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La mémoire visuelle de la Suisse

Les collections des Musées nationaux suisses ont été réévaluées grâce à la récente acquisition d'une partie du Fonds photographique suisse. Ils comptent désormais la plus vaste récolte de photographies historiques de Suisse.

«La photographie documentaire est très importante pour n’importe quel musée historique et donc pour nous aussi», explique Andrea Spielmann, directeur du Musée national de Zurich.

Le noyau le plus représentatif de la collection des photographies historiques des Musées nationaux provenait d’un précédent achat du fonds Herzog et comprenait de très importants clichés de la Suisse remontant à une époque comprise entre 1840 et 1950.

«Tout a commencé en 1994 lorsque le directeur de l’Office fédéral de la culture d’alors, David Streiff, avait acheté une première récolte de photos auprès de la Fondation Herzog», ajoute Andrea Spielmann.

Le fonds Herzog

Dès 1974, se rendant rapidement compte de l’importance des photographies privées, le couple de collectionneurs bâlois Ruth et Peter Herzog commença à recueillir systématiquement, puis à rassembler un fonds considérable de précieuses photos historiques provenant du monde entier.

Parmi ces clichés se trouvaient aussi un bon nombre de photos suisses du 19e siècle dont des clichés éparpillés, des séries, des albums de famille, des négatifs et des diapositives documentant les premières années de vie du jeune Etat fédéral, années caractérisées par le développement artisanal et industriel.

La partie la plus intéressante de cette récolte d’images consistait principalement en photographies provenant d’héritages familiaux ou d’archives d’entreprises, de très grande valeur pour les sciences humaines et sociales.

L’acquisition de ces photos donnait donc à la Confédération l’opportunité de conserver d’importants documents en mesure de fournir des informations significatives sur les aspects socioculturels de l’époque. L’actuel paquet de clichés historiques que l’Office fédéral de la culture vient d’acheter à la Fondation Herzog complète ainsi l’achat précédent.

Autres acquisitions récentes

Mais les photos du 19e siècle de la Fondation Herzog n’ont pas été le seul achat important du Musée national: en 2006, il s’est aussi porté acquéreur des archives photographiques de l’agence «Actualités suisses». Créée par Roland Schläfli, durant 45 ans photographe accrédité au Palais fédéral, l’agence «Actualités suisses » a œuvré de 1954 à 1999, récoltant près de 50 ans d’images de la presse suisse.

«Ce fonds compte environ sept millions d’images et a permis au Musée national de devenir une référence pour la photographie de documentation», précise encore Andrea Spielmann.

Les différences entre les deux institutions

Cependant lorsque l’Office fédéral de la culture a acheté la première partie du fonds Herzog et l’a mise à disposition des Musées nationaux, en Suisse il existait déjà un centre spécialisé en photographie documentaire. En 1971, la Confédération avait constitué la Fondation suisse pour la photographie avec siège à Winterthour afin de conserver, valoriser et diffuser le patrimoine photo. On peut donc se demander s’il était bien utile de créer un nouveau fonds.

«A Winterthour, explique Andrea Spielmann, on collectionne les archives des photographes tandis que le Musée national est intéressé aux documentations de nature historique. Par ailleurs, la Fondation suisse pour la photographie a mis l’accent sur la période allant des années 30 aux années 50 tandis que la collection du Musée national part de la naissance de l’Etat fédéral, à la moitié du 19e siècle qui est en fait l’époque où la photographie a vu le jour.»

Il faut aussi dire que la collection du Musée national recueille surtout des clichés de photographes anonymes. Même si des grands noms ne manquent pas. Comme Andreas Friedrich Gerber par exemple, auteur du daguerréotype qui représente une vue de la tour Christoffel e de l’église du Saint-Esprit de Berne, une des plus vieilles photos de cette ville.

«Les différences entre les deux institutions sont donc importantes. Elles prouvent que l’activité dans ce domaine est complémentaire à celle du Centre pour la photographie de Winterthour», souligne Andrea Spielmann.

Projets d’avenir

Le nouveau fonds acquis par l’Office fédéral de la culture à la Fondation Herzog sera transféré à Zurich d’ici le mois de mars et, comme le révèle Andrea Spielmann, il sera très bientôt présenté au public.

«Dès l’automne prochain déjà, nous mettrons sur pied une exposition dédiée à la photographie historique complétée par une documentation scientifique, souligne le directeur de l’Office fédéral de la culture, et ce matériel sera bien évidemment mis à la disposition des autres musées de la Confédération et des universités qui en exprimeront le désir.»

«Dans le domaine des sciences humanistes surtout, poursuit-il, il est important de documenter en images l’évolution du commerce, de l’industrie et d’autres processus et évènements dont on ne possède aucune mémoire visive car ils appartiennent au passé.»

swissinfo, Paola Beltrame, Zurich
(Traduction/adaptation de l’italien, Gemma d’Urso)

Pour l’achat de ce nouveau paquet de photos historiques du Fonds Herzog, les Musées nationaux ont investi la somme à disposition pour les acquisitions relatives aux années 2008 et 2009 soit un montant de 700’000 francs.
L’achat des 30’000 clichés a toutefois été soutenu par la Fondation Sophie et Karl Binding et par une autre célèbre fondation zurichoise lesquelles ont mis à disposition 500’000 francs chacune. Notons aussi que la Fondation Herzog a fait cadeau aux Musées nationaux de photos pour une valeur de 600’000 francs.

Buts. L’agrandissement et le maintien des collections de photos historiques figurent parmi les buts principaux des Musées nationaux. Il s’agit de documenter l’évolution culturelle et sociale du pays à partir de 1840, de reconstruire l’histoire de la photographie en Suisse et d’ouvrir les fonds à la recherche et au public.

La répartition du matériel photo par thèmes comprend le paysage, les villages et les villes, la circulation, les sciences, la technique, l’industrie et l’agriculture, la famille et les portraits mais aussi le travail, le tourisme et le temps libre. Les techniques de la photo – du daguerréotype aux clichés plastifiés – ainsi que les dynasties suisses de photographes sont également documentées.

Banque de données. Toute la collection est restaurée, conservée et inventoriée. Le but est de créer une banque de données interne pour rendre accessible toutes les photos aux chercheurs et amateurs de cet art.

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