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La Migros autorisée à croquer Denner

Malgré le rachat, la marque Denner va continuer d'exister. Keystone

La Commission de la concurrence (Comco) a autorisé mardi la reprise de Denner par Migros. Pour réduire l'impact de cette concentration, l'autorité de surveillance impose des conditions.

La Comco oblige notamment Migros à laisser Denner indépendant durant sept ans. Un état de fait regretté par le patron de Migros.

La Comco renonce à empêcher le rachat de Denner par Migros, malgré le duopole exercé par Migros et Coop sur le commerce de détail en Suisse.

Le gendarme de la concurrence cherche plutôt à en réduire l’impact négatif au moyen de multiples conditions.

Car dans le segment de marché de Denner, cet effet sera atténué à terme par le renforcement de la concurrence étrangère, a expliqué le président de la Commission de la concurrence, Walter Stoffel, mardi à Berne.

L’enquête menée depuis le mois de mai a été «intensive», a commenté ce dernier. La Comco a interrogé tous les concurrents, des dizaines de fournisseurs, ainsi que les associations de protection des consommateurs. Elle a aussi pris l’avis de spécialistes et réalisé plusieurs analyses de marché.

Sept ans d’attente

Les conditions «incisives» imposées pour sept ans par la Comco visent notamment à garantir le maximum d’indépendance pour Denner. Il s’agit en outre de maintenir pour les consommateurs une alternative aux deux géants helvétiques.

Mais la Comco protège également la liberté des fournisseurs, face auxquels Migros devra renoncer à toute exclusivité. «Il s’agit d’une condition assez exceptionnelle», a souligné Walter Stoffel.

Le patron de Migros, Herbert Bolliger, se montre satisfait du feu vert reçu de la Commission de la concurrence au rachat par le géant orange de 70% de Denner. Il regrette toutefois les conditions imposées à la réalisation de la transaction.

«Nous posons un regard fondamentalement critique à l’égard des limitations d’ordre politique imposées à la libre entreprise», a expliqué Herbert Bolliger à Zurich, en parallèle aux explications données simultanément par la Comco à Berne.

«La remarque vaut particulièrement pour un secteur du commerce de détail, soumis en Suisse à une intense concurrence», a-t-il précisé. «Les conditions imposées par la Comco visent avant tout à garantir l’indépendance de Denner ces prochaines années.»

Herbert Bolliger a ensuite tempéré ses propos en insistant sur le fait que ces contraintes n’allaient pas entraver l’objectif initial de la prise de contrôle de Denner, à savoir assurer la croissance du discounter.

De son côté, le patron de Denner, Philippe Gaydoul, a salué l’aval donné par la Comco à l’union du discounter, dont il conservera 30%, avec Migros.

«Pour nous, Migros constitue le complément parfait», a-t-il expliqué mardi à Zurich en parlant de «solution idéale».

A l’instar du patron de Migros Herbert Bolliger, Philippe Gaydoul a souligné que la prise de contrôle à hauteur de 70% de Denner par le géant orange constituait «la réponse suisse à la concurrence croissante venant de groupes étrangers».

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Commission de la concurrence

Ce contenu a été publié sur Le principal but de cette commission fédérale est de faire respecter les règles de la concurrence, par exemple en luttant contre les cartels ou en contrôlant les abus d’entreprises bénéficiant d’une position dominante. La ComCo est aidée dans sa tâche par un secrétariat à plein temps basé à Berne qui procède à des enquêtes sur…

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Des rachats en série

«Waro et Epa rachetés par Coop, Pick Pay racheté par Denner, Denner par Migros et peut-être bientôt Carrefour par Coop. En quatre années seulement la concurrence sur le marché suisse du commerce de détail s’est drastiquement réduite», constate la FRC dans son communiqué.

«La FRC estime que la Comco n’a pas saisi tous les enjeux d’un mouvement de concentration globale, qui va à l’encontre de la saine concurrence» , écrit-elle. Les conditions posées à cette fusion «correspondent au strict minimum». Mais à long terme, le duopole Migros-Coop ne sera pas suffisamment concurrencé.

Les syndicats s’intéressent davantage au sort réservé aux travailleurs. Unia exige ainsi le maintien des emplois chez Denner et presse également le géant orange d’étendre sa convention collective de travail (CCT) aux employés du troisième distributeur helvétique.

Syna relève lui que la décision de la Comco sert avant tout à faire barrage aux deux hard discounters allemands Aldi et Lidl, dont les conditions de travail sont jugées insatisfaisantes. Mais, à l’image d’Unia, le syndicat ne veut pas baisser la garde, alors que la situation contractuelle des employés de Migros et Denner diverge.

swissinfo et les agences

Les chiffres de Migros 2006
Chiffre d’affaires: 20,6 milliards de francs
Bénéfice: 754 millions de francs
Employés: 79’200

Les chiffres de Denner
Chiffre d’affaires: 2,6 milliards
Employés: 3500

Migros

Organisée en coopératives, la Migros a été fondée en 1925 par Gottlieb Duttweiler. Son idée était de se passer des intermédiaires pour proposer des produits alimentaires à meilleur prix aux consommateurs.

Migros a commencé avec des camions itinérants. Dans les années 50, Migros a été le premier à proposer des points de vente self-service.

Aujourd’hui, Migros est non seulement le plus grand détaillant de Suisse, mais possède également des chaînes de production, ses propres restaurants, sa banque, un réseau de stations d’essence, une chaîne de livre et médias ainsi que des bureaux de voyage. Migros est le plus grand employeur du pays.

Denner

Comme pour Migros, l’histoire de Denner est également étroitement liée avec le nom d’un homme: Karl Schweri.

Il y a 40 ans, ce dernier a ouvert le premier Denner Discount à Zurich. Il a participé ainsi à la fin des cartels du tabac et de l’alcool, mais aussi à celle de l’imposition des articles de marque.

Karl Schweri est mort en 2001, à l’âge de 84 ans. Une année auparavant, il avait remis les rênes de l’entreprise à son neveu Philippe Gaydoul.

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