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La nuit américaine de Genève attire les foules

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Plusieurs millions d´Américains de l´étranger ont également suivi avec anxiété les élections présidentielles de mardi et le dépouillement. Reportage à Genève où plus de 1500 personnes se sont réunies jusque tard dans la nuit.

«Lors des trois dernières élections présidentielles, le vote fictif que nous avons organisé à Genève a donné le même résultat que les vraies élections», lance vers minuit, Russell Harless, président de la soirée organisée par l’American international club of Geneva. Une «party» qui s’est déroulée dans les salons feutrés de l’hôtel Intercontinental jusqu’aux petites heures du matin et qui a préféré Al Gore à George W. Bush en votant via des téléphones portables présentés par des hôtesses.

Après ce clin d’œil à la «new economy», les invités ont tour à tour découvert quelques cow-boys accompagnés de leur cow-girls, une dizaine de stands animés par des sponsors, quatre marines en tenue de cérémonie, plusieurs écrans géants retransmettant les programmes de CNN ou de CBS et des discours agrémentés de plaisanteries.

Bref, rien ne manquait pour attirer l’importante communauté américaine vivant sur les bords du lac Léman. Plus de la moitié des quelque 12 000 citoyens américains résidant en Suisse sont en effet domiciliés dans les cantons romands, dont près de 3000 rien qu’à Genève.

Joseph Marques, gestionnaire de fortune et membre du parti démocrate, souligne une autre particularité des Américains basés à Genève: «Ce sont pour l’essentiel des cadres de grandes entreprises, des scientifiques, des fonctionnaires internationaux et des diplomates. En outre, ils ont l’occasion de rencontrer chaque semaine des représentants de Washington venus pour les organisations internationales».

Plus que d’autres Américains de l’étranger (3 à 10 millions), ils n’ont donc pas le sentiment d’être totalement ignorés de leur pays pourtant réputé pour son désintérêt du reste du monde. Un sentiment renforcé par la perspective d’élections particulièrement serrées cette année. Les deux grands partis en lice pour les présidentielles ont en effet redoublé d’effort pour inciter les Américains de l’étranger à aller voter par correspondance.

Selon Jeff Relley, président de l’American club of Geneva, la participation des Américains de Genève est sans doute plus élevée que dans bon nombre d’Etats américains. Joseph Marques estime en tous cas que ceux qui résident depuis longtemps hors des Etats-Unis sont fortement politisés.

Reste à savoir si la communauté américaine de Genève a une couleur politique particulière. Selon Jeff Relley, une grande part d’entre eux travaillant pour des multinationales, les Républicains doivent être majoritaires. Le gestionnaire de fortune démocrate Joseph Marques pense, lui, que les cadres ne votent plus forcément contre son parti. Le vote fictif organisé à l’Intercontinental semble lui donner raison, même si un certain nombre de Suisses ont également participé au scrutin.

Quoi qu’il en soit, les préoccupations politiques des uns et des autres restent différentes, même s’ils appartiennent à un milieu relativement homogène. Thomas Alexy, républicain et cadre chez Merill Lynch évoque l’importance de la sécurité et de l’armée américaine: «Lorsqu’on voyage beaucoup, on constate que les Américains ne sont pas aimés partout». Il souligne également le problème de la double taxation (aux Etats-Unis et en Suisse). «Aux Etats-Unis, les gens croient que nos revenus sont très élevés. Mais ils ne se rendent pas compte que la vie est très chère en Suisse», constate Thomas Alexy.

Le démocrate Joseph Marques souligne, lui, la responsabilité des Etats-Unis par rapport aux organisations internationales et à l’ONU. «Les démocrates de Genève se sont également mobilisés contre la peine de mort pratiquée aux Etats-Unis», explique-t-il. La qualité de l’école publique genevoise l’a également convaincu de l’importance d’un tel système pour son pays.

Un thème au moins semble rassembler les Américains de l’étranger: ils veulent être comptabilisés dans le recensement national effectué tous les dix ans. Le nombre d’électeurs d’un Etat détermine en effet le nombre d’élus auquel cet Etat a droit et donc le nombre de grands électeurs qui élisent officiellement le président et le vice-président.

Frédéric Burnand

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