans les gares ou encore discussions au sein des entreprises ont été organisées dans une quarantaine de localités suisses. En certains points, des syndicalistes ont également présenté les calculateurs de salaires mis au point par les syndicats.

Actions en automne

Le conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz, ministre des finances, a reçu en fin d’après-midi une délégation des employés de la Confédération qui devait lui demander instamment de cesser de freiner le processus à la Confédération.

Les syndicats veulent mettre fin à ce «vol des salaires». Ils exigent que les discriminations salariales disparaissent dans les dix ans à venir. Pour ce faire, il faut que, durant cette période, les femmes bénéficient de hausses de salaire en conséquence.

Des revendications en ce sens seront lancées dès cet automne dans plusieurs branches.

L’Etat doit accroître son rôle

Globalement, les bureaux cantonaux de l’égalité déplorent que le contrôle de l’application de la loi repose toujours sur l’initiative individuelle des employées discriminées.

«Nous avons commencé à faire des contrôles dans les entreprises. Mais lorsque la loi est entrée en vigueur, aucun budget n’avait été prévu pour cela. Donc nos moyens sont très limités», regrette Sajeela Regula Schmid, au Bureau fédéral de l’égalité entre hommes et femmes.

Il faudrait donc impliquer davantage l’Etat dans la surveillance. A long terme, les bureaux de l’égalité souhaitent la création d’un organe public ad hoc.

En attendant, les milieux concernés mettent leurs espoirs dans les procédures existantes d’attribution des marchés publics et des aides financières.

En effet, la Confédération adjuge ses mandats pour des prestations fournies en Suisse à des entreprises qui présentent patte blanche non seulement dans l’application des dispositions relatives à la protection des travailleurs, mais aussi celles relatives à l’égalité salariale.

swissinfo et les agences

La Suisse a été parmi les derniers pays européens à introduire le droit de vote des femmes en 1971.
Vingt ans plus tard, le 14 juin 1991, les femmes ont organisé une grève nationale pour revendiquer l’égalité salariale.
En 1996, la loi fédérale sur l’égalité entre hommes et femmes est entrée en vigueur.
Aujourd’hui, les femmes gagnent en moyenne 20% de moins que les hommes (30% chez les cadres).

– Non seulement les femmes gagnent moins que les hommes, mais elles sont sous-représentées au Parlement. Elles sont environ 25%, alors qu’elles forment 54% du corps électoral.

– Dans 7 des 25 pays de l’Union européenne (UE), plus de 30% des parlementaires sont des femmes (Suède, Danemark, Finlande, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Autriche).

– Elles sont entre 15 et 30% dans 4 autres (Espagne, Portugal, Luxembourg, Grande-Bretagne).

– Elles sont entre 9 et 13% en Irlande, France, Italie et Grèce.

– Dans les 10 nouveaux pays membres, la participation des femmes est inférieure à 15%.

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